Daniel Lamarre gardera son poste à la tête du Cirque du Soleil, et le conseil d’administration de l’entreprise sera dirigé en tandem, a appris La Presse. Les nouveaux propriétaires du Cirque renouvellent donc le C.A., mais feront confiance à la même équipe de direction une fois la prise de contrôle finalisée, ce qui devrait survenir incessamment.

L’ex-PDG de MGM Resorts International Jim Murren et le directeur général et partenaire chez Catalyst Capital Group Gabriel de Alba sont nommés coprésidents du conseil d’administration du Cirque du Soleil. Ils succèdent à Mitch Garber, dont le départ a été annoncé l’été dernier.

MGM et le Cirque collaborent depuis de nombreuses années. Jim Murren connaît donc bien le Cirque, mais aussi l’industrie du spectacle, et Las Vegas. Gabriel de Alba s’est fait connaître l’été dernier compte tenu du rôle qu’il a joué dans la « bataille » pour le contrôle du Cirque en étant l’un des leaders du groupe devenu propriétaire de l’entreprise de divertissement québécoise.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Il était permis de douter du retour en poste de Daniel Lamarre. Des observateurs le croyaient trop près des anciens propriétaires.

Il était permis de douter du retour en poste de Daniel Lamarre. Des observateurs le croyaient trop près des anciens propriétaires, notamment de la firme américaine TPG, du fonds chinois Fosun et de la Caisse de dépôt. « Il est l’homme de la situation », nous a dit une personne près des nouveaux proprios, mais qui ne peut être identifiée parce qu’elle n’est pas autorisée à parler publiquement. « Il y avait des questions à savoir s’il était ou non le bon gars ou le bon opérateur pour le poste. »

Les nouveaux propriétaires, c’est-à-dire le groupe de créanciers mené par la firme torontoise Catalyst, ont jugé, nous dit-on, que Daniel Lamarre a fait tout ce qu’il pouvait pour le Cirque. « Au final, les gens de Catalyst sont impressionnés par ce qu’il sait faire et peut faire », précise notre source.

Autres membres

Anna Martini, vice-présidente exécutive et chef de la direction financière du Club de hockey Canadien, fait son entrée au Cirque en obtenant un siège au conseil. En plus d’être confirmé dans ses fonctions de PDG, Daniel Lamarre siégera au conseil, qui comptera une dizaine de membres.

L’ex-PDG de Vidéotron, Manon Brouillette, ne sera par ailleurs pas de retour au sein du conseil d’administration, selon ce que La Presse constate à partir d’une liste obtenue auprès d’une personne proche des conseillers juridiques du Cirque.

C’est essentiellement la même équipe de direction qui continuera de tenir les rênes de l’organisation : il s’agit de Stéphane Lefebvre, aux finances, de Diane Quinn, à la création, de Lyne Lamothe, aux talents, d’Eric Grilly, aux spectacles fixes (Vegas), de Jocelyn Côté, aux affaires juridiques, ainsi que de Duncan Fisher et de Stéphanie Harvey, aux spectacles de tournée.

Le Cirque du Soleil n’a pas voulu réagir aux informations colligées par La Presse. « Nous ne ferons pas de commentaires tant que la transaction ne sera pas officiellement complétée », a simplement indiqué la porte-parole Caroline Couillard.

Le groupe de nouveaux propriétaires du Cirque est principalement représenté par Catalyst Capital, Sound Point Capital, CBAM Partners et Benefit Street Partners.

La clôture de la transaction par laquelle ils doivent officiellement prendre les commandes du Cirque est prévue ce mardi. La transaction devait originalement se boucler à la fin de septembre. C’est avec une proposition évaluée à près de 1,2 milliard US présentée l’été dernier durant le processus organisé en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies que le rachat du Cirque se réalise.

Selon nos informations, le fondateur du Cirque du Soleil, Guy Laliberté, n’est pas appelé à revenir jouer un rôle dans l’organisation, ni Québecor ou un autre partenaire-opérateur québécois. Du moins, pas à ce stade-ci.

Effectifs en baisse

L’effectif du Cirque s’élève aujourd’hui à environ 180 employés. Ils étaient quelque 5000 avant la pandémie. Après avoir vu ses entrées d’argent tomber à zéro plus tôt cette année en raison de la crise sanitaire, le Cirque a recommencé à générer des revenus, bien que tout indique qu’ils soient peu substantiels par rapport à ce qu’ils étaient lorsque les 44 spectacles roulaient à plein régime.

Des revenus sont actuellement récoltés de la relance de spectacles à Hangzhou, en Chine (Un monde fantastique), au Mexique (Joya) et en Floride (Cirque Dreams). Ces trois spectacles sont tous présentés avec des partenaires. Ce ne sont pas des productions de tournée ou en résidence du Cirque. Les représentations de Cirque Dreams ont recommencé la semaine dernière.

Une dizaine de personnes ont par ailleurs quitté l’organisation le mois dernier. Il s’agit de gens de création dont le travail pour l’essentiel était lié à de grosses productions pour des clients indépendants de la division événementielle, comprend-on. Il faut croire que la direction ne s’attend pas à de grandes créations avant plusieurs mois encore en raison du contexte actuel.