On remarque à peine le bâtiment de tôle ondulée bleue en bordure de l’autoroute 50, à mi-chemin entre Montréal et Montebello. Une fois sur la voie de desserte, impossible de rater l’usine de Be Well Spa. Et surtout son imposante voisine, en tôle rouge celle-là, inaugurée au début de 2021.

Le fabricant de spas et de piscines de Lachute est peu connu du grand public, mais il a le vent dans les voiles, c’est le moins qu’on puisse dire. Son chiffre d’affaires devrait passer de 26 millions en 2020 à près de 60 millions cette année, avance son dirigeant et actionnaire principal, Fabrice Ferrini. Le nombre d’employés devrait doubler – à 400 – pendant la même période.

« On a déjà fait en six mois l’équivalent de notre chiffre d’affaires de l’année dernière », affirme M. Ferrini pendant une visite de la vaste usine où flotte en permanence une odeur de résine plastique.

Le groupe fabrique ici 25 modèles de spas, de A à Z. La chaîne de production commence avec le moulage d’une grande feuille d’acrylique, qui est ensuite recouverte de fibre de verre, percée d’une centaine de trous, retaillée et montée sur une structure de bois, avant l’installation des systèmes de pompes, de jets et des composants électroniques.

  • Des travailleurs sortent un spa d’un moule.

    PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

    Des travailleurs sortent un spa d’un moule.

  • Le poste de fibre de verre de la 2e usine

    PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

    Le poste de fibre de verre de la 2e usine

  • À ce poste, on perce les trous pour les jets.

    PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

    À ce poste, on perce les trous pour les jets.

  • À l’étape de vérification, le spa est rempli d’eau pour s’assurer de son bon fonctionnement avant qu’on y ajoute les éléments de finition.

    PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

    À l’étape de vérification, le spa est rempli d’eau pour s’assurer de son bon fonctionnement avant qu’on y ajoute les éléments de finition.

  • Le spa reçoit ses derniers panneaux de finition et est poli.

    PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

    Le spa reçoit ses derniers panneaux de finition et est poli.

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En tout, le processus compte 11 étapes et requiert une quarantaine d’heures de labeur. L’entreprise fabrique entre 23 et 27 spas chaque jour, et s’attend à en livrer entre 5500 et 6000 cette année.

« Une personne toute seule mettrait 40 heures à faire un spa, explique M. Ferrini. Multipliez ça par 6000 spas, ça vous montre de combien de gens on a besoin. »

Recrutement constant

Fabrice Ferrini le reconnaît d’emblée : son entreprise est « discrète ». Be Well Spa est quasi absente du radar des médias traditionnels, mais est bien active sur les réseaux sociaux pour recruter des employés.

« Tout le temps, on passe des annonces pour avoir du nouveau personnel, dit le chef d’entreprise. On embauche cinq ou six personnes par semaine. »

La jeune société – fondée en 2012 – a déménagé son usine de Saint-Lin–Laurentides à Lachute quelques années après sa fondation. Une décision prise en bonne partie pour retenir son personnel, qui provenait majoritairement de cette région de l’ouest des Laurentides, située à une heure de route, dit M. Ferrini. « On n’a pas voulu les perdre. »

Le dirigeant de Be Well Spa se dit peu touché par la pénurie de personnel qui fait la manchette depuis quelques années partout au Québec. Pour rendre les postes plus attrayants dans ses usines, son groupe a augmenté il y a un an et demi le salaire de départ. Il est passé du minimum (autour de 13 $ à l’époque) à 17,75 $. « À Lachute, c’est un bon salaire », avance-t-il.

Tous les employés qui étaient déjà en poste ont vu leur salaire bonifié de 2 $ à 3 $ l’heure, et l’entreprise a créé en parallèle une prime d’assiduité.

C’est un mauvais calcul de payer les employés 13 $ l’heure. C’est beaucoup plus payant d’augmenter. On a augmenté tout le monde au prorata.

Fabrine Ferrini

Dans les faits, c’est bien davantage la pénurie de matériel que de personnel qui touche ces jours-ci l’entreprise, confie Fabrice Ferrini. Dans sa nouvelle usine de 57 000 pi2 inaugurée en janvier dernier, une vaste section, destinée à la fabrication future de piscines, sert aujourd’hui à accumuler les matières premières que le groupe reçoit de sa vingtaine de fournisseurs.

L’entrepreneur – qui a fondé Be Well Spa avec deux actionnaires minoritaires, Nicolas Toussaint et Sébastien Luciani – prévoit que le groupe fabriquera 11 000 spas l’an prochain. L’année dernière, la production s’est élevée à 2400 unités, vendues entre 8000 $ et 12 000 $.

Quelque 70 % des spas produits ici sont destinés au marché de l’exportation – vers la France, l’Angleterre, l’Italie et l’Australie, notamment – tandis que le reste est vendu au Québec et en Ontario.

L’attrait des piscines

Fabrice Ferrini exploite aussi avec ses associés une société sœur qui fabrique des piscines, Okéanos. Sans surprise, la demande pour ce produit a explosé pendant la pandémie, souligne le Français d’origine, qui possédait une usine de piscines et de spas à Nîmes avant d’immigrer au Canada en 2010.

Le marché de la piscine et du spa au Québec, proportionnellement à la population, est le plus gros au monde. Allez sur Google Earth, dans n’importe quelle région, il y a des piscines partout. On regarde en France, en Italie ou même en Californie, et ce n’est pas comme ça.

Fabrice Ferrini

Le groupe fait aussi l’installation. M. Ferrini confirme que toutes les plages sont bouclées jusqu’en octobre, tandis que les réservations sont déjà nombreuses pour l’été 2022.

Le travail manuel reste prépondérant dans toute la chaîne de production. Par exemple, le perçage des 100 à 150 trous dans chaque spa, destinés à recevoir les jets, se fait à la main. La tentative d’automatiser prend du temps, reconnaît M. Ferini.

« On a acheté un robot pour percer les trous il y a trois ans… et on attend toujours qu’on nous le livre ! »

Be Well Spa/Okéanos

Produits : spas et piscines
Année de fondation de l’entreprise : 2012
Nombre d’employés : environ 200 
Actionnaire principal : Fabrice Ferrini