(Francfort) Le géant allemand de l’automobile Volkswagen a fait état jeudi de prévisions inchangées anticipant une forte détérioration de ses résultats financiers cette année, en raison de la pandémie, après avoir affiché au troisième trimestre un bénéfice net à nouveau positif.

Après de lourdes pertes au deuxième trimestre, le groupe aux douze marques, dont Audi, Seat, Skoda ou Porsche, a publié un bénéfice de 2,8 milliards d’euros pour la période de juillet à septembre – un résultat qui reste toutefois en baisse de 31 % sur un an.

Le groupe, qui identifie pour la période de juillet à septembre une « tendance de reprise claire », a gardé inchangée sa prévision d’un bénéfice d’exploitation « positif », mais en « forte baisse » pour l’année 2020.

Sur les neuf premiers mois de l’année, le bénéfice net a chuté de 85 %, à 1,7 milliard d’euros, ce qui inclut la perte de 1,5 milliard encaissée sur la période d’avril à juin, quand le coronavirus a entraîné la fermeture de la quasi-totalité des points de vente et des arrêts de production dans les usines.

Alors que le nombre de voitures vendues en neuf mois a baissé d’un cinquième, les ventes de septembre ont été supérieures à celles du même mois l’année passée, notamment grâce à la reprise en Chine.

Le chiffre d’affaires n’a en conséquence que légèrement reculé (-3,4 %) au troisième trimestre, pour atteindre 59,4 milliards d’euros, légèrement supérieur aux attentes du marché.

La marque VW affiche une perte opérationnelle de 1 milliard d’euros en neuf mois et « notre ambition doit être et est » un chiffre positif en fin d’année, selon le directeur financier, Frank Witter.

« Le marché premium résiste mieux », note M. Witter, s’appuyant sur un léger bénéfice de 200 millions d’euros chez Audi au bout de trois trimestres, avec un recul moins marqué des ventes que pour la marque principale.

Le poids du dieselgate s’est quant à lui réduit à 687 millions d’euros en neuf mois alors que le groupe a soldé une majeure partie du volet civil du scandale des moteurs truqués.

Optimisme « prudent »

Sous réserve de l’évolution de la pandémie de coronavirus, Volkswagen se dit « prudemment optimiste » sur sa capacité à poursuivre « la stabilisation des activités » pour le restant de l’année.

Actuellement, « les usines tournent, les chaînes d’approvisionnement fonctionnent », a expliqué M. Witter lors d’une conférence de presse.

Le groupe, qui s’attend à une contraction du marché entre 15 % et 20 %, prévoit des ventes de voitures et un chiffre d’affaires « nettement inférieurs » à 2019. Et Christian Dahlheim, directeur des ventes, a promis pour le groupe de Wolfsburg une évolution « légèrement meilleure que le marché ».

Les restrictions annoncées par l’Allemagne pour novembre – fermeture des restaurants, bars, lieux culturels et de loisir notamment – « ne sont pas idéales, mais nous permettent de continuer la production », a expliqué M. Witter.

Leur éventuel effet sur la consommation se fera sentir plus tard pour Volkswagen, « confiant » pour les trois à quatre prochains mois en Europe en raison d’un carnet de commandes rempli « bien au-dessus du niveau de l’année dernière à ce moment », a détaillé M. Dahlheim.

En parallèle, l’offensive électrique à plus de 30 milliards d’euros d’investissements se poursuit, sous pression des strictes normes d’émissions de l’UE – une « course dure » dont l’issue n’est pour l’instant pas assurée, selon M. Dahlheim.

Les commandes pour l’ID.3, modèle crucial dans cette stratégie, sont « très satisfaisantes », a-t-il relevé.