(Stockholm) L’action du géant suédois des télécoms Ericsson a chuté lourdement vendredi après un deuxième trimestre marqué par de mauvaises nouvelles en Chine, malgré un contrat géant de plus de 8 milliards de dollars décroché auprès de l’Américain Verizon aux États-Unis.

À la Bourse de Stockholm, le titre du deuxième fournisseur mondial de réseaux télécom a terminé sur une chute de 9,4 %, plombé par les inquiétudes sur des représailles en Chine au bannissement de ses concurrents chinois Huawei et ZTE de la construction de réseaux 5G en Suède.

« Nous ne connaissons pas réellement l’issue des appels d’offres (chinois), mais il est prudent de prévoir une part de marché sensiblement plus faible en Chine », a déclaré le PDG Börje Ekholm, lors d’une conférence d’analystes.

Effondrement des ventes en Chine

Les ventes en Chine se sont effondrées des deux tiers au deuxième trimestre, tombant de façon imprévue à 1,5 milliard de couronnes et la direction a suggéré que la situation était durable sur l’important marché chinois.

Nous connaissons les tensions géopolitiques avec la Suède […] Ne partez pas du principe que ça rebondira.

Le PDG d’Ericcson Börje Ekholm, dans un avertissement aux actionnaires.

Au deuxième trimestre, le fleuron suédois a dégagé un bénéfice net de 3,9 milliards de couronnes (566 millions de dollars canadiens), en hausse de 51 % sur un an, tiré par l’amélioration de sa rentabilité générale, selon son rapport financier.

Mais le chiffre d’affaires est ressorti en légère baisse (-1 %), à 54,9 milliards de couronnes, du fait essentiellement du net déclin des ventes en Chine, ainsi que d’un recul des revenus liés aux brevets.

Selon Factset et Bloomberg, les analystes s’attendaient à un bénéfice net moindre (aux alentours de 520 millions de dollars canadiens), mais à un chiffre d’affaires nettement supérieur, au-delà des 57,2 milliards de couronnes.

Gros contrat avec l’américain Verizon

Le groupe suédois, numéro 2 mondial du secteur derrière Huawei, a également annoncé un important contrat de 8,3 milliards de dollars américains (10,4 milliards de dollars canadiens) dans la 5G avec l’opérateur américain Verizon, présenté comme « le plus gros contrat » de l’histoire d’Ericsson.

L’accord court sur cinq ans aux États-Unis, qui ont lancé sous l’ère Trump une croisade anti-Huawei ayant fait des émules ailleurs dans le monde.

« Nous gagnons des positions sur les autres marchés » que la Chine, a souligné le PDG d’Ericsson.

Bataille aux volets géopolitiques

Ericsson est engagé dans une féroce bataille aux volets géopolitiques pour construire les réseaux 5G à travers le monde, avec pour principaux concurrents Huawei et le finlandais Nokia, sous l’œil de Washington qui n’a plus d’acteur de premier rang.

Après la décision à l’automne 2020 de l’autorité suédoise des télécoms de bannir les chinois Huawei et ZTE des réseaux 5G dans le pays nordique, Ericsson s’était retrouvé dans la position paradoxale de défendre Huawei auprès du gouvernement suédois, par crainte de représailles en Chine.

Même pour Ericsson, le marché chinois est en effet beaucoup plus important que son petit marché national en Suède.  

Le bannissement, qui intervient après des décisions similaires aux États-Unis et au Royaume-Uni notamment, a depuis été confirmé en première instance par la justice suédoise.

Même sort que H & M en Chine

Les difficultés d’Ericsson en Chine suivent un mouvement de boycottage en Chine visant un autre géant suédois, le numéro 2 mondial de l’habillement H & M.

Celui-ci a fait l’objet de campagnes de dénigrements sur les réseaux sociaux et s’est retrouvé dans le viseur de Pékin après avoir arrêté d’acheter du coton du Xinjiang pour éviter des violations des droits humains.

Au deuxième trimestre, les ventes de H & M avaient plongé de plus d’un quart en Chine alors qu’elles augmentaient pratiquement partout ailleurs.