(Montréal) Bombardier récoltera finalement moins d’argent en vendant ses activités de fabrication de pièces d’avions à Spirit AeroSystems, mais l’entreprise estime que les modalités de l’entente amendée lui permettront de récupérer ce qui a été laissé sur la table.

Alors que certains se demandaient si la pandémie de COVID-19 aurait finalement raison de cette transaction estimée à 1,2 milliard, les deux parties ont annoncé, lundi, qu’elles iraient finalement de l’avant. L’avionneur, qui s’apprête à compléter son recentrage vers les jets d’affaires, recevra finalement 275 millions US en espèces, moins que les 500 millions US initialement prévus.

En échange, Spirit AeroSystems assumera des passifs — notamment en matière d’obligations liées aux régimes de retraite — estimés à 824 millions US, comparativement à environ 700 millions US auparavant. Bombardier dit également avoir pu renégocier à son avantage des ententes avec la compagnie américaine, qui deviendra un fournisseur pour ses familles Learjet, Global et Challenger, à la clôture de la transaction, prévue vendredi.

« C’est d’environ 100 millions US, a expliqué le porte-parole de Bombardier, Olivier Marcil, lundi, au cours d’un entretien téléphonique, à propos des contrats avec Spirit. On reçoit moins d’argent au début, mais on économise plus tard. D’avoir moins de passifs sur les épaules et des ententes renégociées, cela amène de la certitude. »

La vente des usines de la société québécoise à Belfast, en Irlande du Nord, à Casablanca, au Maroc, et à Dallas, aux États-Unis, qui comptent quelque 3300 employés, combinée à la cession de Bombardier Transport à Alstom, viendront concrétiser son recentrage tout en lui permettant de réduire sa dette à long terme de 9,3 milliards US en date du 30 juin.

À la Bourse de Toronto, lundi, l’action de Bombardier a pris un cent, ou 3,1 %, pour clôturer à 33 cents. Sur le parquet de la Bourse de New York, le titre de Spirit AeroSystems a quant à lui abandonné 1,50 $ US, ou 7,32 %, pour terminer à 18,98 $ US.

Des risques

Le niveau d’incertitude entourant la réalisation de cette transaction annoncée en octobre 2019 avait considérablement grimpé au cours des dernières semaines puisque Spirit AeroSystems avait publiquement indiqué qu’il était possible que certaines conditions ne soient pas remplies avant la date butoir du 31 octobre.

À l’instar des entreprises du secteur aéronautique, Spirit AeroSystems a vu ses activités bousculées par la crise sanitaire, qui a paralysé le secteur de l’aviation commerciale en provoquant la fermeture de frontières à l’international et l’imposition de restrictions entourant les déplacements dans le but de limiter la propagation du nouveau coronavirus.

« Nous avons travaillé en étroite collaboration avec Bombardier sur une réduction du prix mutuellement acceptable et qui atténue l’impact [de la pandémie], a souligné dans un communiqué le président et chef de la direction de la compagnie américaine, Tom Gentile. Nous avons hâte de devenir l’un des plus importants fournisseurs de Bombardier. »

Pour l’entreprise américaine, qui figure parmi les principaux fournisseurs de Boeing, l’acquisition des sites de Bombardier devrait lui permettre d’accroître son exposition auprès d’Airbus. L’usine de Belfast fabrique notamment les ailes de l’A220 — l’ex-C Series de l’avionneur québécois.

Dans une note envoyée à ses clients, Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux, a estimé que même si l’avionneur a obtenu mois d’argent que ce à quoi s’attendaient les investisseurs, l’annonce de lundi constituait un autre « pas en avant » dans son recentrage.

« La société dispose de liquidités suffisantes jusqu’à la vente de sa division ferroviaire à Alstom [au premier trimestre de 2021] », a écrit l’analyste.

En septembre, le prix de vente de Bombardier Transport avait été révisé à 8,4 milliards US, ce qui constitue une diminution de près de 350 millions US, dans la foulée des problèmes d’exécution persistants dans cette division. Bombardier devrait empocher 2,2 milliards US.