(Toronto) Quelques nouveaux joueurs cherchent à pénétrer le marché des cartes de crédit.

Des sociétés de technologie financière comme Brim Financial, Float Inc., Caary Capital Ltd., Jeeves Inc., ou Neo Financial veulent se faire une place dans ce lucratif marché dominé par les grandes banques.

« Nous n’avons jamais eu un tel choix », dit Mikael Castaldo, un directeur général de Ratehub.ca.

Ces nouvelles venues tentent d’attirer des clients en promettant une plus grande transparence, des programmes de fidélité innovateurs en partenariat avec certaines marques et autres avantages comme l’absence de frais pour des transactions à l’étranger.

Selon M. Castaldo, ces entreprises n’ont pas le choix de se montrer créatrices, car elles ne peuvent pas offrir d’importants bonis aux nouveaux clients, à l’image des grandes banques.

« Elles commencent à peine. Il est bien difficile de calculer les marges pour les nouveaux fournisseurs de carte de crédit. »

Du côté des cartes corporatives, des sociétés comme Jeeves, Float et Caary visent les jeunes entreprises et les PME en leur offrant divers avantages : une adhésion rapide, plusieurs cartes numériques, une limite supérieure, une intégration plus facile à des logiciels de gestion des dépenses et de comptabilité et absence de garantie personnelle.

« On peut faire beaucoup mieux, car 90 % des transactions passent par des banques locales », dit Dileep Thazhmon, co-fondateur et chef de la direction de Jeeves.

L’entreprise Jeeves, établie à New York, a lancé sans fanfare ni trompette ses activités au Canada plus tôt cette année. Jeeves y a recruté plus de 300 entreprises, dit-il.

La société surveille directement le compte bancaire d’un client et emploie des technologies d’apprentissage automatique pour juger les risques. Selon M. Thazhmon, cela permet à Jeeves d’offrir des limites de crédit supérieures sans exiger des garanties personnelles.

« Nous faisons confiance en notre gestion. Nous faisons confiance en notre moteur de risque. »

Les sociétés de technologie financière de carte de crédit ont connu une forte croissance aux États-Unis. Par exemple : Brex, une société établie à San Francisco, a lancé sa première carte en 2018. Sa valeur corporative était estimée à 7,4 milliards US en avril. La société new-yorkaise Ramp Businness a été fondée en 2020. Sa valeur est estimée à 3,9 milliards.

De jeunes entreprises torontoises se sont aussi lancées à l’assaut du marché des cartes de crédit numériques. Caary a récolté 4,1 milliards et Float a obtenu en « financement d’amorçage » en juillet.

Cette nouvelle concurrence s’ajoute aux pressions qui s’exercent sur les grandes banques. Les dettes liées à une carte de crédit ont chuté de 16,6 milliards au cours de la première année de la pandémie. Elles doivent aussi subir la concurrence des entreprises ayant intégré le modèle « acheter maintenant, payer plus tard ».

Toutefois, la route s’annonce difficile pour les nouveaux joueurs, croit Abhishek Sinha, de la firme EY Canada.

Ce n’est pas facile de se faire une place sur marché bien établi. Il semble que les clients canadiens soient plus réfractaires au risque. Ils se sentent bien avec le statu quo, contrairement aux Américains.

Abhishek Sinha, de la firme EY Canada

Les banques offrent déjà « tous les genres de cartes imaginables », ajoute M. Sinha. Les nouveaux arrivants doivent offrir quelque chose de vraiment fabuleux pour pénétrer ce marché. « Ce n’est pas une question d’occuper une niche déserte. C’est plutôt une question d’occuper une niche de façon différente. »

M. Sinha souligne que les banques ont accru leurs recherches de mise en marché depuis quelques années, faisant appel à plus de groupes de réflexion et des nouveaux produits et en offrant plus de produits communs.

M. Castaldo dit avoir observé que les banques plaçaient des ressources importantes afin de garder leur position dominante sur le marché des cartes de crédit.

« Elles font peser tout le poids de leur bilan financier et font appel à tous leurs cerveaux pour régler ce problème », lance-t-il.