(New York) La banque américaine JPMorgan Chase a accepté mardi de payer 920 millions de dollars pour avoir manipulé les cours sur les marchés des métaux précieux et des bons du Trésor, la plus grosse sanction financière jamais imposée dans une telle affaire.

Cet accord permet de solder des poursuites engagées par le ministère de la Justice (DoJ) et les gendarmes américains des marchés boursiers et de matières premières, la SEC et la CFTC, ont indiqué les régulateurs dans des communiqués distincts.

Ils reprochent à des courtiers de la banque, y compris les chefs de service, d’avoir manipulé les cours de l’or, de l’argent, du platine et du palladium ainsi que ceux des bons du Trésor pendant au moins huit ans, en passant des dizaines de milliers d’ordres qu’ils n’avaient pas l’intention de mener à terme, une pratique appelée en anglais « spoofing ».

Ils apportaient ainsi aux autres acteurs du marché une image erronée de l’offre et de la demande réelles sur le marché et en profitaient pour se faire de l’argent ou éviter des pertes.

Les faits incriminés ont couru de 2008 à 2016 dans les bureaux de New York, de Londres et de Singapour de l’établissement, la première banque américaine en termes d’actifs.

Les autorités reprochent aussi à JPMorgan de ne pas avoir agi de façon adéquate pour mettre fin à ces pratiques « malgré de nombreux signaux d’alerte », relève un communiqué de la CFTC.

Selon cette agence, l’amende écopée par la banque est la plus importante jamais infligée dans une affaire de « spoofing ».

Elle comprend des dommages versés aux victimes et le remboursement des gains engrangés par JPMorgan grâce à ces pratiques frauduleuses.

« Gravité des infractions »

Son importance « reflète la nature et la gravité des infractions de la banque et représente une étape importante dans les efforts continus du ministère pour assurer l’intégrité des marchés publics, essentielle à notre système financier », a commenté un responsable du ministère de la Justice dans le communiqué.

La sentence est sévère aussi parce que JPMorgan avait déjà reconnu en 2015 s’être livrée à des pratiques commerciales manipulatrices et trompeuses sur le marché des changes, ajoute le ministère.

La pratique du « spoofing » est « purement et simplement illégale », a souligné de son côté le président de la CFTC Heath Tarbert.

Le montant de l’amende démontre selon lui que son agence est prête « à se montrer dure avec ceux qui enfreignent volontairement les règles, peu importe qui ils sont ».

Les autorités reconnaissent toutefois que la banque dirigée par Jamie Dimon a coopéré à leurs enquêtes et a consacré d’importantes ressources pour éviter que de telles pratiques ne se reproduisent.

Le ministère a estimé à cet égard qu’il n’était pas nécessaire d’imposer un contrôle de la firme par un auditeur indépendant.

JPMorgan Chase avait déjà averti dans des documents officiels qu’elle collaborait avec les enquêtes aux États-Unis sur ses pratiques de courtage sur les marchés des métaux et d’instruments financiers comme les bons du Trésor, et qu’elle discutait avec les autorités pour y mettre fin.

Elle estime que l’accord ne devrait pas perturber les services offerts à ses clients.

La conduite des personnes incriminées est « inacceptable », a réagi mardi le patron de la division de banque d’investissement Daniel Pinto, en précisant qu’elles ne faisaient plus partie de l’entreprise.

Deux courtiers ont plaidé coupable et des poursuites sont encore en cours contre quatre autres salariés de la banque.

Le titre reculait de 0,66 % à la mi-séance à la Bourse de New York mardi, dans un marché en légère baisse.