Les actions de Shopify ont plongé mercredi à leur plus bas niveau en près de deux ans, après que le géant du commerce électronique a averti que la croissance de ses revenus ralentirait cette année avec l’assouplissement des restrictions liées à la pandémie de COVID-19.

La société ottavienne a indiqué que la croissance de ses revenus en 2022 s’annonçait inférieure à celle de 57 % observée en 2021, ce qui a eu pour effet de faire dégringoler son action à un creux de 914 $ à la Bourse de Toronto. Le titre, qui avait franchi le cap des 2000 $ en novembre, a terminé la séance en baisse de 17 %, à 938,91 $ – son niveau le plus bas depuis mai 2020.

La directrice financière Amy Shapero a attribué la baisse des prévisions à la crise sanitaire ainsi qu’à la décision de l’entreprise de ne prendre aucune part sur le premier million de dollars de revenus que les développeurs gagnent chaque année sur la gamme de fonctionnalités de réservation, d’outils d’abonnement et d’autres produits qu’ils conçoivent pour le logiciel de Shopify.

« Nous pensons que l’accélération du commerce électronique déclenchée par la COVID, qui s’est poursuivie pendant le premier semestre 2021 avec les confinements et les mesures de relance gouvernementales, sera absente à partir de 2022 et il y a de la prudence concernant l’inflation et les dépenses de consommation à court terme », a-t-elle souligné lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.

Ses remarques interviennent alors que l’étoile du chouchou de la technologie au Canada a commencé à pâlir après deux ans de pandémie qui ont vu les gens consommer davantage en ligne et ont encouragé les entreprises à déployer des magasins numériques, ce qui a apporté de nouvelles ventes et de nouveaux clients à Shopify.

Ces derniers mois, les gens ont réorienté certains de leurs achats vers les magasins physiques, où Shopify a moins d’avantages.

Dans ce contexte, l’entreprise a affiché mercredi une perte nette de 371,3 millions US, ou 2,95 $ US par action, pour le trimestre clos le 31 décembre. Son résultat a été tiré vers le bas par une perte latente de 509,7 millions US sur des placements en actions et d’autres investissements.

Ce résultat se comparait à un bénéfice net de 123,9 millions US, ou 99 cents US par action, pour le quatrième trimestre de 2020.

Le président de Shopify, Harley Finkelstein, est resté optimiste quant aux perspectives et aux performances de l’entreprise.

« L’évolution du commerce qui s’est accélérée au cours des deux dernières années offre davantage d’occasions de vente aux fabricants, créateurs, influenceurs et conservateurs », a-t-il affirmé lors de la conférence téléphonique.

« Leur résilience et notre volonté de leur proposer les meilleurs produits pour le commerce moderne placent Shopify et nos marchands en tête. »

Il a noté que Shopify a terminé l’exercice 2021 avec une base de marchands deux fois plus grande qu’il y a deux ans, qui comprend maintenant le producteur laitier Saputo, la marque Brady du footballeur vedette Tom Brady, le vendeur allemand de kits de repas HelloFresh et la marque de vêtements French Connection.

M. Finkelstein a également souligné que le chiffre d’affaires annuel de Shopify en 2021 était presque trois fois plus grand que celui de 2019 et que son dernier trimestre avait également enregistré des gains.

Les revenus du quatrième trimestre ont totalisé 1,38 milliard US, comparativement à ceux de 977,7 millions US de la même période un an plus tôt.

Sur une base ajustée, Shopify a gagné 1,36 $ US par action au plus récent trimestre, comparativement à un profit ajusté de 1,58 $ US par action au quatrième trimestre de 2020.

Les analystes s’attendaient en moyenne à un profit ajusté de 1,24 $ US par action et à des revenus de près de 1,33 milliard US, selon les prévisions recueillies par la firme de données financières Refinitiv.

Un environnement concurrentiel

Dans ses perspectives, Shopify a indiqué qu’elle continuerait à tenter d’attirer de telles marques en mettant davantage l’accent sur son réseau de distribution.

Elle a ouvert l’année dernière un entrepôt loué et autonome à Atlanta, et prévoit de développer ce service en offrant une couverture de livraison de deux jours à plus de 90 % de la population américaine. Elle est à la recherche de façons de servir des clients plus importants par l’entremise du réseau.

La société a également l’intention de se concentrer sur l’embauche dans un environnement concurrentiel qui a vu son principal rival, Amazon.com, plus que doubler, ce mois-ci, son plafond salarial de base à 350 000 $, par rapport à 160 000 $.

Les dirigeants de Shopify ont indiqué que l’entreprise embaucherait encore plus en 2022 qu’elle ne l’a fait en 2021, lorsqu’elle a accueilli au moins 2021 nouveaux employés techniques. L’entreprise emploie maintenant environ 10 000 personnes, mais reconnaît qu’il existe des pressions sur le marché du travail.

« Il y a une grande ruée vers les talents dans le monde », a observé le fondateur de Shopify, Tobi Lutke, lors de la conférence téléphonique.

« Il y a beaucoup de changements en cours, mais Shopify est du bon côté des changements, semble-t-il. »