Alors que près de 91 % de ses employés de bureau ont affirmé dans un sondage anonyme être doublement vaccinés, le président-directeur général du Groupe Aldo, David Bensadoun, aimerait que le gouvernement puisse lui donner le pouvoir d’exiger que tout son personnel travaillant au siège social de Montréal reçoive une protection adéquate contre la COVID-19. Selon lui, comme employeur, il ne peut actuellement obliger ses travailleurs à relever leur manche.

« On essaie d’encourager [les employés non vaccinés] de manière chaleureuse et insistante, a-t-il déclaré au cours d’un panel de discussion organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, lundi, dans le cadre du lancement de la Semaine Mode de Montréal. Je deviens très frustré parce que je veux protéger nos gens. Je veux que quand ils viennent au bureau, ils se sentent comme chez eux. J’aimerais tellement que le gouvernement [nous] donne le droit d’exiger la double vaccination pour [les employés] de notre bureau-chef. »

Ce sont 849 personnes qui travaillent actuellement au siège social de l’entreprise, situé depuis 2020 dans la rue Hodge, au nord de l’autoroute 40 et à l’est de Décarie.

Fait à noter, la femme du premier ministre François Legault, Isabelle Brais, était assise à la table d’honneur de l’évènement. « Mme Bray, si vous connaissez quelqu’un dans le gouvernement… », a lancé en riant Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, alors qu’il animait la discussion.

Or, rappelons qu’au début du mois, le premier ministre Legault avait déclaré que les employeurs privés avaient « le droit » d’exiger que leurs travailleurs soient vaccinés. Une affirmation qui avait ensuite été nuancée par le ministre du Travail, Jean Boulet. Les employeurs doivent garder en tête que les employés ont des « droits fondamentaux prévus à la Charte [et] qu’il ne faut pas porter atteinte à ces droits, à moins que ça soit véritablement nécessaire et que le niveau de risque soit suffisamment élevé pour le justifier », a-t-il précisé.

Sophie Boulanger, présidente-directrice générale et cofondatrice de BonLook, qui participait également à la discussion, a aussi souligné que son entreprise, qui compte 300 employés au pays, était plutôt en mode incitation à la vaccination. « On a toujours suivi les directives de la Santé publique. C’est ce qu’on continue à faire. On vient de repousser le retour au bureau de quelques semaines. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Sophie Boulanger, présidente-directrice générale et cofondatrice de BonLook

La mode durable

Par ailleurs, questionné à propos de son rôle environnemental, le grand patron d’Aldo, qui souligne que son entreprise est carboneutre depuis quatre ans, affirme que la mode durable ne figure pas sur la liste des priorités des consommateurs.

« Je dois dire que je suis vraiment frustré, parce que je ne vois pas, à date, que les clients [font vraiment des choix] basés sur la position de développement durable de chaque compagnie, a-t-il dit. On a deux ou trois compétiteurs directs aux [États-Unis] et on voit que les clients magasinent pour le prix, le style, et l’environnement tombe aux 10e, 11e, 12e [rangs] dans les priorités. »

Questionné à nouveau à ce sujet par les journalistes, à la fin de l’évènement, il a sensiblement tenu les mêmes propos en utilisant une fois de plus le terme « frustré ».

La directrice des communications de l’entreprise, Marie-Pierre Grenier, également présente, a toutefois voulu apporter des nuances. « Frustré, en anglais, a une signification différente, a-t-elle tenu à souligner. C’est plus une déception. On investit dans la carboneutralité. Mais la frustration, elle [vient du] fait que les clients n’investissent pas en argent à cet égard. »

« On est déçus. Peut-être que c’est le meilleur mot, a ensuite convenu M. Bensadoun. Et c’est vraiment triste. Ils magasinent pour des marques qui font venir tous leurs stocks en avion. Nous, on fait tout par bateau. »

Centre de distribution et restructuration

Par ailleurs, rappelons que Groupe Aldo s’est placé à l’abri de ses créanciers en mai 2020 et a dû quitter son majestueux siège social quelques mois plus tard pour s’installer dans un plus petit espace. L’entreprise est actuellement en restructuration. Mme Grenier a prévenu les journalistes que M. Bensadoun ne souhaitait pas en parler pour le moment.

En déménageant, Aldo a installé, il y a un an, un centre de distribution dans le même édifice que ses bureaux. Il s’agit du seul au Canada. Les autres sont situés aux États-Unis. Le centre de 280 000 pieds carrés emploie 120 personnes.

Avec la collaboration de Tommy Chouinard, La Presse

Aldo en chiffres

Nombre de magasins au Québec : 66

Nombre de magasins au Canada : 215

Nombre de magasins dans le monde : 1356

Nombre total d’employés au Canada : 3446 (siège social et magasins)

Source : Groupe Aldo