Québecor connaît un bon début de semaine sur les marchés, et on pourrait même dire un bon début d’année. Le titre du conglomérat montréalais a gagné 2 % mardi pour la deuxième séance de suite.

L’action de l’entreprise dirigée par Pierre Karl Péladeau s’est même négociée à plus de 30 $ mardi pour la première fois depuis la mi-novembre. Depuis le creux du 21 décembre, l’action est maintenant en hausse d’environ 10 %.

La plus récente appréciation survient après la publication mardi d’un rapport favorable par la firme Canaccord. L’analyste Aravinda Galappatthige recommande maintenant l’achat de l’action de l’exploitant de Vidéotron. Il n’y a plus qu’un seul analyste sur 12 qui ne suggère pas l’achat du titre.

Reconnue pour sa constance dans le secteur des télécommunications, Québecor a connu en 2021 une année qualifiée d’« inhabituelle » et d’« exceptionnellement mauvaise » par Aravinda Galappatthige.

L’action avait commencé sa glissade au printemps avec l’annonce du départ surprise du PDG de Vidéotron, Jean-François Pruneau. Vidéotron est depuis dirigée par Pierre Karl Péladeau qui est aussi président et chef de la direction de Québecor. Actionnaire de contrôle de Québecor, Pierre Karl Péladeau assume toujours également les responsabilités sur une base intérimaire de la présidence du Groupe TVA.

Ambitions nationales

Bien que la concurrence dans le marché québécois des télécommunications soit intense, les ambitions nationales semblent être le principal facteur d’incertitude entourant Québecor. Vidéotron a débloqué 830 millions, l’été dernier, pour acquérir du spectre en vue d’un déploiement éventuel de son service de téléphonie mobile dans certaines régions du pays.

Les coûts importants liés à une expansion hors Québec dans le sans-fil font craindre une explosion du niveau d’endettement, d’autant plus que, comme le souligne l’analyste Jérôme Dubreuil chez Valeurs mobilières Desjardins, le « marché est conscient que Québecor est intéressé à acheter les actifs sans fil de Shaw (Freedom) ».

La totalité ou certains de ces actifs pourraient devoir être vendus pour que les autorités approuvent l’achat de Shaw par Rogers.

Plus la direction de Québecor a clamé haut et fort son intention d’étendre ses activités de télécommunications à l’extérieur du Québec, plus le marché a commencé à réévaluer le profil de risque du titre de Québecor, ce qui a entraîné une baisse significative de l’action, dit Aravinda Galappatthige.

Bien que les investisseurs, à juste titre, concentrent leur attention sur l’impact potentiel au bilan d’un achat des actifs sans fil appartenant à Shaw, ils devraient aussi penser à la valeur à long terme en considérant l’évaluation actuelle de l’action de Québecor. Il ne faut pas perdre de vue l’opportunité à long terme simplement en raison des risques à court terme.

Aravinda Galappatthige

Et en particulier, croit-il, si Québecor pouvait parvenir à payer entre 4 et 4,5 milliards pour les actifs sans fil de Shaw. Aravinda Galappatthige avait précédemment évalué l’ensemble des actifs de Shaw dans le sans-fil à 6,2 milliards.

Cet expert pense également que Québecor pourrait bien s’adjoindre des partenaires (financiers ou stratégiques) pour procéder à une expansion hors Québec dans le sans-fil. « Cogeco peut être une option, dit-il. Cette entreprise jongle depuis longtemps avec l’idée de se lancer dans le sans-fil. »

« Rogers et les autres grands opérateurs du secteur en général préféreraient évidemment que les actifs de Shaw dans le sans-fil aboutissent dans les mains d’une firme privée d’investissement ou d’un acquéreur de ce type plutôt que dans les mains de Québecor en raison de la feuille de route impressionnante de Vidéotron dans le sans-fil au Québec », dit-il.