L’exercice financier qui débutera en septembre pourrait marquer une étape importante dans l’histoire de Cogeco, notamment sa possible entrée dans le sans-fil.

C’est ce qu’a souligné jeudi le PDG de Cogeco Communication, Phillipe Jetté, au cours d’une conférence téléphonique avec des analystes.

« Nous envisageons la possibilité d’offrir des services sans fil mobiles en complément des services que nous offrons et si nous déterminons que cette occasion est attrayante d’un point de vue financier, nous nous attendons à effectuer des investissements à ce titre au fil du temps », explique Cogeco dans des documents complémentaires à ses résultats trimestriels.

La direction prévient toutefois que le lancement d’activités liées aux services sans fil mobiles comporte des risques importants, car les investissements porteraient notamment sur l’acquisition de licences de spectre, les infrastructures et les systèmes liés aux réseaux, les appareils portables, les coûts de démarrage et les tarifs d’exploitant de réseaux mobiles virtuels qui demeurent incertains.

Ces investissements pourraient se traduire par une pression à la baisse sur le bénéfice d’exploitation ajusté, les marges, les bénéfices et les flux de trésorerie disponibles. À long terme, les activités liées aux services sans fil mobiles pourraient ne pas répondre aux attentes en matière de rentabilité.

Cogeco

Cogeco a accueilli favorablement la politique réglementaire sur les services sans fil mobiles rendue ce printemps. La décision du CRTC permet aux acteurs régionaux d’avoir accès aux réseaux sans fil des principaux fournisseurs canadiens tels Rogers, Bell, Telus et SaskTel.

Les grands opérateurs canadiens doivent fournir aux entreprises régionales de services sans fil un accès dans les zones où elles détiennent des licences d’utilisation de spectre de niveau 4 ou plus. Cogeco détient une licence de spectre de niveau 4 dans 37 des 55 zones de niveau 4 ou plus où elle offre actuellement des services en Ontario et au Québec. Un accès d’exploitant de réseaux mobiles virtuels est offert pour une période de sept ans et les tarifs doivent être négociés. Le CRTC peut au besoin offrir un arbitrage.

« Ce cadre réglementaire nous procure plus de clarté dans le développement de nos plans pour offrir des services sans fil mobiles », dit Philippe Jetté.

5G

Cogeco est une des 23 entreprises qualifiées pour participer aux enchères du spectre de la bande 3500 mHz qui se déroulent depuis le 15 juin. Les enchères doivent se terminer d’ici une dizaine de jours et les résultats des enchères seront ensuite publiés.

Les actifs aux enchères sont notamment prisés pour la vitesse de transmission des données sur les réseaux 5G.

L’annonce, fin juin, de l’acquisition de WideOpenWest par Cogeco au coût d’environ 1 milliard laisse entendre que les projets d’expansion de Cogeco dans le sans-fil risquent d’être moins agressifs au Canada (en achetant des actifs qui pourraient être mis en vente à la suite de l’achat de Shaw par Rogers ou durant les enchères qui se déroulent actuellement), sans l’aide d’un partenaire d’envergure à tout le moins.

C’est ce que souligne l’analyste Jeff Fan, de la Scotia, dans une note de recherche.

« Si Cogeco est moins active durant les enchères, ça donne l’occasion à d’autres entreprises régionales d’être opportunistes pour acquérir des blocs de spectre réservés [aux plus petits opérateurs] », souligne cet expert.

Vidéotron participe aussi aux enchères et est également considérée comme une entreprise régionale pour les enchères. Et comme Cogeco, la filiale de Québecor caresse des ambitions dans le sans-fil. La direction de Vidéotron a souvent laissé entendre qu’elle pourrait élargir son offre dans le sans-fil à l’extérieur du Québec. Mais Vidéotron a dans le passé procédé à l’acquisition de spectre – un bien public – pour ensuite le revendre à profit au lieu de l’utiliser pour investir dans ses infrastructures et élargir son réseau.

Il sera intéressant de voir ce que Cogeco et Vidéotron auront pu obtenir cet été durant les enchères, mais aussi ce qu’ils en feront. Surtout que d’autres enchères pour du spectre sont déjà prévues au cours des deux prochaines années.

Selon le Globe and Mail, les enchères en cours seraient sur le point de rapporter 8 milliards de dollars au gouvernement fédéral, beaucoup plus que ce qui est anticipé. La TD, par exemple, estimait le résultat global des enchères à 3 milliards.

« En plus de gonfler la dette et d’affecter la valeur des entreprises, le prix payé risque d’affecter la confiance des investisseurs à l’approche des enchères suivantes », commente Vince Valentini, de la TD, dans une note publiée jeudi.

« Je dois afficher ma frustration envers l’industrie dans son ensemble. Comment peut-on formuler un argument en faveur d’une expansion des multiples d’évaluation des entreprises si on continue d’avoir des mauvaises surprises liées à des grosses dépenses inattendues pour des choses comme du spectre », ajoute-t-il.