(Toronto) Lorsque la pandémie de COVID-19 a renvoyé des millions d’employés de bureau chez eux, il n’a pas fallu longtemps à certains d’entre eux pour décider que leur salon ou leur chambre d’amis avait besoin d’être rénové.

Plusieurs se sont tournés vers une touche de peinture ou ont finalement acheté un bureau, mais Tammy Yiu Coyne a également vu des gens se tourner vers de nouvelles œuvres à accrocher à leurs murs.

La cofondatrice et cheffe de la direction de la société torontoise Partial avait pour eux exactement ce qu’il leur fallait : un service de location d’art spécialisé dans les œuvres qui ne sont pas évaluées à plusieurs millions de dollars.

Son entreprise – comme plusieurs autres visant à permettre aux gens d’« essayer » des œuvres avant de les acheter – a connu un boom pandémique qui a fait grimper ses revenus et a appris à un tout nouveau public que la location d’œuvres d’art n’était pas réservée aux riches.

« Nos histoires préférées sont celles des gens qui n’ont jamais acheté d’art auparavant, qui ont acheté leur première œuvre sur Partial et qui achètent maintenant deux ou trois œuvres », a expliqué Mme Yiu Coyne.

Partial, qui a été lancée en 2016 avec une vingtaine d’œuvres et qui en compte depuis plusieurs milliers, se concentre sur l’art canadien qui coûte moins de 5000 $. Elle propose des locations de peinture, de sculpture et de photographie pendant trois mois à des montants qui débutent à 25 $ et grimpent jusqu’à 1300 $.

Les pièces peuvent être achetées directement à tout moment, et pour une œuvre qui a déjà été louée, les frais déjà payés sont soustraits du prix d’achat.

Tant de gens ont été attirés par ces offres pendant la pandémie que Mme Yiu Coyne a indiqué que le nombre de locations avait augmenté de 125 % entre 2019 et 2020. Il est maintenant en bonne voie de progresser d’un autre 43 % pour cette année. Environ les trois quarts des personnes qui louent une œuvre l’achètent par la suite.

Art Rentals and Sales, un programme à but non lucratif géré par la Vancouver Art Gallery qui se concentre sur les artistes de la Colombie-Britannique, a été tout aussi occupé.

Zoe Mackoff de Miranda, la responsable du programme, a remarqué que les entreprises qui louaient des œuvres d’art les retournaient pendant la pandémie, mais qu’une vague de personnes qui dépensaient généralement de l’argent pour des voyages ou d’autres activités s’était tournée vers son programme pour la première fois.

Plusieurs lui ont dit qu’ils voulaient louer une œuvre pour agrémenter leur décor pendant les vidéoconférences. Elle soupçonne que certains ont également été inspirés par le récent mouvement encourageant les gens à soutenir les entreprises locales et elle espère que cet élan se poursuivra et éliminera une partie du facteur de peur lié à l’achat d’art.

« Parfois, les gens sont vraiment intimidés en allant dans des galeries plus grandes parce qu’ils ont l’impression qu’ils doivent connaître quelque chose sur l’art ou qu’ils seront méprisés s’ils ne connaissent pas certains artistes ou genres, mais la location en évacue une grande partie de cela », a-t-elle remarqué.

Son programme se concentre sur des œuvres dont le prix peut atteindre 15 000 $, mais dont la location varie de 12 $ à 250 $ par mois et peut se poursuivre aussi longtemps que désiré. Si un locateur décide d’acheter une œuvre, le programme réduit le prix d’une somme équivalente aux frais des trois premiers mois de location.

Ne pas craindre l’audace

Pour ceux qui envisagent leur première location, Mme Mackoff de Miranda recommande de se concentrer sur des œuvres ou des styles qu’on aime et de ne pas ses soucier des engagements.

« Même si c’est totalement différent de ce qui pourrait vous intéresser, vous pouvez l’essayer, a-t-elle fait valoir. Peut-être que vous en tomberez encore plus amoureux ou vous en aurez complètement marre après un mois et vous pourrez le rapporter. »

Il ne faut pas avoir peur d’être audacieux, a ajouté Mme Yiu Coyne.

« Beaucoup de nouveaux acheteurs se disent qu’ils vont commencer par quelque chose de petit et accrocher cette petite œuvre au-dessus de leur canapé, mais ils devraient vraiment viser plus grand », a-t-elle assuré.

Pour ceux qui ne savent pas par où commencer, elle recommande le cours de « sommelier » de Partial. Une consultation est gratuite et permet d’obtenir un avis professionnel sur les œuvres qui conviendraient le mieux et accentueraient n’importe quel espace. Les clients ont également accès à un logiciel de réalité augmentée leur permettant de placer virtuellement une œuvre dans leur maison.

Une fois qu’une œuvre est choisie, certains programmes comme celui de Mme Mackoff de Miranda proposent des services de livraison et d’installation – un bon choix pour ceux qui craignent que l’art ne soit endommagé pendant le transport.

Les locataires inquiets peuvent également vérifier si leur assurance habitation couvrira d’éventuels dommages causés à l’œuvre d’art une fois qu’elle sera installée, mais Mme Mackoff de Miranda note que les accidents ne surviennent pas souvent.

« Il est étonnant de voir à quel point il est rare que des dommages se produisent, a-t-elle souligné. Les gens sont généralement très, très prudents. »

Mme Yiu Coyne est d’accord. « Au cours de toutes nos années d’existence, nous n’avons eu qu’un seul cas où quelque chose s’est produit », a-t-elle précisé.

« Personne ne fait intentionnellement tout ce qui est en son pouvoir pour endommager l’art. »