(New York) Un an après avoir pris la tête de la banque américaine Citigroup et commencé à se délester de certaines activités, Jane Fraser a présenté mercredi une nouvelle stratégie visant à améliorer les performances de l’établissement tout en prévenant que cela prendrait du temps.

La banque a aussi confirmé qu’elle avait une exposition totale d’environ 9,8 milliards de dollars à la Russie fin 2021.

« Nous avons beaucoup travaillé pour réduire ce montant » depuis, a souligné le directeur financier Mark Mason à l’occasion de la présentation. Selon l’un des scénarios les plus sévères anticipés par la banque, « un peu moins de la moitié » pourrait être en jeu, a-t-il ajouté.

PHOTO ERIN SCOTT, ARCHIVES REUTERS

La PDG de Citigroup, Jane Fraser, lors d’une allocution devant le Conseil commercial Brésil–États-Unis, tenu à Washington le 18 mars 2019. Elle était à l’époque responsable des affaires de Citigroup en Amérique latine.

« Relativement parlant, pour un pays du G-20, ce n’est pas une grosse exposition », a estimé Jane Fraser.

L’entreprise compte par ailleurs plus de 200 employés en Ukraine et essaie d’aider ceux qui veulent sortir du pays, notamment en payant en avance leurs salaires ou en leur trouvant des logements en Pologne, a-t-elle indiqué.

Côté stratégie, la responsable a reconnu que la banque était moins performante que ses concurrentes, ce que les investisseurs ont déjà relevé : l’action de Citigroup s’affiche environ au même niveau qu’il y a cinq ans, quand celle de Goldman Sachs a progressé de près de 50 %, celle de JPMorgan Chase de près de 60 %, et celle de Bank of America de plus de 85 %.  

Il faut maintenant « transformer notre banque », a martelé mercredi Jane Fraser dans un exposé aux investisseurs retransmis en ligne. « Nous savons que ce ne sera pas facile, nous savons que cela prendra du temps. »

L’entreprise s’est fixé un nouvel objectif de rendement sur fonds propres tangibles de 11 % à 12 % sur les trois à cinq prochaines années — un indicateur important dans le monde de la finance.

C’est un peu mieux que les 8,9 % atteints en 2021, sans prendre en compte les réserves mises de côté au début de la pandémie pour se protéger face aux éventuelles défaillances de ses clients.  

Mais lors de sa dernière présentation aux investisseurs en 2017, la banque avait promis 14 % à long terme. C’est aussi moins que l’objectif de JPMorgan Chase (17 %) ou Goldman Sachs (15 % à 17 %).

Simplifier

Pour simplifier ses activités, Citi a déjà annoncé au cours de l’année passée vouloir se désengager des activités de banque de détail dans 14 pays, dont le Mexique.  

L’entreprise continuera d’évaluer son portefeuille, mais « maintenant, nous nous concentrons sur l’exécution », a souligné Jane Fraser.  

L’établissement veut notamment faire grossir ses services de banque aux entreprises de moyenne taille et renforcer son activité de gestion de fortune, a détaillé la patronne lors d’une présentation aux investisseurs.  

Alors que la banque a été sanctionnée en 2020 par les régulateurs pour sa mauvaise gestion des risques, elle prend aussi des mesures pour améliorer cet aspect de son activité, notamment en investissant dans de nouvelles technologies.  

« Le changement dans l’équilibre entre nos différentes activités va mettre du temps à montrer ses résultats », a prévenu Jane Fraser. Et il faut aussi prendre en compte les erreurs du passé.  

« A plus long terme, quand notre travail commencera à porter ses fruits, nous avons bien évidemment l’ambition d’augmenter notre rendement », a-t-elle affirmé.  

Dans l’immédiat, le groupe veut « construire sa crédibilité », a souligné la responsable.  

Après avoir démarré la séance en fort repli, l’action de la banque a fini en hausse de 1,6 % à Wall Street.