Coup de tonnerre dans le ciel des fournisseurs internet québécois : Bell a annoncé jeudi avoir acquis la plus importante entreprise indépendante dans ce secteur, la longueuilloise EBOX. Les fondateurs Jean-Philippe Béique et Dominic Létourneau, a-t-on précisé par communiqué, « ont décidé que le moment était venu de se retirer de l’entreprise pour relever d’autres défis ».

Il n’a pas été possible de joindre M. Béique. Celui-ci était depuis plusieurs années un des défenseurs les plus ardents des fournisseurs internet indépendants contre les grandes entreprises comme Bell, Rogers et Vidéotron. Il avait été particulièrement virulent en mai dernier contre ceux qu’il appelait « les gros acteurs », qui ont été les gagnants de la décision controversée du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) d’annuler des baisses de tarifs de revente de gros décrétées en 2019.

À la suite de cette décision, plusieurs fournisseurs indépendants, dont EBOX, avaient dû se résoudre à augmenter les prix pour leurs clients. EBOX avait toutefois fait marche arrière il y a quelques semaines et annulé ces hausses pour certains de ses clients.

L’acquisition, à un montant qui n’a pas été précisé, « renforcera davantage la présence de Bell au Québec », indique par communiqué Karine Moses, présidente direction du Québec de Bell. On y révèle que le processus formel de vente avait été initié par les deux fondateurs d’EBOX, après 25 ans d’opérations.

Au sein de Bell, « EBOX bénéficiera des ressources et de l’envergure nécessaires à la croissance de ses activités et pourra continuer à bonifier ses excellents services à des prix concurrentiels qui lui ont valu une clientèle fidèle », promet-on.

« EBOX continuera à opérer de façon autonome, demeurera basée à Longueuil et les opérations existantes se poursuivront sous la direction d’Isis Thiago De Souza, vice-présidente et directrice générale d’EBOX, et son équipe actuelle », indique le communiqué.

Pression financière

Avec ses quelque 90 000 abonnés, EBOX est considéré comme le plus important fournisseur indépendant au Québec. L’entreprise offre en outre des services de téléphonie et de télédistribution. Elle avait notamment promu en 2018 un forfait de base de 25 $ comme l’exigeait le CRTC, incluant la location du terminal, « ce qu’aucune des grandes entreprises ne fait », s’était félicité en entrevue avec La Presse M. Béique. Il avait admis que la décision de mai dernier du CRTC, combiné à la demande en hausse de données des abonnés, avait imposé une pression financière à EBOX qui se targuait de ne pas avoir haussé ses tarifs depuis 2015.

« À un moment donné, il faut prendre position et penser à la situation financière de l’entreprise, avait-il déclaré à La Presse. Il faut être bien positionné pour offrir de bonnes conditions aux employés et s’assurer que la qualité des services ne se dégrade pas. »