(Québec) Le Programme actions concertées pour le maintien en emploi (PACME) a connu un tel succès auprès de dizaines de milliers de chefs d’entreprises, que la fin abrupte du programme, décrétée récemment, en a laissé bien d’autres frustrés d’en avoir été exclus.

Combien ? Le ministère de l’Emploi refuse de préciser combien d’entreprises ont formulé une demande, avant d’apprendre qu’elles n’auraient pas accès au programme.

Vendredi, l’opposition libérale a fait écho à ce sentiment de frustration en réclamant au gouvernement Legault de prolonger ce programme de soutien financier destiné à aider les petites et moyennes entreprises (PME) à traverser la crise sanitaire, pour garder la tête hors de l’eau jusqu’à la reprise économique.

Le ministre des Finances, Eric Girard, s’est montré ouvert à donner suite à cette demande, sans toutefois prendre aucun engagement.

« L’argent est là. S’il y a d’autres demandes supplémentaires et que nous jugeons que c’est nécessaire, bien sûr que nous allons le faire », a commenté le ministre des Finances, en réponse aux questions de l’opposition officielle en Chambre.

Visiblement, le PACME, piloté par le ministre de l’Emploi, Jean Boulet, répondait véritablement à un besoin. Victime de son succès, il aura cependant échoué à répondre à la forte demande.

Créé en avril, avec une échéance fixée au 30 septembre, il a pris fin abruptement quatre mois plus tôt, à la fin du mois de mai. La cagnotte s’est vidée dans le temps de le dire.

Convaincue de la pertinence du programme d’aide directe, l’opposition libérale croit que le gouvernement devrait sans tarder prendre acte de ce succès et injecter les fonds supplémentaires nécessaires, afin de permettre à toutes les PME laissées de côté d’en profiter elles aussi.

Le PACME, qui vise à aider les PME à survivre à la pandémie, était accompagné d’une enveloppe de 100 millions, au départ. À la mi-mai, la demande étant tellement forte, le ministre Boulet a dû allonger 50 millions supplémentaires.

Malgré la suspension des activités normales des entreprises due au confinement forcé, Québec voulait ainsi maintenir les employés des PME au travail, en finançant des activités de formation reliées à leur domaine.

Québec assume les salaires des employés, jusqu’à concurrence de 25 $ l’heure, tout en acquittant les honoraires des formateurs et les factures reliées à l’achat du matériel requis.

Ainsi, plus de 25 000 entreprises comptant au total quelque 150 000 travailleurs ont pu profiter du PACME.

À la mi-mai, au moment d’injecter des fonds supplémentaires, le ministre Boulet déclarait que « les entreprises éprouvent encore des besoins réels et urgents. Il est essentiel de leur assurer notre appui ».

Vendredi, le ministre Boulet a refusé une demande d’entrevue. Par texto, sa porte-parole a indiqué qu’aux yeux du ministre ce programme permet de rehausser « les compétences pour des milliers de travailleurs. Cela se fait ressentir plus que jamais ».

« La CAQ a un don pour abolir les programmes qui fonctionnent. Pourquoi retirer ce programme, qui a été apprécié et qui fonctionnait ? Mettez de l’argent. Répondez à la demande », a lancé le député libéral de Nelligan, Moncef Derraji, au ministre des Finances, en l’absence en Chambre du ministre Boulet.

Son collègue Carlos Leitão, ex-ministre libéral des Finances, a souligné le fait que selon un sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), le niveau d’endettement des PME était très élevé, soit 150 000 $, en moyenne. D’où l’importance de maintenir les programmes d’aide pour éviter les faillites et les pertes d’emplois.