(Montréal) L’investissement de 1 milliard US effectué par Québec dans l’A220 — l’ex-C Series de Bombardier — a considérablement piqué du nez depuis le début de l’année et vaut environ cinq fois moins que ce qui avait été originalement allongé en 2015.

En tenant compte des impacts de la pandémie de COVID-19, en date du 31 mars, la valeur du placement oscillait dans une fourchette allant de 204 millions US à 231 millions US, peut-on lire dans les états financiers du Fonds de développement économique, qui ont été déposés mardi après-midi, à l’Assemblée nationale.

« Cette situation constitue un risque important sur la possibilité du Fonds de recouvrer la valeur de son investissement au 1er janvier 2026 (lorsqu’Airbus peut procéder au rachat) », est-il écrit.

On rappelle que la crise sanitaire a provoqué la fermeture de nombreuses frontières à l’international, ce qui paralyse le secteur de l’aviation commerciale, provoquant ainsi une « perte de valeur durable ».

Par l’entremise d’Investissement Québec (IQ), l’État détient 25 % de l’A220 depuis février, étant donné que Bombardier a quitté l’aventure, dans la foulée de son recentrage vers les avions d’affaires. À la suite de la transaction, le gouvernement Legault fortement revu à la baisse la valeur de cette participation.

En février dernier, Bombardier avait annoncé qu’elle quittait le programme, contrôlé par Airbus depuis juillet 2018. La participation du géant européen était passée à 75 %, tandis que celle de l’État québécois était passée de 16 % à 25 % sans fonds supplémentaires.

Airbus pourra également racheter la participation de Québec en 2026, soit trois années plus tard que ce qui était prévu dans l’arrangement initial.

« Les estimations et leurs hypothèses sous-jacentes sont revues annuellement et l’incidence de toute modification est prise en considération », est-il écrit dans les états financiers du Fonds.

En juin dernier, le premier ministre François Legault avait déjà mis la table en laissant entendre que la totalité du montant injecté par le gouvernement libéral de Philippe Couillard en 2015 « devrait être radiée ». Au lendemain de cette déclaration, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, avait tenté de calmer le jeu en rappelant que ce n’est qu’en 2026 que l’on aura une idée de la somme qui sera récupérée.

Au printemps, Airbus avait annoncé 350 mises à pied temporaires à ses installations de Mirabel, dans les Laurentides, où s’effectue l’assemblage de l’appareil. Une centaine de personnes ont depuis été rappelées. Néanmoins, en raison du contexte actuel, l’avionneur a décidé de repousser à l’an prochain l’augmentation de cadence, ce qui signifie que le rythme de production demeurera à quatre appareils par mois.