Shopify commence à observer une atténuation dans les niveaux de ventes en ligne des sociétés, qui avaient bondi pendant la pandémie de COVID-19.

« Alors que le monde commence à revenir à une certaine normalité et que les niveaux extrêmes d’achats en ligne au cours de l’année écoulée font place à davantage de vente et d’expériences en personne, la part du commerce électronique dans le commerce de détail global se réinitialise à un niveau inférieur au pic de l’année dernière », a noté jeudi Amy Shapero, lors d’une conférence téléphonique avec des analystes pour discuter des derniers résultats trimestriels de l’entreprise.

Malgré la tendance à la baisse, la directrice financière de la société technologique d’Ottawa a indiqué que Shopify avait remarqué que la part du commerce électronique sur le marché de la vente au détail restait plus élevée qu’elle ne l’était il y a deux ans et qu’elle était sur le point de reprendre un taux de croissance plus normalisé pour le long terme.

Les remarques de Mme Shapero interviennent alors que de nombreuses provinces et territoires canadiens ont assoupli les restrictions liées à la pandémie, autorisant notamment les restaurants et les lieux de divertissement à augmenter leurs limites de capacité.

Les analystes et le secteur de la vente au détail surveillent de près cette évolution pour déterminer si les modèles et les niveaux de dépenses des consommateurs reviennent aux normes d’avant la pandémie, et si le commerce électronique maintient la cadence effrénée qui s’est manifestée lorsque certains magasins ont été forcer de fermer temporairement.

Le logiciel de vente en ligne de Shopify a parfaitement positionné l’entreprise pour tirer parti de la transition vers le commerce électronique, mais a également fait de l’entreprise l’un des observateurs les plus susceptibles de détecter rapidement les changements du secteur de la vente au détail. La société pourrait en outre être affectée par le retour en activités des magasins physiques.

Ces derniers mois, les gens ont commencé à se déplacer plus souvent et à dépenser pour des services, des loisirs, des divertissements et des achats dans les magasins parce que les taux de vaccination sont si élevés, a souligné Mme Shapero.

« En conséquence, en juillet, nous avons vu l’ensemble du commerce de détail diminuer, et c’était parce que le commerce électronique diminuait au fur et à mesure que les gens se déplacent », a-t-elle expliqué.

« Mais ensuite, nous avons assisté à un rebond en août pour le commerce électronique […] attribuable au fait que les gens retournaient au bureau en personne et que les enfants retournaient (à l’école) en personne, et puis nous avons vu une autre reprise d’août à septembre. »

Revenus en hausse au 3e trimestre

Shopify a affiché jeudi un bénéfice du troisième trimestre de près de 1,15 milliard US, gonflé par un profit non réalisé sur ses placements en titres de capitaux propres, tandis que ses revenus ont progressé de 46 % par rapport à la même période l’an dernier.

La société de commerce électronique a réalisé un profit par action de 9 $ US pour son trimestre clos le 30 septembre, en tenant compte du profit non réalisé de 1,34 milliard US. Ce résultat se comparait à un bénéfice de 191,1 millions US, ou 1,54 $ US par action, pour le même trimestre l’an dernier.

Sur une base ajustée, Shopify a indiqué avoir touché un profit de 102,8 millions US, soit 81 cents US par action, pour son plus récent trimestre, en baisse par rapport à un profit ajusté de 140,8 millions US, ou 1,13 $ US par action, pour la même période l’an dernier.

Les revenus trimestriels ont totalisé 1,12 milliard US, en hausse par rapport à ceux de 767,4 millions US du même trimestre un an plus tôt.

Les revenus tirés des solutions par abonnement se sont chiffrés à 336,2 millions US, en hausse par rapport à ceux de 245,3 millions US de l’an dernier, tandis que les revenus des solutions aux marchands ont atteint 787,5 millions US, comparativement à 522,1 millions US au troisième trimestre de l’an dernier.

Le président de Shopify, Harley Finkelstein, s’est vanté jeudi de l’ajout de plusieurs nouveaux clients importants pour la société, dont Muji, L’Occitane, Spanx, Dockers et la nouvelle ligne de soins de beauté de l’actrice Jennifer Aniston, Lolavie.

Mais les analystes s’inquiètent de la capacité de l’entreprise à conserver des clients moins importants.

« Nous pensons que le taux de désabonnement est élevé au sein de l’entreprise en raison de la nature des petites et moyennes entreprises qui constituent sa base de clients », ont écrit les analystes de la Banque Royale dans une note récente.

« Au fur et à mesure que la base grandit, la croissance des marchands sera plus difficile à maintenir compte tenu de l’effet de désabonnement sur la base. »