(Hong Kong) Le géant bancaire HSBC a annoncé mardi une chute de son bénéfice net de 54,3 % sur un an au troisième trimestre, conséquence de la pandémie de coronavirus et de l’aggravation des tensions sino-américaines.

Les chiffres publiés sont cependant moins mauvais que ne le redoutaient certains analystes et HSBC a dit s’attendre à des pertes sur crédit moins importantes que prévu.  

Le ralentissement économique mondial engendré par la COVID-19 a frappé les plus grandes banques et les perspectives demeurent sombres au moment où le nombre de cas s’envole à nouveau à travers l’Europe et les États-Unis.

La banque établie à Londres, mais active à travers le monde et tout particulièrement en Asie, est également affectée par les tensions géopolitiques entre les deux grandes puissances que sont les États-Unis et la Chine.

Au début de l’année, le groupe avait annoncé un vaste plan de restructuration sur le plan international, avec la suppression de 35 000 emplois d’ici 2022, principalement aux États-Unis et en Europe, moins rentables, afin de se concentrer davantage sur l’Asie.  

« Nous accélérons la transformation du groupe, en passant des activités sensibles liées aux taux d’intérêt à des activités génératrices de commissions, ainsi qu’en réduisant encore nos coûts d’exploitation », a déclaré mardi le directeur général de la banque, Noel Quinn.

Interrogé lors d’une conférence téléphonique sur le basculement vers l’Asie, M. Quinn a indiqué toutefois « n’avoir pas l’intention d’examiner la domiciliation » de la banque qui a son siège à Londres.

Il n’a par ailleurs pas exclu de rendre payants certains services bancaires proposés aux particuliers. « Nous regardons quelle est la bonne stratégie à avoir sur les tarifs des services que nous offrons », a-t-il dit, sans plus de précisions.

Cette idée « reflète la pression qui s’exerce sur la rentabilité en raison d’un environnement de taux très bas », et ce même si « cela pourrait ne pas être populaire auprès des clients », souligne Russ Mould, analyste chez AJ Bell.

HSBC a affiché un résultat net du groupe sur la période de juillet à septembre de 1,359 milliard de dollars, soit une baisse de 54,3 % sur un an.

M. Quinn a qualifié ces derniers résultats de « prometteurs dans un contexte d’impacts continus de la COVID-19 sur l’économie mondiale ».

La banque a indiqué que son conseil d’administration étudierait la possibilité de verser « un dividende » pour 2020 en fonction des résultats définitifs obtenus en fin d’année et de l’évolution de la situation économique mondiale début 2021.

Au début de l’année, les autorités régulatrices britanniques avaient appelé les banques du pays à supprimer les dividendes afin de préserver le capital durant la crise liée à la pandémie.  

Cette perspective sur le dividende plaisait au marché. Le titre grimpait de 6,81 % à la Bourse de Londres vers 10 h 10 GMT.

« Risque géopolitique »

HSBC réalise 90 % de son profit en Asie, la Chine et Hong Kong étant deux de ses principaux marchés de croissance.

Elle est donc particulièrement vulnérable aux tensions croissantes entre Pékin et Washington et s’efforce d’avoir les faveurs de la Chine.  

HSBC est même sortie de sa réserve habituelle sur les questions politiques pour apporter son soutien à la loi draconienne sur la sécurité nationale imposée par Pékin en juin afin de mettre fin au mouvement prodémocratie.  

Cela n’a pas manqué de susciter la colère de Washington et Londres, mais les analystes y ont vu une tentative de protéger ainsi son accès à la Chine, Pékin sanctionnant les entreprises qui sortent du rang.

Les États-Unis ont sanctionné une dizaine de dirigeants chinois et hongkongais après l’entrée en vigueur de la loi sur la sécurité nationale et demandé aux banques internationales de ne plus traiter avec eux.  

Cependant, cette loi interdit également aux entreprises hongkongaises de se plier aux sanctions étrangères.

« Le sentiment des investisseurs et des entreprises dans certains secteurs à Hong Kong reste mitigé et les tensions actuelles pourraient se traduire par un environnement commercial et réglementaire de plus en plus divisé », a souligné la banque.

Les incertitudes liées au Brexit entretiennent l’incertitude à l’approche de la fin de la période de transition fixée au 31 décembre.  

« Il y a un risque de nouvelles pertes de crédit, en particulier au Royaume-Uni au quatrième trimestre de l’année 2020, si le Royaume-Uni et l’UE ne parviennent pas à un accord », prévient HSBC.