Les 800 travailleurs salariés des deux entrepôts de la SAQ ainsi que les responsables de la livraison des bouteilles dans les différentes succursales ont rejeté à 86 % l’entente de principe pour le renouvellement de la convention collective, intervenue entre les deux parties.

« Nous avions suspendu une grève afin de donner une dernière chance aux négociations. Nous avions une entente, mais elle a été refusée par les membres, a déclaré lundi en soirée Michel Gratton, conseiller syndical du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), dans un communiqué diffusé à l’issue du vote. Nous allons nous réunir [mardi] avec le comité exécutif du syndicat afin de déterminer ce que seront nos prochaines actions. Évidemment, nous allons aussi contacter l’employeur. »

Les amateurs de vin ou de spiritueux, qui se retrouvent depuis quelques jours devant des tablettes dégarnies dans les succursales de la Société des alcools du Québec (SAQ), à la suite de trois jours d’une grève déclenchée en novembre par les employés des entrepôts, risquent peut-être d’avoir encore du mal à dénicher leur bouteille préférée si les salariés décident une fois de plus de faire la grève. Le résultat du vote inquiète également restaurateurs et importateurs, qui espèrent que l’approvisionnement ne sera pas mis en péril à l’approche des Fêtes.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Des tablettes d’une succursale de la SAQ de la rue Lajeunesse, à Montréal

Impossible toutefois pour l’instant de savoir si des moyens de pression seront adoptés par les syndiqués. La SAQ, de son côté, dit souhaiter un retour à la table de négociation. Le réapprovisionnement des succursales demeure, pour le moment, la priorité. « Au cours des prochains jours, la SAQ discutera avec la partie syndicale afin de bien comprendre les raisons de cette décision et déterminer les étapes à venir, peut-on lire dans le communiqué diffusé par la société d’État. Nous souhaitons un retour à la table de négociation le plus rapidement possible. »

« Les équipes de la SAQ se concentreront sur le réapprovisionnement des succursales, de saq.com ainsi que des titulaires de permis à travers le Québec, peut-on également lire. Au cours des prochaines semaines, nos équipes ne ménageront aucun effort pour revenir à une situation normale dans l’ensemble de notre réseau particulièrement à l’aube de la période des Fêtes. »

Rappelons que les 800 travailleurs salariés des deux entrepôts de la SAQ ainsi que les responsables de la livraison des bouteilles ont fait la grève les 16, 22 et 23 novembre. Le salaire, la sécurité d’emploi et les mesures de santé et sécurité au travail comptent parmi les principaux points en litige. Les deux centres de distribution, situés à Montréal et à Québec, fournissent l’ensemble des 409 succursales et des 429 agences de la société d’État. Une première assemblée s’est tenue dans la métropole dimanche et la deuxième a eu lieu dans la capitale nationale lundi en fin de journée.

Déception

Pour les restaurateurs, qui ont dû composer avec des retards de livraison, mais qui voyaient maintenant la « situation se résorber » peu à peu, le résultat du vote cause une certaine déception. « On est déçus que l’entente n’ait pas pu être ratifiée lors du vote, a admis au bout du fil Martin Vézina, directeur des affaires publiques et gouvernementales de l’Association Restauration Québec (ARQ), peu de temps après le dévoilement du résultat. Ce qu’on espère, c’est qu’il n’y ait pas une reprise des moyens de pression, parce que toute journée de grève additionnelle pourrait mettre à risque l’approvisionnement des titulaires de permis d’alcool en restaurant. C’est ce qu’on a remarqué avec les derniers jours de grève. »

De son côté, Roch Bissonnette, président d’A3 Québec, qui regroupe 75 agences de vins, bières et spiritueux, totalisant plus de 97 % des ventes à la SAQ, dit espérer que le résultat du vote « ne gaspillera pas le rendez-vous des consommateurs avec les produits ». « Comme tout le monde, on veut que le conflit se règle le plus rapidement possible, a-t-il ajouté. Les tablettes sont encore vides, on peine à reconstruire les inventaires dans les succursales. Si les moyens de pression continuent, ça va être pénible. »

À l’instar des clients et des restaurateurs, les importateurs de vin ressentaient déjà des impacts après trois journées de grève. « On a de la difficulté à savoir lesquels de nos produits vont être sur nos tablettes et quand, précise M. Bissonnette. Habituellement, on est informés. Là, on ne le sait pas. »

La semaine dernière, un message diffusé sur le site internet de la SAQ par la présidente et chef de la direction, Catherine Dagenais, indiquait que « quelques semaines pourraient s’écouler avant un retour à une situation normale dans l’ensemble [du] réseau ». « Les évènements des dernières semaines, dans un contexte où nos opérations étaient déjà fragilisées par les défis liés à la pandémie, ont eu un impact important sur vous, nos clients, mais aussi sur de précieux et nombreux partenaires d’affaires de la SAQ », pouvait-on également lire.