(New York) L’action Tesla a dégringolé mardi à Wall Street, accusant sa pire séance depuis son introduction en Bourse il y a dix ans, après que le constructeur de véhicules électriques n’a pas été retenu pour intégrer le prestigieux indice S&P 500.

À la clôture de mardi, le titre, coté sur le NASDAQ, a plongé de 21,06 %, à 330,21 dollars.

C’est sa plus lourde chute depuis son entrée à Wall Street en 2010, où l’action avait commencé à moins de 5 dollars.

Ces derniers mois, Tesla avait explosé en Bourse, porté entre autres par de bons résultats au 2e trimestre clos en juin où, malgré la pandémie qui pèse sur les achats automobiles, le groupe fondé et dirigé par Elon Musk avait affiché un bénéfice de 104 millions de dollars, supérieur aux attentes.

Cette envolée du titre, nourrie notamment par l’enthousiasme des petits porteurs, avait hissé le constructeur de voitures haut de gamme au premier rang des capitalisations boursières du secteur automobile, devant General Motors (GM), Ford et Fia Chrysler (FCA) réunis. À la mi-août, le groupe a annoncé la division par cinq de son action pour la rendre plus abordable.

Mais mardi, l’effondrement du titre a effacé quelque 156 milliards de dollars, soit plus d’un tiers de la valeur boursière du constructeur, par rapport à son sommet atteint fin août.

La mauvaise performance de Tesla s’inscrit aussi dans le cadre du coup d’arrêt brutal que connaît la Bourse de New York depuis la fin de la semaine dernière après plusieurs semaines de forte hausse, entraîné par un vif repli des valeurs technologiques.

Bethany Winham, une boursicoteuse de 94 ans qui vit au nord de New York, s’est dite préoccupée mardi par l’évolution de son portefeuille de 10 actions Tesla : « Je suis inquiète du fait que l’action ne vaille pas le prix auquel elle a été poussée », a-t-elle commenté. « Je crains que cela ne soit pas seulement parce qu’ils n’ont pas été intégrés au S&P 500 », doutait-elle.

S&P Dow Jones Indices, la firme qui gère le S&P 500, a annoncé vendredi que le site de vente en ligne Etsy, le fournisseur d’équipements d’automatisation et de test Teradyne et le sous-traitant pharmaceutique Catalent rejoindraient le prestigieux indice courant septembre.  

Le nom de Tesla n’a lui pas été mentionné bien que le groupe remplisse toutes les conditions d’adhésion.

Snobé par le S&P 500

« Vendredi après la cloche, le S&P 500 a publié les modifications de son indice qui n’incluaient pas Tesla, ce qui a été une surprise », a indiqué Daniel Ives, de Wedbush Securities.  

Le S&P 500 est constitué de 500 grandes sociétés présentes à la Bourse américaine et est considéré comme représentatif du marché américain des actions.

Pour intégrer cet indice boursier, dont les membres représentent environ 80 % de la valeur totale des entreprises cotées à Wall Street, une entreprise doit remplir plusieurs critères évalués ensuite par un comité se réunissant une fois par mois.

Outre une capitalisation d’au moins 8,2 milliards de dollars, un niveau élevé de liquidités et le fait d’avoir au moins la moitié de ses actions en circulation, un groupe doit afficher un bénéfice cumulé sur quatre trimestres consécutifs pour entrer dans le club.

Mardi dernier, Tesla avait indiqué, dans un document transmis à la SEC, le gendarme boursier américain, qu’elle comptait vendre jusqu’à 5 milliards de dollars de nouvelles actions « de temps en temps » et au prix du marché. Le groupe a confirmé mardi avoir finalisé cette opération le 4 septembre et envisage un accord final de vente mercredi.

La trajectoire ascendante de l’entreprise avait toutefois commencé à être malmenée la semaine dernière lorsque le gestionnaire écossais d’actifs Baillie Gifford, principal actionnaire externe de Tesla, a annoncé une baisse de sa participation, passée de plus de 6 % en juin à 4,25 % fin août.

La forte baisse de Tesla est intervenue également alors que son concurrent GM a annoncé mardi une prise de participation dans les camions électriques et à hydrogène Nikola, dont le titre s’est envolé mardi de 41 %.