(Londres) Le groupe britannique de prêt-à-porter Arcadia, connu pour son enseigne Topshop, a déposé le bilan lundi, emporté par une chute d’activité en raison de la crise sanitaire, a annoncé le cabinet Deloitte.

Le groupe, qui appartient au controversé homme d’affaires Philip Green, s’est placé sous le régime des faillites au Royaume-Uni et Deloitte a été nommé administrateur, selon un communiqué.

Il s’agit d’un nouveau coup de tonnerre dans le commerce britannique touché de plein fouet par la crise sanitaire et l’essor des achats en ligne.

Cette décision rend incertain le sort de ses 13 000 salariés et des près de 500 magasins du groupe, qui abrite notamment les enseignes comme Topshop, Dorothy Perkins et Burton.

Deloitte précise qu’aucun licenciement n’est d’actualité et que l’activité du groupe se poursuit, avec une réouverture des magasins cette semaine en Angleterre après une fermeture d’un mois pendant le reconfinement. Plus de 9000 salariés bénéficient encore du chômage partiel.

Le cabinet va désormais devoir trouver des repreneurs pour les différents actifs.

« C’est un jour incroyablement triste », a déclaré le directeur général d’Arcadia, Ian Grabiner.

« Les obstacles que nous avons subis étaient trop sévères », a-t-il dit, en référence à la perte d’activité engendrée par la pandémie.

Arcadia s’est résolu à cette faillite après n’avoir pas réussi à s’entendre avec ses créanciers et en refusant un prêt d’urgence de 50 millions de livres proposés par le groupe de distribution Frasers du milliardaire Mike Ashley.

Les actifs d’Arcadia pourraient intéresser des spécialistes de la vente de vêtements en ligne comme le groupe Boohoo ou d’autres acteurs du commerce comme le groupe Frasers du milliardaire Mike Ashley.

Une faillite d’Arcadia représente un échec cuisant pour son propriétaire, Philip Green, dont le parcours est émaillé de plusieurs scandales et qui n’a pas su négocier le virage numérique afin de moderniser un groupe autrefois très populaire.

Topshop, racheté en 2002 par l’homme d’affaires, faisait office il y a quelques années d’emblème de la mode jeune et branchée après avoir fait ses débuts en 1964 dans le sous-sol d’un grand magasin de Sheffield.

L’enseigne était alors connue pour la variété de ses vêtements et la forte réactivité des stylistes aux tendances des défilés.

« Arcadia s’incarne dans la personnalité de son président Philip Green », observe Gordon Fletcher, professeur à l’école de commerce de l’Université de Salford.

En tant que société non cotée, « la priorité semble avoir été donnée à la distribution de dividendes sur le court terme pendant les périodes de rentabilité et sans investissement dans les marques elles-mêmes », relève-t-il.

Les difficultés d’Arcadia s’ajoutent à la longue liste des enseignes en péril ou qui ont fait faillite depuis le début de la pandémie de nouveau coronavirus, et qui bien souvent souffraient déjà d’une baisse de fréquentation et de la concurrence des ventes en ligne.

Suppressions d’emplois en série

Selon des chiffres du Centre for Retail Research, publiés lundi soir par le quotidien Evening Standard, le commerce britannique a perdu 158 000 emplois depuis le début de l’année, sans compter la faillite d’Arcadia.

La chute de l’empire de Philip Green pourrait en outre assombrir l’avenir d’une autre enseigne bien connue des Britanniques. Les grands magasins Debenhams ont déposé le bilan en avril et mènent des discussions afin d’être repris par la chaîne d’article de sport JD Sports.

Or des enseignes comme Topshop sont parmi les plus représentées dans les magasins sous concession abrités par Debenhams, ce qui fait craindre un échec des négociations avec JD Sports.

Le commerce britannique subit des faillites en série, avec parmi les plus récentes les chaînes d’habillement britanniques Peacocks et Jaeger, qui appartiennent au groupe EWM du milliardaire Philip Day, ce qui menace 4700 emplois environ.

La branche britannique de la marque de lingerie Victoria’s Secret et la chaîne de vêtements et articles pour la maison Laura Ashley font partie des autres victimes de la pandémie.