L’automne est synonyme de changement pour Hub Studio. L’entreprise de création multidisciplinaire change de nom pour celui de Mirari et profite de l’inauguration du pavillon du Canada, qu’elle a conçu pour la Foire du livre de Francfort 2021 en Allemagne (du 20 au 24 octobre), pour élargir les territoires où elle veut créer.

« On voit Francfort comme une porte d’entrée sur le marché européen, indique Thomas Payette, cofondateur de Mirari. C’est notre carte de visite pour développer des projets de scénographie augmentée, pour avoir des évènements de grande envergure. »

Car on ne parle pas d’un simple kiosque, mais d’un pavillon d’honneur de 2000 pieds carrés, que Mirari a pu créer après avoir remporté un appel d’offres où les firmes d’architecture sont traditionnellement les favorites. Ce qui s’est traduit par le plus gros contrat de la firme. « On a été choisi à cause de notre approche expérientielle », dit Gonzalo Soldi, cofondateur de Mirari.

L’entreprise montréalaise, récemment responsable de la conception vidéo de la pièce de théâtre Embrasse au Théâtre du Nouveau Monde et qui compte aussi parmi ses clients la Ville de Montréal, C2 Montréal et le Ballet du Canada, propose une expérience immersive son, lumière et interactivités à Francfort. « On montre la culture, la richesse, la géographie et l’environnement naturel du Canada, dit Gonzalo Soldi. Ce contrat est venu avec d’autres, notamment de Québec Édition et Canada Books pour revoir leurs kiosques. »

PHOTO KAI PFAFFENBACH, REUTERS

Une visiteuse du pavillon du Canada, à Francfort, marche sur l'installation créée par Mirari.

Tant qu’à viser l’Europe, Mirari aimerait aussi étendre ses ailes jusqu’en Corée et au Japon. « On a un partenaire au Japon, explique Thomas Payette. On a fait un projet au Nouveau théâtre national de Tokyo en 2020. On sent une grande proximité culturelle avec ce pays. Pour la Corée, on est allés quelques fois en développement. Bien des musées sont à la recherche d’installations. »

Mirari ferait voyager ses idées et sa créativité plus loin que près, donc, les États-Unis n’étant pas dans la ligne de mire du studio à court terme. « On se sent plus loin culturellement des États-Unis, pays très protectionniste, estime Thomas Payette. Il faut collaborer avec des firmes de là-bas. On n’est pas fermés, mais on ne fera pas d’effort de développement. »

Les cofondateurs, qui se sont rencontrés alors qu’ils étudiaient en production à l’École nationale de théâtre, savent depuis longtemps qu’ils veulent émouvoir le public de façon inattendue. Leurs parcours scolaires et professionnels ont nourri leurs visées. « Dans cette école classique, on était des gars technos », raconte Gonzalo Soldi.

Le théâtre est toutefois resté au cœur de notre vision. L’aspect vivant de la scène est très important pour nous.

Thomas Payette, cofondateur de Mirari

Leur bébé s’est d’abord appelé Hub Studio par désir de montrer qu’ils souhaitaient créer des projets (installations, espaces, œuvres sur scène tant que dans l’espace public) rassembleurs. « En 2015, Hub avait du sens, mais aujourd’hui, il y a des hubs partout, constate Thomas Payette. On se sentait perdus dans cette masse. »

« Hub est un terme plus technologique, ajoute Gonzalo Soldi. Alors que Mirari désigne l’émerveillement. On était reconnus pour la technique, mais on est à notre meilleur dans la création. La techno est l’outil, pas la finalité. Le multimédia devient une technique pour arriver à nos fins. »

Le changement ne se manifeste toutefois pas juste par l’annonce d’un nouveau nom. La pandémie a forcé à une réflexion sur la façon de se constituer une équipe et de recruter les créateurs de leur studio. Par exemple, plutôt que d’embaucher à temps plein des employés aux fonctions spécifiques et de leur confier des projets parfois plus ou moins stimulants, les cofondateurs ont décidé de penser à la façon de mener un projet et d’ensuite embaucher temporairement les acteurs nécessaires à la réalisation de l’œuvre. « Avant, il fallait trouver des projets pour nourrir nos motion designers, explique Thomas Payette. On n’avait pas envie de tomber dans le mode usine, mais de création. »

« On a décidé de réduire le nombre d’employés autour du cœur créatif, poursuit Gonzalo Soldi. Personne n’est dans la production. Notre bassin de créateurs, c’est Montréal. Ça nous donne la liberté de créer n’importe quoi. »

De 11 employés, Mirari en compte désormais 7 à temps plein. Malgré ses plans de croissance, le studio souhaite rester petit. « Pour être capables de penser et mener à bien nos projets, affirme Thomas Payette. On a toujours eu une courbe assez stable de croissance. On veut avoir moins de projets, mais plus lucratifs et intéressants. On ne veut pas avoir 40 employés dans un an. On va chercher des experts, on rassemble. Ça nous ouvre à de nouvelles idées. On opte pour la cocréation tout en gardant le leadership sur la création. »