Le constructeur montréalais de véhicules récréatifs 100 % électriques Taiga profite d’une tempête parfaite pour faire le saut en Bourse.

L’électrification des transports est un thème à la mode, le confinement favorise la demande pour les produits discrétionnaires comme les motoneiges et les motomarines, et les marchés boursiers sont réceptifs.

« Le timing est très bon », lance le PDG et cofondateur de Taiga, Samuel Bruneau.

« Il y a une forte demande du consommateur et on avait besoin de financement pour pouvoir répondre à cette demande », précise-t-il.

L’inscription de Taiga à la Bourse de Toronto s’effectuera par l’entremise d’une fusion avec Canaccord Genuity Growth II, une société d’acquisition à vocation spécifique dont les actions sont inscrites depuis le début du mois seulement à Toronto sous le symbole CGGZ.UN. Le titre a d’ailleurs gagné 9 % mercredi dans la foulée de l’annonce avec Taiga.

La clôture de la transaction est prévue en avril, après quoi l’action s’échangera sous le symbole TAIG.

Taiga emprunte donc un chemin similaire à celui de Lion Électrique, constructeur de camions et d’autobus électriques de Saint-Jérôme dont les actions seront bientôt inscrites en Bourse, après qu’elle a bouclé elle aussi une entente avec une société d’acquisition à vocation spécifique.

L’opération doit rapporter à Taiga quelque 185 millions. Cet argent doit servir à financer la croissance des activités.

Taiga, dont l’effectif est d’une cinquantaine d’employés, exploite présentement une usine de 50 000 pi2 à Montréal (arrondissement de LaSalle), où se trouve aussi son centre de R et D et le siège social.

Taiga compte ouvrir une autre usine au Québec, plus grande, d’une superficie 340 000 pi2. L’endroit précis doit être annoncé dans les prochaines semaines. « On vise à créer un total de 700 emplois d’ici 2025 », dit Samuel Bruneau.

Il précise que Taiga embauchera des ingénieurs spécialisés en propulsion électrique, en fabrication de véhicules et en logiciels. Taiga entend aussi bonifier ses équipes de ventes, marketing et administration à Montréal, tandis que les embauches à la future usine à l’extérieur de Montréal seront surtout des employés de production et du personnel de soutien administratif.

Fondée en 2015, Taiga est en préproduction. Samuel Bruneau soutient que les précommandes pour ses motoneiges et motomarines dépassent les 1400 unités. Taiga prévoit livrer sa première motomarine en juin et sa première motoneige, en octobre. « On compte produire au total 2000 motoneiges et motomarines cette année et 60 000 en 2025 », dit Samuel Bruneau.

Le jeune PDG de 29 ans entend aussi utiliser une partie des fonds récoltés pour commencer à établir un réseau de recharge électrique hors route à travers l’Amérique du Nord. « On pense notamment aux grands trajets de motoneiges au Québec et en Ontario. On est en discussions avec la Fédération de motoneige pour identifier les meilleurs sites pour installer des bornes de recharge rapide », dit-il.

Celui qui a cofondé Taiga avec Gabriel Bernatchez et Paul Achard – deux amis avec qui il a étudié en génie à McGill – souligne que les motoneiges électriques ont une autonomie de 100 à 140 km, selon le modèle.

« Il y a deux grosseurs de batterie-pack », dit-il en ajoutant que les batteries peuvent se recharger complètement en deux heures, ou entre huit et dix heures, selon le type de prise.

PHOTO TIRÉE DU SITE DU CONSTRUCTEUR

La motomarine Orca de Taiga

Taiga fixe le prix de vente de ses motoneiges et motomarines à partir de 15 000 $US, soit environ 19 000 $, selon le modèle. L’entreprise développe aussi un véhicule tout-terrain côte à côte qui pourrait être prêt à commercialiser dans les « prochaines années ».

Samuel Bruneau évalue la taille du marché global à desservir à environ 50 milliards canadiens (tous types de véhicules récréatifs compris).

« Il est possible d’élargir ce marché à un nouveau type de consommateurs, parce que beaucoup de personnes n’auraient pas acheté préalablement une motoneige à combustion en raison du bruit et de l’impact environnemental. »

L’électrique vient ouvrir un nouveau segment de marché. Beaucoup de gens placent des commandes chez nous après avoir acheté une Tesla ou un véhicule électrique. Ils vont acheter la première motomarine de leur vie parce qu’elle est électrique.

Samuel Bruneau, PDG et cofondateur de Taiga

S’il admet que Taiga est en concurrence avec BRP, Polaris, Arctic Cat, etc., il juge qu’il s’agit d’une concurrence indirecte pour l’instant, car les véhicules de Taiga sont 100 % électriques et non à combustion.

« Notre vision est de pousser l’électrification dans le marché hors route. On serait heureux de voir les autres manufacturiers embarquer dans l’électrique, parce qu’on voit une grosse demande et Taiga ne pourra à elle seule répondre à cette demande au cours des cinq prochaines années », dit-il.

« On veut qu’il y ait plus de véhicules électriques hors route, c’est meilleur pour le marché. On a pris l’approche Tesla. On souhaite l’adoption le plus rapidement possible, parce que ça va aider le développement du réseau de bornes et de la clientèle. »