(New York) Boeing se remet peu à peu du trou d’air de la pandémie ainsi que des déboires du 737 MAX et, pour la première fois depuis 2019, a gagné de l’argent au deuxième trimestre et décidé dans la foulée de ne pas supprimer davantage de postes.

Face à la chute des commandes d’avions qui avait accompagné la propagation de la COVID-19, le constructeur aéronautique américain s’était résolu à faire baisser son effectif total à 130 000 employés fin 2021, contre 160 000 début 2020.  

La situation s’améliorant, il va finalement rester au niveau d’emplois actuels, à environ 140 000 salariés, a précisé le directeur général Dave Calhoun dans un message aux employés publié mercredi.

Pour la suite, les embauches dépendront de « la reprise du marché des avions de ligne, des relations commerciales avec la Chine et de la propre performance » du groupe, a-t-il précisé.  

Les finances commencent déjà à s’assainir : Boeing a dégagé un bénéfice net de 587 millions de dollars d’avril à juin, contre une perte de 2,4 milliards de dollars sur la même période un an plus tôt.  

Son chiffre d’affaires a progressé de 44 % pour atteindre 17 milliards de dollars.  

Le titre bondissait de 5,4 % à la mi-séance à la Bourse de New York.

« Pour la première fois depuis longtemps, la situation semble ne pas s’aggraver chez Boeing », a commenté Peter McNally du cabinet Third Bridge.  

Des profits grâce à la défense

Boeing peut enfin compter sur les livraisons de son avion-vedette, le 737 MAX, cloué au sol pendant vingt mois suite à deux accidents mortels avant d’être autorisé progressivement à revoler dans le monde depuis fin 2020.  

Le constructeur en a depuis acheminé 130 exemplaires aux clients et a reçu 280 commandes.

Les compagnies sont encouragées par le retour des passagers dans les avions au fur et à mesure des campagnes de vaccination.

United Airlines, par exemple, a passé, fin juin, la plus grosse commande de son histoire : 200 Boeing 737 MAX et 70 Airbus A321neo.

La division d’aviation commerciale de Boeing reste toutefois déficitaire.  

Le groupe doit en effet parallèlement faire face à la suspension des livraisons du long-courrier 787 Dreamliner après la découverte de nouveaux vices de fabrication.

Or c’est au moment des livraisons que les clients paient l’essentiel de leur facture.

Mais, a souligné M. Calhoun, « si on veut régler tous les problèmes (de production) une fois pour toutes, c’est le bon moment pour le faire » puisque les compagnies n’ont pas forcément besoin actuellement du long-courrier, surtout utilisé sur les vols internationaux.

Pour gagner de l’argent, Boeing se repose sur sa division défense, espace et sécurité, dont le chiffre d’affaires a progressé de 4 % sur le trimestre et dont les bénéfices ont fortement augmenté.  

La Chine déterminante

La division de services aux clients, dont les revenus ont augmenté de 17 %, est aussi rentable.

Avec la reprise du trafic aérien, les compagnies ont besoin de plus de maintenance sur leurs appareils.  

Le patron de Boeing s’est félicité des « progrès importants » réalisés par le groupe et de « l’amélioration de l’environnement pour l’aviation commerciale », particulièrement aux États-Unis.

Mais, a-t-il souligné, « nous surveillons de près les taux de cas de COVID-19, la distribution des vaccins et l’état du commerce mondial, devenus des indicateurs clés pour la stabilité du secteur ».  

Boeing s’attend toujours à un retour du trafic de passagers au niveau d’avant la pandémie en 2023 ou 2024.

À plus court terme, estime le constructeur, la situation reste compliquée par la virulence du variant Delta, et les mesures de restrictions de nouveau mises en place par certains pays.

Mais « je ne pense pas que cela aura de sévères répercussions » sur le secteur, a estimé M. Calhoun dans une interview sur CNBC.  

Il se montre plus inquiet des relations commerciales avec Pékin.  

Boeing espère que les autorités chinoises, qui n’ont toujours pas autorisé le 737 MAX à revoler, donneront leur feu vert d’ici la fin de l’année.

Surtout, le constructeur n’a pas reçu de grosses commandes de compagnies du pays depuis plusieurs années.

Airbus non plus, a souligné M. Calhoun. « Mais notre gouvernement est bien conscient que si on laisse le marché chinois nous échapper, les Européens vont prendre la place. Et c’est ce qui déterminera qui est le numéro un mondial. »