Dans l’espoir d’agrandir ses bureaux, le studio Ludia avait mis la main, en 2020, sur le troisième étage de l’édifice du Vieux-Montréal où ses employés se rassemblent depuis 2007. La direction avait signé un bail de cinq ans pour un espace qui allait gonfler à 60 000 pieds carrés son lieu de travail. Puis la COVID-19 est arrivée…

Malgré le fait que la tendance soit à la réduction des espaces de bureau, le studio de jeux vidéo sur mobile (Jurassic World Alive, Lovelink, Dragons – Rise of Berk) a décidé, après mûre réflexion, de conserver ce nouveau terrain de création et de l’aménager pour la nouvelle réalité du travail. « On a décidé de garder l’espace malgré la pandémie, car on ne sait pas ce qui va se passer une fois celle-ci derrière nous », explique Alex Thabet, président et fondateur de Ludia. « Et ça nous donne plus d’espace pour respecter les règles sanitaires. »

Le studio est prêt à accueillir ses 400 employés dès le 1er novembre. « Bientôt, ça va vibrer ici, je l’espère, dit Alex Thabet. On pense que de 25 % à 50 % des employés vont venir. On leur donne une totale flexibilité. Aucun superviseur ne peut obliger un employé à se présenter au bureau. On ne reviendra jamais en arrière. Cette flexibilité est une nécessité pour le recrutement dans notre milieu très compétitif. Et maintenant, on peut recruter partout de cette façon. »

Repensé avec l’agence lg2, c’est d’abord le nouveau logo de Ludia qui s’impose à la sortie des ascenseurs. L’espace à aire ouverte n’offre pas de bureaux individuels. Des endroits clos et vitrés aménagés pour quatre personnes permettent de se brancher rapidement pour des réunions virtuelles. Les lieux font une place de choix aux plantes, à des aires pour se regrouper et à des cellules pour réfléchir momentanément en solitaire.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Alex Thabet, président et fondateur de Ludia

Ce nouvel aménagement permet une flexibilité, de décider où l’employé va travailler. Et ce sera ainsi pour toujours. Les employés ont déjà tous les outils avec eux. La productivité individuelle n’a pas baissé pendant la pandémie, mais ç’a été le cas pour le travail en groupe. Ces 18 derniers mois, le télétravail a aussi été un gros désavantage pour attirer les talents. On a été moins créatifs, les gens ont souffert de l’isolement. Les bureaux permettent donc la coopération et la socialisation, pour des remue-méninges et la création.

Alex Thabet, président et fondateur de Ludia

Le nouvel étage comprend aussi un très large vestiaire ainsi qu’une boutique pour les vêtements et les accessoires signés Ludia. « On a des lieux prévus pour le silence, dont une future salle de 25 places décorée comme une bibliothèque avec des livres et sans téléphone cellulaire ! », lance Alex Thabet.

La direction se sait privilégiée d’avoir pu investir dans un tel aménagement, elle qui évolue dans une industrie qui n’a pas perdu sa clientèle pendant la pandémie. « Cependant, je ne sais pas si on peut isoler notre croissance avec la pandémie, car on a lancé de nouveaux jeux vidéo entre-temps », analyse le fondateur de Ludia, rachetée par l’américaine Jam City en 2021 pour 165 millions US. « Avec Jam City, on est mieux soutenu financièrement, affirme Alex Thabet. L’argent n’est plus en enjeu. [L’ancien propriétaire] Fremantle, qui ne connaissait pas notre industrie et qui valorisait la rentabilité à court terme, nous limitait dans notre croissance future. On dépense 10 fois plus avec Jam City sur nos jeux. »

Alex Thabet sait que tout n’est pas coulé dans le béton dans la façon d’investir son nouvel espace, alors que la COVID-19 sévit encore. « Sans pandémie, l’aménagement et la disposition des bureaux auraient été différents, convient-il. L’étage aurait ouvert il y a un an. Cela dit, l’aménagement pourrait encore changer au fil des mois, le temps qu’on trouve la recette qui réponde le mieux aux besoins des gens. »