(Paris) Stellantis a enregistré d’énormes profits en 2021 pour sa première année d’existence en multipliant les synergies et en augmentant ses prix, malgré des ventes freinées par la pénurie de puces électroniques.  

Le groupe automobile, né de la fusion en janvier 2021 des constructeurs français Peugeot-Citroën (PSA) et italo-américain Fiat Chrysler (FCA), a publié mercredi un bénéfice net de 13,4 milliards d’euros (19,3 milliards CAN) en 2021, presque triplé par rapport à la difficile année 2020, a indiqué le groupe lors d’une conférence de presse.

Ce bénéfice grimpe à 14,3 milliards d’euros (20,6 milliards CAN) avec la dilution de ses parts dans l’équipementier Faurecia.  

« Les résultats record d’aujourd’hui prouvent que Stellantis est bien placée pour réaliser des performances solides, même dans les environnements de marché les plus incertains », s’est félicité le directeur général du groupe Carlos Tavares.

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Le PDG de Stellantis, Carlos Tavares

Le marché saluait la publication si bien que l’action de Stellantis bondissait de 4,57 % vers 17 h à la Bourse de Paris, à 17,08 euros.

Avec 6,14 millions de voitures vendues en 2021, le constructeur a été privé de 1,6 million de véhicules par la pénurie de puces électroniques. Mais il a enregistré un chiffre d’affaires de 152 milliards d’euros (218,8 milliards CAN), en hausse de 14 % par rapport aux données cumulées des deux groupes en 2020.

Ces résultats rares dans le secteur, avec une marge opérationnelle de 11,8 % contre 10 % prévus, ont été le fruit de synergies et d’une chasse aux coûts dans le groupe, mais aussi de prix de vente en hausse sur les véhicules.

Absorber les coûts

Une voiture électrique coûte 40 à 50 % de plus à produire, alors Stellantis doit absolument gagner 10 % de productivité par an d’ici 2026, a martelé M. Tavares. « On ne peut pas transférer tous ces coûts aux consommateurs, on risque de perdre les classes moyennes. Il faut qu’on en absorbe 50 % », a lancé M. Tavares.

Le constructeur est notamment en train de remettre à plat son réseau de distribution, mais ses équipementiers vont aussi devoir contribuer : ce défi provoquera une « transition darwinienne » chez ces sous-traitants, a prévenu le dirigeant de Stellantis. Il a aussi pour priorité de garder un point d’équilibre « très bas » pour le groupe, au cas où le marché automobile ne reviendrait pas à ses volumes d’avant-crise.

En Europe, le principal marché de Stellantis, les ventes ont baissé mais le chiffre d’affaires a augmenté de 5 %, notamment grâce aux voitures hybrides et électriques. En Amérique du Nord, les marges du groupe ont été dopées par une offre limitée et une très forte demande, notamment pour ses VUS Jeep et ses pickups Ram.  

Du côté des autres marques,  Peugeot a vu ses ventes rebondir légèrement en Europe, notamment grâce à ses hybrides, et sa petite 208 reste la voiture la plus vendue du continent. Fiat est redevenu N° 1 en Amérique latine et prépare sa transition 100 % électrique pour 2027 en Europe.

Maserati est redevenue bénéficiaire en 2021, tandis qu’Alfa Romeo doit se relancer en 2022 avec un nouveau VUS, son premier hybride.

Rebond en 2022

Le conseil d’administration de Stellantis va proposer le versement d’un dividende de 1,05 euro par action, soit 3,3 milliards d’euros (4,8 milliards CAN). 1,9 milliard d’euros (2,7 milliards CAN) vont également être redistribués à ses 300 000 salariés à travers le monde (+70 % sur un an).  

FO, premier syndicat du constructeur en France, s’est « réjoui des résultats annoncés par le groupe et de l’intéressement qui se situera cette année en moyenne à 4300 euros » pour chaque salarié en France. « C’est le résultat de gavage d’aides publiques et de milliers de licenciements d’intérimaires et de suppressions d’emplois de CDI », a dénoncé au contraire le délégué syndical central CGT Jean-Pierre Mercier.

Outre les pénuries de semi-conducteurs, le groupe a dû affronter en 2021 l’inflation des prix des matières premières (acier, aluminium, cuivre, plastiques). La pénurie de puces devrait s’atténuer à partir du deuxième semestre mais la situation reste floue quand aux autres problèmes logistiques.

Stellantis reste ainsi prudent pour 2022 et prévoit un léger rebond du marché automobile mondial, mais vise à conserver une marge opérationnelle « à deux chiffres ».  Carlos Tavares doit préciser le 1er mars ses orientations stratégiques pour le groupe, avec notamment ses projets pour la Chine.