(Washington) Les profits de la banque américaine Wells Fargo, pénalisés par les conséquences sur l’économie de la crise sanitaire et les taux d’intérêt bas, ont été divisés par deux au troisième trimestre.

Son bénéfice net s’est établi à 2 milliards de dollars contre 4,6 milliards un an plus tôt. C’est toutefois mieux que la perte de 2,4 milliards du deuxième trimestre lorsque la pandémie de coronavirus avait paralysé l’économie.

Le bénéfice par action ajusté, référence des investisseurs nord-américains, est ressorti à 42 cents, décevant les analystes qui prévoyaient 45 cents.

« Nos résultats reflètent à la fois l’impact de la politique monétaire agressive et le soutien budgétaire à l’économie des États-Unis », a déclaré Charlie Scharf, le PDG de la quatrième banque du pays par actifs.

Les recettes que la banque tire des intérêts sur les prêts qu’elle accorde ont en effet chuté de 512 millions de dollars, pour représenter une petite moitié du chiffre d’affaires total, à 9,4 milliards sur 18,9 milliards.

L’environnement monétaire, avec des taux d’intérêt proches de zéro institués par la Banque centrale américaine (Fed) pour soutenir l’économie, rend les prêts moins chers pour les consommateurs, mais moins rentables pour les banques.

« L’action de la Fed et de notre gouvernement a clairement aidé les consommateurs et entreprises de toutes tailles », mais l’environnement « reste risqué s’il n’y a pas de soutien budgétaire supplémentaire », a martelé le dirigeant lors d’une conférence téléphonique avec les analystes, alors que les négociations piétinent entre la Maison-Blanche et les démocrates sur un nouveau plan d’aide.

Wells Fargo, dont l’essentiel des activités porte sur le financement de l’économie réelle au travers des prêts accordés aux ménages et aux PME, a aussi souffert de la baisse du volume de prêts aux entreprises : les prêts commerciaux sont en retrait de 31 milliards de dollars par rapport au trimestre précédent.

Les particuliers empruntent plus

Le volume de prêts aux consommateurs en revanche a augmenté, de 16 milliards de dollars.

La banque californienne dit avoir notamment du mal à traiter l’importante demande de nouveaux crédits immobiliers, favorisée par les taux bas, mais aussi par le télétravail qui encourage les ménages à investir dans un logement plus grand, loin des centres-ville.

Autre conséquence du ralentissement économique, les prêts automobiles ont chuté de 5 %.

Les recettes tirées des frais sur les comptes, sur la gestion de fonds et sur les cartes bancaires ont grimpé de 1,5 milliard de dollars par rapport au trimestre précédent pour représenter un total de 9,5 milliards.  

« À l’avenir, la trajectoire de la reprise économique n’est pas claire alors que l’impact négatif de la COVID-19 se poursuit et qu’un nouveau soutien budgétaire n’est pas sûr », a prévenu Charlie Scharf, ajoutant néanmoins que la banque restait « forte » grâce à ses niveaux de capitaux et de liquidités « au-dessus de la moyenne réglementaire ».

Wells Fargo, dont le titre avait déjà perdu 3,66 % mardi, chutait encore de 5 % en milieu de séance à l’ouverture de Wall Street.

La banque ne s’est pas risquée à quantifier ses perspectives pour les prochains mois.

Wells Fargo subit toujours le contrecoup « des compensations démesurées » dues au long et coûteux épisode des comptes fictifs qui lui a valu une amende de 3 milliards de dollars en février, déjà provisionnée en 2019.

Sans donner de précisions, le PDG a indiqué que la banque entendait « continuer à réduire ses dépenses en réduisant la bureaucratie, simplifiant ses produits et en réduisant les redondances dans le travail manuel ».  

Des annonces sont prévues à la fin du prochain trimestre, a-t-il dit.

« Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions » sur l’évolution du marché du crédit, a souligné M. Scharf. « Mais l’année prochaine, il y aura un vaccin, le monde continuera de rouvrir […] et au final, c’est ce qui va doper l’activité et la demande et on en profitera », a-t-il assuré.

La banque sert 24,4 millions de clients particuliers, en progression de 0,3 % par rapport à l’année dernière, à travers 5229 agences (-77).

Encore 200 000 employés de la banque travaillent de la maison, ce qui devrait durer au moins jusqu’en décembre, a précisé la direction, 20 % des agences restant fermées à cause de la pandémie.