(Toronto) Les compagnies aériennes ajoutent des vols et de la capacité dans l’espoir que les passagers soient impatients de recommencer à voyager après plus de 18 longs mois de pandémie de COVID-19.

« Nous avons connu l’équivalent d’environ 11 ans de croissance historique au cours des six derniers mois, donc la croissance a été vraiment énorme sur une très, très courte période de temps », a dit John Weatherill, directeur commercial de WestJet.

Après un arrêt presque complet des activités, la compagnie aérienne établie à Calgary s’attend à atteindre environ 70 % de sa capacité d’avant la pandémie d’ici la fin de décembre, à rétablir complètement ses vols intérieurs d’ici l’été prochain et à voir sa capacité internationale pleinement revenir d’ici la fin de 2022.

Air Canada, avec son réseau plus vaste et son service accru vers les destinations internationales et les voyages d’affaires, prévoit qu’elle sera de retour là où elle était avant la pandémie d’ici 2023 ou 2024.

« Mais ces dates sont très mobiles en fonction de l’évolution de la situation au cours des six prochains mois », a déclaré Mark Galardo, vice-président principal de la planification du réseau et de la gestion des revenus chez Air Canada.

Les futures vagues de COVID-19 pourraient bouleverser ces plans, bien que les compagnies aériennes s’attendent à ce que la campagne de vaccination aide à relever tout nouveau défi de santé publique.

« Nous sommes confiants que le pire soit derrière nous », a-t-il dit dans une entrevue.

L'avenir « reste incertain »

Selon M. Galardo, la pandémie de COVID-19 a anéanti une décennie de croissance.

La demande de passagers en Amérique du Nord a chuté de 79 % en janvier 2021 par rapport à janvier 2019 avec une capacité en sièges de 60,5 %, selon l’International Air Transport Association, qui représente les compagnies aériennes.

La situation s’est améliorée, mais le nombre de vols intérieurs réguliers pour le quatrième trimestre est toujours en baisse de 40 % et la capacité est près de 25 % inférieure à ce qu’elle était avant la pandémie, selon la société de données aéronautiques Cirium.

L’assouplissement des restrictions de voyage et l’augmentation des taux de vaccination ont permis à la demande de s’améliorer, mais l’avenir du secteur de l’aviation « reste plus incertain qu’il ne l’a été depuis des décennies », indique un rapport de Deloitte préconisant une réforme du secteur canadien de l’aviation.

« La pandémie a complètement bouleversé l’avenir du secteur », indique le rapport, notant qu’il pourrait falloir jusqu’à cinq ans pour que le trafic aérien en Amérique du Nord revienne aux niveaux d’avant la pandémie.

Garth Lund, directeur commercial du transporteur Flair, a dit que la reprise a jusqu’à présent été inégale. Les compagnies aériennes à bas prix comme Flair qui élargissent leur flotte verront une reprise beaucoup plus rapide puisque ces transporteurs gagnent des parts de marché dans le monde par rapport à la situation prépandémie.

C’est parce qu’ils servent principalement les voyages d’agrément qui ont vu la demande être refoulée. Ils ont également garé moins de leurs avions que les transporteurs traditionnels, ont pu acquérir des avions plus récents et ont utilisé la pandémie pour obtenir de meilleures conditions dans les aéroports, recruter des équipages et catapulter leur croissance.

« Les 18 derniers mois environ, ou même les six derniers mois, ont vraiment été une opportunité unique dans une vie de vraiment catalyser cette croissance », a dit M. Lund.

Le loisir avant les affaires

Pour l’industrie dans son ensemble, la vaccination des passagers et des employés est essentielle.

« Je pense que cela aide les gens à voyager en toute confiance », a ajouté Charles Duncan, président de Swoop, le transporteur à bas prix de WestJet.

Cependant, les voyages d’affaires – qui sont le pain et le beurre d’Air Canada et aident à compenser la baisse des tarifs de loisirs – pourraient faire face à un retour à la normale plus long, car de nombreuses grandes entreprises ont reporté la réouverture de leurs bureaux.

M. Galardo a dit que jusqu’à ce que les affaires se rétablissent, il pariera encore plus sur le marché des loisirs qui a été plus résistant et est en partie soutenu par les communautés multiculturelles voyageant pour rendre visite aux familles et aux proches du monde entier.

Un « dernier obstacle »

M. Weatherill, de WestJet, estime que l’incertitude entourant les restrictions de voyage et les exigences de tests de dépistage de la COVID-19 contribuent à la réticence des passagers à acheter des billets.

Les tests sont coûteux, en particulier le test PCR requis pour rentrer au Canada. Alors que les vaccins deviennent disponibles pour les enfants dès l’âge de 5 ans, l’industrie souhaite que les tests, qu’elle considère comme le « dernier obstacle logistique et économique majeur à la reprise », se terminent en 2022.

« C’est également inutile, à notre avis, et c’est dans un monde où effectivement tous ceux qui voyagent sont doublement vaccinés », a dit M. Weatherill.

Les transporteurs canadiens espèrent qu’une politique mise à jour du transport aérien aux États-Unis, permettant aux voyageurs vaccinés de ne se fier qu’à des tests rapides au lieu de tests PCR ou d’utiliser des kits d’autotest, sera adoptée par le Canada.

« Nous espérons que le Canada verra finalement la lumière [et mettra fin à l’exigence de PCR] », a déclaré Robert Kokonis, président de la société de conseil en transport aérien AirTrav.

« Une fois que nous aurons fait cela, je vois la demande s’améliorer encore au cours de la saison des réservations à l’avance, à la fois pour l’hiver et pour l’été. »

La réouverture imminente de la frontière américaine pour les voyageurs canadiens le 8 novembre contribuera également à renforcer la confiance des passagers, car il y a eu confusion avec l’autorisation des voyages en avion alors que la frontière terrestre a été fermée, a ajouté M. Lund.

« Ajouter plus de cohérence entre les deux aidera simplement les gens à avoir cette confiance pour voler vers le Sud. »

Par ailleurs, une augmentation de 120 % des coûts de carburant au cours de l’année écoulée, à leur plus haut niveau depuis 2014, représente un défi pour toutes les compagnies aériennes, qui répugnent à imposer des surcharges pour le carburant.

« Nous n’avons pas eu de supplément pour le carburant chez WestJet depuis 2008 », a dit M. Duncan.

« Nous n’avons pas l’intention de rétablir un supplément carburant et nous travaillerons avec diligence pour gérer cette dépense croissante tout en maintenant des tarifs bas pour les Canadiens, comme nous l’avons toujours fait au cours des 13 dernières années. »