Dans un an, l’entreprise américaine Axiom Space enverra ses premiers touristes vers la Station spatiale internationale, en collaboration avec SpaceX, pour une mission entièrement privée. Et un Montréalais, l’investisseur et philanthrope Mark Pathy, PDG de Mavrik et président du conseil de Stingray, fera partie de l’aventure.

Axiom en a fait l’annonce mardi matin. Mark Pathy aura comme partenaires de vol un entrepreneur américain (Larry Connor), un investisseur israélien (Eytan Stibbe) et l’astronaute à la retraite et vice-président d’Axiom Michael Lopez-Alegria. « J’ai toujours eu une fascination pour les voyages dans l’espace, raconte Mark Pathy à La Presse. Ça remonte à lorsque je regardais Star Trek enfant ! Mais y aller a toujours semblé irréalisable. »

Mark Pathy deviendra, dans la foulée, le 11e Canadien à voyager dans l’espace. L’homme d’affaires dit suivre tous les développements en matière de vols commerciaux, depuis quelques années. La mission de Guy Laliberté, cofondateur du Cirque du Soleil, à bord du vaisseau Soyouz en 2009, lui a donné l’espoir de concrétiser un vieux rêve. « J’ai suivi avec un grand intérêt les développements de SpaceX, Boeing et Virgin Galactic en ce qui a trait aux programmes privés d’astronautes », mentionne-t-il.

Les conversations avec Axiom se sont amorcées en mai dernier. Le contrat a été paraphé en octobre. « C’est encore irréel, lance M. Pathy. Il m’a fallu cinq mois pour connaître l’entreprise, les compétences des gens impliqués et voir à quel point un tel voyage était risqué. J’ai aussi parlé à des astronautes pour savoir ce qu’ils pensaient d’une telle mission. »

Mark Pathy, père de trois jeunes enfants, s’est assuré de l’appui de sa femme avant de signer. « Elle sait que c’est un intérêt que j’ai, même si, jusqu’à tout récemment, c’était une fantaisie, dit-il. Il y a évidemment un risque, mais on est à l’aise avec les risques. »

Eric Boyko n’est pas surpris que son ami veuille mettre le cap sur les étoiles. « C’est un aventurier dans l’âme, justifie le PDG de Stingray. Sa fondation et sa famille appuient des causes que personne ne veut appuyer, dans des territoires parfois dangereux. »

Celui-ci se remémore un voyage en compagnie du couple en République démocratique du Congo pour visiter l’hôpital du gynécologue et Prix Nobel de la Paix Denis Mukwege, qui lutte contre les violences sexuelles envers les femmes. « C’était en 2012, en pleine rébellion du Mouvement du 23-Mars, raconte-t-il. Mark a déjà pris tous les risques sur la Terre ! »

Huit jours dans la Station spatiale

C’est un homme qui n’a toutefois jamais cherché l’attention médiatique qui prendra part à la mission Ax-1, prévue en janvier 2022. Appuyée par la NASA, elle comprendra deux jours de vol à bord de la navette SpaceX Crew Dragon et un séjour de huit jours dans la Station spatiale internationale (SSI). Mark Pathy est déjà en lien avec l’Agence spatiale canadienne et l’Hôpital de Montréal pour enfants (Montreal Children’s Hospital) pour cibler des projets en santé qui pourraient être menés à bord de la SSI. « Mark est un gars humble, très familial, avec un intérêt très fort pour la science, la recherche et la philanthropie, estime l’ami et investisseur Mitch Garber. Il est curieux, lit beaucoup et pose énormément de questions. »

Mark Pathy est le deuxième voyageur spatial que Mitch Garber, anciennement président du conseil du Cirque du Soleil, connaît très bien ! « Il y a des risques, mais Mark est très chanceux de réaliser un rêve que peu de personnes auront la chance de faire, note-t-il. Je vais l’appuyer jusqu’au bout de l’aventure. Ça prend des pionniers pour que les voyages dans l’espace deviennent éventuellement plus abordables. Elon Musk (SpaceX) et Richard Branson (Virgin) l’ont dit : le but à long terme est la démocratisation de l’espace. »

En 2001, l’homme d’affaires américain Dennis Tito, premier touriste de l’espace, a déboursé 20 millions US pour monter à bord de Soyouz. Huit ans plus tard, la facture s’est élevée à 35 millions pour Guy Laliberté.

Dès avril, le PDG de Mavrik se soumettra à un entraînement et des formations pendant 15 semaines, principalement au Space Center de Houston et dans les installations de SpaceX à Los Angeles. Il devra aussi se mettre en quarantaine deux semaines avant le départ de la navette de Cap Canaveral. « Il y aura également des entraînements à Moscou et en Allemagne, car la station spatiale inclut des modules de la Russie, de l’Union européenne, du Japon et des États-Unis, explique-t-il. Il faut être familier avec tous ces modules avant de partir. »

Une série d’examens médicaux, sanguins, visuels, radiographies, scans du cœur et du cerveau ont confirmé qu’il avait la tête et le corps de l’emploi. « Ce ne fut pas facile à organiser de Montréal en temps de COVID, dit M. Pathy. Normalement, j’aurais volé jusqu’à Houston pour faire ces tests. »

Ce qu’il trouve le plus excitant de cette aventure ? L’entraînement, la préparation, l’idée de vivre dans un endroit confiné sans gravité et ce point de vue si particulier qu’il aura sur la planète bleue… « C’est difficile d’imaginer tout, au plan de l’hygiène par exemple, avoue Mark Pathy en riant. Mais ce sera fascinant. Je suis certain que ça aura tout un effet sur moi. C’est drôle de penser qu’à 51 ans, je serai le plus jeune à bord ! »

À 6 ans, l’aîné de Mark Pathy comprend déjà l’unicité du voyage de papa. « Tout en haut de sa liste de cadeaux au père Noël, cette année, mentionne-t-il, il a demandé un télescope ! »