(Montréal) Il faudra soumettre une offre dont la valeur est supérieure à 1,5 milliard US pour espérer ravir le Cirque du Soleil à ses créanciers dans le cadre d’enchères prévues au processus de restructuration, auxquelles Québecor ne participera finalement pas.

Le groupe de prêteurs garantis de l’entreprise de divertissement, dirigé par la firme torontoise Catalyst Capital Group, a vu vendredi son arrangement obtenir l’aval de la Cour supérieure du Québec afin d’être considéré comme soumission d’amorce, qui fixe les conditions minimales à respecter pour le dépôt d’éventuelles propositions rivales.

Évaluée à plus de 1,2 milliard US, l’offre propose de mettre jusqu’à 375 millions US — sans aide gouvernementale — à la disposition de la compagnie. Deux fonds totalisant 20 millions US seront également créés pour verser les sommes dues aux ex-travailleurs et artisans. L’entente prévoit un engagement pour le maintien du siège social du Cirque à Montréal pendant au moins cinq ans.

« Cette nouvelle offre améliorée est évidemment une bonne nouvelle pour le Cirque et ses parties prenantes », a souligné MGuy Martel, l’avocat de l’entreprise de divertissement, en lever de rideau de l’audience, qui se déroulait virtuellement devant le juge Louis Gouin.

Le magistrat a par ailleurs rejeté la requête d’un avocat représentant les prêteurs de deuxième rang visant à prolonger de deux semaines l’échéance pour déposer des propositions d’achat.

Selon ce qui est prévu dans la convention d’achat intervenue entre le Cirque et Spectacle Bidco, l’entité regroupant les créanciers, les offres rivales devront être entièrement financées. Leur valeur devra être supérieure d’au moins 1,5 million US à l’entente intervenue avec les créanciers. Il faudra aussi injecter des sommes équivalentes d’argent frais dans le Cirque.

Le Cirque est privé de revenus depuis la mi-mars dans la foulée de la crise sanitaire provoquée par la pandémie de COVID-19. En plus d’avoir annulé ses 44 spectacles à travers le monde, la société a licencié quelque 3500 personnes à la fin juin lorsqu’elle s’est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).

« Dès le début, nous nous sommes efforcés de proposer une solution qui puisse assurer le succès à long terme de l’entreprise », a commenté le directeur général et associé de Catalyst, Gabriel de Alba, dans une déclaration envoyée par courriel, où il a salué la décision du juge Gouin.

L’offre des créanciers écarte ainsi l’arrangement d’environ 420 millions US préalablement conclu avec les actionnaires actuels, le fonds texan TPG Capital, la firme chinoise Fosun et la Caisse de dépôt et placement du Québec. En misant sur un prêt de 200 millionsUS offert par l’État québécois, ceux-ci souhaitaient injecter 300 millions US dans l’entreprise.

En échange d’une restructuration de la dette, les créanciers auraient obtenu 45 % de la compagnie ainsi qu’une dette non garantie de 50 millions US. Ils s’opposaient toutefois à ce scénario, puisqu’on ne leur remboursait qu’une fraction de ce qui leur était dû.

Contrairement aux prêteurs, l’engagement des actionnaires à l’égard du maintien du siège social au Québec n’était pas défini dans le temps.

Après avoir annoncé jeudi soir qu’il ne participerait pas aux enchères, le conglomérat Québecor n’est pas intervenu auprès de la Cour supérieure, vendredi. L’entreprise québécoise a toutefois tendu la main aux créanciers en exprimant son intérêt à participer à la relance du Cirque. Québecor n’a pas fourni plus de détails, vendredi.

Le cofondateur du Cirque Guy Laliberté, qui a vendu ses dernières actions pas plus tard qu’en février, a également démontré de l’intérêt à l’endroit de la compagnie. Le milliardaire n’a toutefois pas dit s’il comptait déposer une offre en bonne et due forme.

Dates importantes pour les enchères

27 juillet : Échéance pour les parties intéressées à signifier leur intérêt.

18 août : Date limite pour soumettre une proposition.

25 août : Tenue des enchères, si nécessaire.

30 septembre : Clôture prévue de la transaction.