(New York) Les fabricants américains de véhicules électriques Lordstown et Lucid ont trébuché à Wall Street lundi après avoir fait part de prévisions de production mal reçue par les investisseurs.  

Lordstown Motors a d’abord annoncé en début de journée avoir encore besoin de lever des fonds supplémentaires pour lancer la production au 3e trimestre de sa camionnette Endurance, dont elle prévoit de ne produire que 3000 exemplaires d’ici fin 2023.

Son action a chuté de près de 20 % à la Bourse de New York.

Après la clôture de la séance, Lucid a de son côté révisé fortement à la baisse le nombre de berlines électriques qu’il prévoit de fabriquer cette année : seulement 12 000 à 14 000 unités contre 20 000 prévues initialement.  

« Cela reflète les défis extraordinaires de la chaîne d’approvisionnement et de la logistique que nous avons rencontrés et notre concentration constante sur la livraison de produits de la plus haute qualité », a justifié le directeur général du groupe, Peter Rawlinson dans un communiqué.  

Lucid perdait près de 14 % dans les échanges électroniques suivant la clôture de la séance officielle.

Ces déconvenues illustrent les difficultés des start-up de véhicules électriques à sortir leurs premiers véhicules malgré leur succès initial à Wall Street.

À l’approche de son entrée en Bourse en 2020, Lordstown Motors assurait pouvoir fabriquer 2200 véhicules en 2021 et 31 600 en 2022.

Lordstown a depuis nettement revu à la baisse ses ambitions et avait déjà repoussé au troisième trimestre 2022 le lancement commercial de l’Endurance.

Il a précisé lundi qu’il prévoyait d’en fabriquer et d’en vendre environ 500 unités cette année et jusqu’à 2500 en 2023, soit bien moins que les premières estimations.  

Lordstown disposait encore de 244 millions de dollars de fonds de trésorerie fin 2021 et sa perte au quatrième trimestre a été moins importante que prévu.  

Mais le groupe a aussi relevé lundi qu’il continuait à chercher de l’argent supplémentaire « pour financer le lancement commercial de l’Endurance et sa stratégie opérationnelle ». Son directeur financier a précisé lors d’une conférence téléphonique que Lordstown avait besoin de lever environ 250 millions de dollars.  

Il est notamment en négociations avec le géant taïwanais de l’électronique Foxconn, qui avait accepté en octobre 2021 de lui racheter son usine d’assemblage dans l’Ohio pour le renflouer. Mais les discussions n’ont pas encore abouti.

Depuis son entrée en Bourse en fanfare, en octobre 2020, le constructeur automobile a connu une série de revers qui ont vu son cours diviser par près de dix depuis début 2021. Sa valorisation est tombée lundi sous les 500 millions de dollars à la Bourse de New York.  

En juin dernier, la start-up avait déjà admis manquer d’argent pour développer le modèle Endurance, une annonce suivie quelques jours plus tard par le départ de son patron à qui il était reproché d’avoir fait des déclarations « inexactes » sur certaines précommandes.

Lucid pour sa part a commencé à produire ses premiers véhicules destinés à la vente en septembre. Quelques semaines après, la start-up dépassait à Wall Street la valorisation du vénérable constructeur Ford.  

Même si son action a été divisée par près de deux depuis, le groupe valait encore près de 48 milliards de dollars en Bourse lundi.