Depuis le début de la semaine, nombre de travailleurs, notamment des enseignants, des artistes, des étudiants et des gens du secteur hôtelier, ont manifesté leur intérêt pour donner un coup de main dans les fermes et dans les champs du Québec, confirme Geneviève Lemonde, directrice générale d’Agricarrières.

« On reçoit des appels de gens [qui veulent travailler], affirme Mme Lemonde. C’est quand même rare que ça arrive. On n’a pas cet élan habituellement. »

Jeff Mitchell, qui œuvre normalement dans le secteur événementiel, a décidé de se porter volontaire. « Depuis le début de la crise, je n’ai plus de travail », a-t-il raconté au cours d’un entretien téléphonique avec La Presse.

« Je me suis dit que c’était une façon de m’impliquer. Planter, cueillir, ça pourrait être intéressant, indique le jeune homme de 24 ans. Mon colocataire est intéressé lui aussi. Il travaillait chez Volkswagen et il n’a plus d’emploi. »

Cet engouement inhabituel pour le travail aux champs arrive à point pour Agricarrières, comité sectoriel de main-d’œuvre de la production agricole. D’ici la fin de la semaine, une campagne de mobilisation auprès des Québécois – particulièrement ceux qui sont sans emploi – qui souhaitent à contribuer à l’agriculture sera lancée.

On s’adresse aux gens qui sont à la maison et qui veulent mettre les mains et les bras aux champs.

Geneviève Lemonde, directrice générale d’Agricarrières

Bien que les travailleurs saisonniers étrangers aient obtenu la permission d’Ottawa de pouvoir atterrir au pays, chez Agricarrières, on s’attend à ce qu’il y ait des retards. De plus, le protocole d’accueil à l’arrivée de cette main-d’œuvre venue d’ailleurs – pour éviter la propagation de la COVID-19 – n’est pas encore connu.

Voilà pourquoi on cherche à recruter des gens d’ici, histoire de répondre à la demande. En principe, 16 000 travailleurs étrangers, surtout du Mexique et du Guatemala, sont attendus au Québec cette année. La plupart d’entre eux arrivent à la mi-avril.

« Malgré l’arrivée imminente de plusieurs travailleurs étrangers temporaires, tous les scénarios sont présentement analysés », a expliqué par courriel mercredi Simon Bachand, directeur des communications du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), André Lamontagne.

La crise actuelle amène des défis importants au niveau de la main-d’œuvre agricole.

Un porte-parole du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec

« Nous sommes en discussions depuis la semaine dernière avec le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, l’Union des producteurs agricoles ainsi qu’Agricarrières afin de déterminer les besoins spécifiques actuels des entreprises agricoles en termes de main-d’œuvre, les qualifications requises et la formation nécessaire dans certains cas ainsi que la logistique d’une éventuelle campagne de recrutement de main-d’œuvre québécoise via les différents centres d’emploi agricole sur le territoire du Québec. »

Les agriculteurs de la Montérégie comptent parmi ceux qui ont les plus grands besoins, selon Agricarrières. Geneviève Lemonde n’a pas révélé de chiffres concernant le nombre de travailleurs qu’on souhaiterait recruter à la grandeur du Québec.

« On n’a pas d’objectif pour le moment, affirme-t-elle. Je pense que l’appel va être entendu. »

D’ici vendredi, une campagne à la mobilisation sera lancée sur les différents réseaux sociaux. Les candidats intéressés par ce retour à la terre pourront ensuite entrer en contact avec leur centre d’emploi agricole. On en compte 12 au Québec.