Le promoteur montréalais Canderel lance la phase 2 de son campus ciblant les jeunes pousses technologiques axées sur l’intelligence artificielle (IA), situé dans le quartier Mile-Ex, à Montréal.

La société à qui l’on doit notamment la construction des Tours du Canadien, au centre-ville, fait preuve d’audace en mettant en location 157 000 pieds carrés de bureaux au moment où beaucoup de grands propriétaires s’interrogent sur les répercussions de la popularité du télétravail sur les bureaux.

« Nous sommes convaincus que Montréal est promis à un bel avenir, dit Brett Miller, chef de la direction de Canderel, pour justifier le projet. Nous sommes aussi convaincus que les bureaux vont continuer d’exister. Finalement, nous sommes convaincus que l’économie québécoise va rebondir fort dans les 12 prochains mois. »

Canderel a déjà commencé les travaux de rénovation d’au-delà de 10 millions au 6600, rue Saint-Urbain : façade, hall d’entrée, corridors, toilettes, ascenseurs et systèmes mécaniques.

« On veut en faire le produit idéal pour les start-up en technologie, en IA et en sciences de la vie, des domaines d’activité très présents dans le secteur », précise M. Miller, que La Presse a rencontré vendredi dernier.

  • Le 6600, rue Saint-Urbain au terme des rénovations

    ILLUSTRATION FOURNIE PAR LE PROMOTEUR

    Le 6600, rue Saint-Urbain au terme des rénovations

  • Les travaux visent à refaire une beauté aux espaces communs comme le hall d’entrée.

    ILLUSTRATION FOURNIE PAR LE PROMOTEUR

    Les travaux visent à refaire une beauté aux espaces communs comme le hall d’entrée.

  • Cherchant à attirer les jeunes sociétés, le 6600, rue Saint-Urbain mise sur la flexibilité de ses locaux comme argument de location. Son propriétaire offre même des bureaux clés en main, appelés Pronto.

    ILLUSTRATION FOURNIE PAR LE PROMOTEUR

    Cherchant à attirer les jeunes sociétés, le 6600, rue Saint-Urbain mise sur la flexibilité de ses locaux comme argument de location. Son propriétaire offre même des bureaux clés en main, appelés Pronto.

  • Aperçu de l’allure des bureaux de futurs locataires du secteur de la technologie

    ILLUSTRATION FOURNIE PAR LE PROMOTEUR

    Aperçu de l’allure des bureaux de futurs locataires du secteur de la technologie

1/4
  •  
  •  
  •  
  •  

« Nous avons toute la flexibilité nécessaire pour nous adapter aux besoins des locataires », fait-il remarquer en français, lui qui habite Montréal depuis 20 ans et qui est sud-africain d’origine. « Par exemple, pour faire face aux défis posés par la COVID-19, il est possible d’y installer un système de ventilation indépendant par utilisateur. Et nous sommes un des rares immeubles du secteur dont les fenêtres s’ouvrent. »

Les loyers y seront bas, moins de la moitié du prix du centre-ville, soit environ 25 $ du pied carré brut (loyer de base + frais + taxes).

« On offrira de la flexibilité sur le terme, les conditions et l’ajout de locaux », insiste M. Miller. Au 5étage, Canderel va aménager des bureaux clés en main appelés Pronto, une sorte de suites Regus, mais maison. Ils seront offerts dès janvier prochain, et selon des termes de 3, 6 ou 12 mois.

C’est en août dernier que Canderel est devenu propriétaire de l’actif. Il a payé 18 millions pour acquérir le bâtiment de cinq étages construit en 1965. L’édifice est le voisin du complexe O Mile-Ex, qui loge une grande concentration de chercheurs en IA avec l’Institut québécois de l’intelligence artificielle (MILA), l’Institut de valorisation des données (IVADO) et ce qui restera d’Element AI après son intégration au sein de la société américaine ServiceNow. Signe de la popularité de l’IA parmi les investisseurs, Spear Street Capital a payé 153 millions en août 2019 pour racheter l’O Mile-Ex, qui est l’ancienne usine Tricots Main.

Le 6600, Saint-Urbain constitue la troisième acquisition pour Canderel à l’intérieur de ce qu’on appelle la Cité de l’intelligence artificielle.

En juillet 2019, la société fondée par Jonathan Weiner avait racheté, également d’Olymbec, le 155, rue Beaubien Ouest pour 13,85 millions. L’immeuble se distingue par la forme de sa toiture, qui ressemble à la nageoire dorsale d’un crapet-soleil.

Le 155, Beaubien Ouest et le 6600, Saint-Urbain sont séparés par l’ancienne emprise du CP qui deviendra le parc des Gorilles (eh ! oui) et qui contribuera à créer l’ambiance d’un campus, croit le propriétaire.

En mars 2018, Canderel, cette fois en partenariat avec la société Claridge de la famille de Stephen Bronfman, avait acquis le 6795, rue Marconi pour 4,55 millions. L’immeuble, qui a depuis été agrandi à 100 000 pieds carrés et rénové de fond en comble, accueille maintenant l’équipe IA de Microsoft sur 32 000 pieds carrés et les travailleurs de l’IVADO Labs. L’adresse est louée à 85 % de sa superficie.

Ajout potentiel de 500 000 pieds carrés de bureaux

« Avec nos immeubles dans le secteur, on essaie de créer un campus, explique M. Miller. Il y a un lien entre nos trois immeubles. On se positionne pour servir les locataires sur la durée de leur cycle de vie. Ils vont commencer comme jeune pousse au 6600, Saint-Urbain, avec des locaux abordables et flexibles. Quand ils seront rendus au stade d’avoir des bureaux de 20 000 pieds carrés, ils pourront graduer au 6795, Marconi, où se trouve Microsoft et qui se veut un immeuble haut de gamme, et éventuellement au 155, rue Beaubien Ouest, où l’on pourrait construire un immeuble jusqu’à 500 000 pieds carrés.

« On va les accompagner pas à pas. C’est rare que le même locataire puisse rester avec le même propriétaire tout au long de son cycle de vie et ainsi créer un vrai partenariat entre les deux parties. Pour nous, c’est l’avenir du marché des bureaux post-COVID », avance M. Miller.

Depuis 2018, la stratégie pour l’essor de l’écosystème québécois en intelligence artificielle cherche à encourager l’établissement dans le voisinage de l’O Mile-Ex d’une concentration de ressources en IA, de façon à favoriser la création d’un écosystème d’innovation, en stimulant la collaboration, la création et le transfert technologique.

Canderel a compris le message.