(New York) Les pharmacies de Walmart, Walgreens et CVS ont bien joué un rôle dans la crise des opiacés dans deux comtés de l’Ohio en distribuant massivement des antidouleurs, a décidé mardi un jury d’un tribunal fédéral de cet État dans une décision surveillée de près.

Les membres du jury ont estimé que les trois entreprises avaient agi illégalement en remplissant sans ciller des prescriptions importantes pour des opiacés dans les comtés de Lake et Trumbull, créant ainsi une « nuisance publique ».  

C’est la première fois que des distributeurs de médicaments, et non pas des producteurs, sont jugés responsables dans cette crise sanitaire à l’origine de plus de 500 000 morts par overdose en 20 ans aux États-Unis.  

Selon des chiffres provisoires des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) diffusés la semaine dernière, il y a encore eu 100 306 overdoses fatales dans le pays entre avril 2020 et avril 2021.  

Il revient désormais à un juge de déterminer le montant que chaque entreprise devra payer en réparation aux comtés.  

Ce verdict pourrait encourager d’autres plaignants à poursuivre leurs actions en justice alors que des milliers de procédures ont été engagées dans le cadre de la crise des opiacés, par des particuliers, des collectivités locales et des États. Certaines parties ont conclu des accords pour mettre fin aux poursuites en échange de versements financiers.

Les chaînes de pharmacies Rite Aid et Giant Eagle ont ainsi noué leurs propres accords avec les comtés de Lake et Trumbull.

La condamnation de producteurs d’opiacés sur la base de lois sur les nuisances publiques a connu récemment deux revers, en Californie et en Oklahoma, la Cour suprême de l’État de l’Oklahoma annulant notamment début novembre la décision de faire payer au laboratoire Johnson & Johnson 465 millions de dollars.

Mais les avocats des deux comtés dans l’Ohio sont parvenus à convaincre le jury que la présence massive d’opiacés constituait bien une nuisance publique et que les pharmacies y avaient participé en ignorant pendant des années des signaux d’alarme sur des prescriptions suspectes.  

Les trois entreprises ont déjà fait part de leur intention de faire appel, estimant notamment que la théorie juridique autour de la nuisance publique n’était pas à propos dans cette affaire.  

« Les pharmaciens ne font que remplir des ordonnances légales rédigées par des médecins agréés, qui prescrivent des substances approuvées par (les autorités sanitaires) pour traiter des patients dans le besoin », a souligné un porte-parole de CVS dans un message à l’AFP.