En mettant la Chine hors circuit, la COVID-19 a révélé au grand jour la fragilité des chaînes d’approvisionnement mondiales.

Chez Sinopé Technologies, une entreprise de domotique établie à Saint-Jean-sur-Richelieu, on se dit « énormément affecté » par le ralentissement de la production dans les usines en Chine. C’est dans ce pays que sont assemblés la plupart des thermostats, interrupteurs et modules intelligents conçus par l’entreprise.

« Les usines fonctionnent à régime très réduit, la production est limitée, dit Maxime Caron-Labonté, directeur commercial. On est corrects pour répondre à la demande, mais c’est parce qu’on se garde un stock. »

Si la situation ne revient pas bientôt à la normale, précise-t-il, on pourrait se retrouver avec des problèmes d’approvisionnement. « Si ça s’étire sur six mois, il va commencer à faire chaud ! »

Pas étonnant que ce soient les titres boursiers concentrés en immobilier industriel qui ont souffert les premiers parmi l’ensemble des fiducies de placement immobilier (FPI, ou REIT en anglais), souligne un rapport de l’agence immobilière Avison Young sur l’impact de la pandémie sur l’industrie de la brique et du mortier.

« La maladie, qui a déjà révélé au grand jour la fragilité de certaines chaînes logistiques mondiales, va favoriser la régionalisation de ces mêmes chaînes d’approvisionnement, un phénomène qui avait commencé à émerger par ailleurs dans certains secteurs d’activité », lit-on dans cette analyse datée du 3 mars.

Le fabricant de poteaux et de traverses de chemins de fer Stella-Jones est justement intégré à l’échelle nord-américaine. Le cas de Stella-Jones est intéressant puisque l’entreprise de Delson, en Montérégie, détient la filiale McFarland Cascade, située à Tacoma, près de Seattle, dans l’État de Washington. « Avec 40 usines dans le traitement de bois – 25 aux États-Unis et 15 au Canada –, nous serons toujours capables de servir nos clients », dit Pierre Boucher, porte-parole de la société qui a dévoilé ses résultats du quatrième trimestre 2019 mercredi.

Dans les zones où la multiplication des cas s’accélère, les impacts se font ressentir dans toutes les franges de l’économie.

L’agoraphobie de circonstance alimente notamment les ventes en ligne. En contrepartie, les centres commerciaux de destination risquent d’être désertés, avance Avison Young. Les boutiques ayant pignon sur rue ont des chances de mieux s’en tirer, croit l’agence. « Il y a le risque que les nouveaux adeptes du commerce électronique y restent accrochés, ce qui accélérera l’impact, déjà bien réel, des ventes en ligne sur les centres commerciaux. »

Dans l’univers des services, le télétravail est une solution à laquelle on pense d’emblée pour limiter les risques de contagion au sein de l’effectif. Y goûter, serait-ce l’adopter ? « Cette solution temporaire pourrait accélérer l’adoption d’outils technologiques et l’implantation d’horaires de travail flexibles dans les entreprises, dont une certaine proportion décidera d’en faire des mesures permanentes », écrit Avison Young. Le cas échéant, la demande de bureaux au centre-ville en subirait des conséquences à long terme.

— Avec Karim Benessaieh, La Presse