(Montréal) Le recentrage de Bombardier vers les avions d’affaires a franchi une autre étape puisque la vente de sa division de matériel roulant à Alstom a obtenu le feu vert quasi-unanime des actionnaires du géant français.

Attendue au premier trimestre de la prochaine année, la clôture de cette transaction permettra à la société européenne d’« accélérer sa stratégie », a estimé jeudi le directeur général d’Alstom, Henri Poupart-Lafarge, dans le cadre d’une assemblée des actionnaires qui s’est déroulée de manière virtuelle.

« Il ne s’agit pas de changer de stratégie, mais de l’accélérer, a-t-il dit. Nous aurons une taille critique dans chacun des pays importants à travers tous les continents, ce qui nous permettra d’avoir une (empreinte) plus large. »

Ensemble, Alstom et Bombardier Transport, qui formeront le deuxième joueur en importance dans le secteur du matériel roulant, devraient générer des revenus d’environ 18 milliards US. Cela demeure toutefois loin du chiffre d’affaires de quelque 32 milliards US du géant chinois CRRC — le numéro un dans l’industrie.

Mais d’abord, il faudra procéder au « redressement » de Bombardier Transport, a ajouté M. Poupart-Lafarge. Cette division de l’entreprise québécoise est confrontée à des problèmes d’exécution depuis plusieurs années, ce qui a pesé sur sa performance financière. Les difficultés ont également provoqué une révision à la baisse de 350 millions US, à 8,4 milliards US, du prix de la transaction.

Bombardier a souligné que l’accord des actionnaires d’Alstom était une « autre étape franchie » dans le processus.

« Dans l’intervalle, Alstom et Bombardier Transport demeurent des entités distinctes et des concurrents poursuivant leurs activités commerciales comme telles », a souligné le porte-parole de la société québécoise, Olivier Marcil.

En se détachant de ses activités de matériel roulant, l’entreprise québécoise devrait obtenir près de 4 milliards US, soit quelque 240 millions US de moins que prévu. Bombardier utilisera le produit, ainsi que les 275 millions US obtenus grâce à la vente de ses usines de Belfast, Casablanca et Dallas dans le secteur aéronautique pour réduire sa dette à long terme de 9,3 milliards US.

La cession de Bombardier Transport concrétisera une vente d’actifs qui s’est échelonnée au cours des dernières années et qui a également mené à une sortie du secteur des avions commerciaux.

À la clôture de la transaction, la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui détient près de 35 % de Bombardier Transport, deviendra le plus important actionnaire d’Alstom avec une participation d’environ 18 %. Le bas de laine des Québécois aura deux représentants au conseil d’administration d’Alstom : sa première vice-présidente Kim Thomassin ainsi que Serge Godin, le fondateur et président exécutif de la multinationale québécoise spécialisée dans les technologies de l’information et les services-conseils CGI.

Alstom s’est engagée, dans la première année marquant la conclusion de la transaction, à établir à Montréal son siège social nord-américain, qui supervisera 13 000 employés. Elle doit également implanter un centre de recherche et bonifiera la production à l’usine de Bombardier Transport à La Pocatière, où le carnet de commandes est presque vide, ainsi qu’à son site de Sorel-Tracy.

Entreprise dans cette dépêche : (TSX : BBD. B)