Autrefois un symbole du succès québécois, Bombardier pourrait bientôt être exclue de l’indice principal de la Bourse de Toronto, ce qui pourrait de nouveau faire plonger son titre.

L’indice composé S&P/TSX, qui couvre 95 % du marché canadien des actions selon la Bourse de Toronto, pourrait bientôt ne plus tenir compte des fluctuations de Bombardier, dont l’action ne répond plus aux critères d’admissibilité.

Pour être inclus dans l’indice, un titre doit avoir un cours moyen pondéré en fonction du volume supérieur à 1 $ au cours du trimestre précédent la révision trimestrielle. Une telle révision est en cours. Or, l’action de Bombardier a chuté sous le seuil du dollar à la fin de février et n’a plus jamais revu l’autre côté de cet écueil, chutant même jusqu’à 0,38 $.

En plus de l’aspect symbolique important, une éviction de l’indice pourrait avoir un nouvel effet à la baisse sur l’action de Bombardier. Une part de plus en plus importante des fonds investis en Bourse le sont par l'entremise de fonds indiciels, qui tentent de répliquer les fluctuations des principaux indices boursiers, généralement en se procurant les titres qui le composent. Une éviction pourrait ainsi déclencher un mouvement de vente provenant de gestionnaires ajustant leur portefeuille.

Bombardier a refusé de commenter cette possibilité, mercredi, sinon pour dire qu’elle était bien au courant des règles de la Bourse de Toronto, mais qu’une éviction et ses conséquences restaient pour l’instant dans le domaine de la conjecture. L’entreprise affirme aussi ne pas tenir de discussions avec la Bourse à ce sujet. Une décision pourrait survenir d’ici vendredi.

Léger rebond

L’élan d’optimisme qui avait fait bondir l’action de Bombardier d’environ 34 % – de 0,47 $ à 0,63 $ – lors des deux premières séances boursières de la semaine s’est par ailleurs tempéré, mercredi. Le titre a perdu 7,94 %, pour revenir à 0,58 $.

C’est un rapport optimiste publié lundi par l’analyste financier Konark Gupta, de la Scotia, qui aurait déclenché ce rebond. M. Gupta rehaussait le cours cible du titre de 0,15 $ à 0,50 $ et augmentait sa cote à « performance du secteur », plutôt que « sous-performance ».

L’analyste évoquait principalement l’apparition de premiers indices de fondamentaux solides pour l’industrie du transport en général.

Plus tôt cette semaine, c’est d’un autre seuil qu'il avait été question à la Chambre des communes, à Ottawa. Dans une question au ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, Navdeep Bains, le député du Bloc québécois Simon-Pierre Savard-Tremblay disait s’inquiéter de voir l’entreprise québécoise s’approcher du seuil « dangereux » à partir duquel elle « pourrait être rachetée sans condition, sans observation, en vertu de l’insuffisante Loi sur Investissement Canada ».

Cette loi impose l’obtention d’une autorisation gouvernementale lors de l’acquisition d’entreprises canadiennes dont la valeur est supérieure à 1,075 milliard de dollars. La valeur boursière de Bombardier se situe actuellement aux environs de 1,4 milliard de dollars. Notons par ailleurs que Bombardier est peu susceptible de recevoir des offres hostiles, en raison des actions à vote multiples permettant à la famille Bombardier-Beaudoin de détenir plus de 50 % des droits de vote.

Bombardier doit tenir son assemblée annuelle dans une semaine, de façon virtuelle.