L’entrepreneur montréalais et ex-PDG d’Amaya David Baazov s’intéresse à l’avenir de Cominar et s’active en coulisses, a appris La Presse.

Il aurait un intérêt particulier pour les immeubles industriels du fonds de placement immobilier de Québec, selon nos informations, et se présente comme un investisseur détenant environ 5 % des parts de Cominar.

Il s’intéresse aux centres de données, ce qui cadre bien avec l’immobilier industriel, indique une personne au fait de la situation. La Presse ne peut nommer cette source puisqu’il s’agit de discussions confidentielles.

David Baazov serait à la recherche d’appuis ou de partenaires dans le dossier Cominar. Il n’a pas été possible de lui parler mercredi.

Partenaire d’investissements de David Baazov dans le secteur immobilier, Ian Quint, président de l’agence montréalaise de développement immobilier Brasswater, confirme son intérêt envers Cominar sans vouloir dire si David Baazov s’implique avec lui dans ce dossier.

Questionné précisément sur la préparation d’une offre concurrente pour Cominar, Ian Quint répond simplement : « On évalue nos options. »

Cominar a révélé le mois dernier une entente avec un consortium mené par Canderel concernant sa vente au prix unitaire de 11,75 $ la part, une transaction évaluée à 5,7 milliards, dette incluse.

Dans le cadre de cette opération, le consortium doit revendre quelque 190 immeubles industriels à la firme américaine d’investissement Blackstone.

Sous la direction de David Baazov, Amaya avait acheté PokerStars en 2014 pour environ 5 milliards US. Cette transaction avait fait exploser la valeur d’Amaya, dont les actions se négociaient à l’époque à la Bourse de Toronto.

Des soupçons de délit d’initiés avaient amené l’Autorité des marchés financiers à piloter trois enquêtes parallèles. La principale enquête avait débouché sur des accusations de tuyautage, complot et manipulation de titres contre trois individus, dont David Baazov. Ce dossier s’était terminé par un procès avorté en 2018. Les deux autres enquêtes ont été abandonnées peu de temps après.

La fortune personnelle de David Baazov est aujourd’hui difficile à évaluer, mais la vente de ses actions d’Amaya lui a rapporté plusieurs centaines de millions.

Dépôt de la circulaire

Le dépôt mercredi de la circulaire préparée en prévision de l’assemblée des détenteurs de parts révèle par ailleurs que le consortium mené par Canderel était disposé à payer un prix plus élevé l’été dernier pour Cominar, avant de réviser son évaluation à la baisse cet automne.

Canderel et ses partenaires étaient prêts à présenter une offre à 12 $ par part. Une lettre d’entente a même été signée à cet effet le 18 juillet. Ce prix a par la suite été révisé à 11,60 $ la part le 14 octobre afin de refléter une « nouvelle dynamique au sein du consortium » (liée notamment à des négociations avec un sous-acquéreur d’actifs) et les ententes conclues avec Mach Capital, qui doit se porter acquéreur d’immeubles commerciaux et de bureaux dans le cadre de l’opération.

Le consortium a finalement accepté de payer 11,75 $ par part.

Pour se conclure, la transaction doit être approuvée par au moins les deux tiers des voix exprimées. Le consortium mené par Canderel contrôle 10,2 % des parts alors que Mach Capital, qui appuie l’offre du consortium, en possède 5,2 %.

La circulaire révèle aussi que le Groupe Mach a manifesté un fort intérêt pour Cominar au cours de la dernière année. Avant de s’entendre avec le consortium, Mach a d’abord proposé en février un prix compris entre 9 $ et 9,25 $ la part. Cette proposition a par la suite été bonifiée plusieurs fois dans les mois suivants, Mach s’étant montrée prête en juillet à offrir jusqu’à 11,50 $ sous certaines conditions.

La circulaire indique aussi qu’une société montréalaise de placement immobilier, de services-conseils et de gestion d’actifs immobiliers a soumis deux propositions de restructuration du capital, en décembre et en janvier, qui ont été jugées « peu attrayantes ».

L’entente conclue par le consortium mené par Canderel est survenue au terme d’un processus d’examen stratégique de plus de 13 mois notamment lancé en raison de difficultés financières chez Cominar et alors que la pandémie entraînait une incertitude supplémentaire entourant les activités.

Durant le processus d’examen, les conseillers de Cominar ont pressenti officiellement 33 parties (soit 25 investisseurs financiers et 8 investisseurs stratégiques) potentiellement intéressées par la totalité ou des parties de l’entreprise. Sept investisseurs financiers et trois investisseurs stratégiques ont signé des ententes de confidentialité permettant d’effectuer une vérification diligente.

La vente de la gare Centrale ou d’autres actifs phares, la vente du portefeuille d’immeubles d’Ottawa et l’essaimage des portefeuilles d’immobilier industriel ou commercial sont toutes des options ayant été examinées.

Cominar possède 310 immeubles industriels, commerciaux et de bureaux au Québec et en Ontario.