(Calgary) Les analystes s’attendent à une baisse de la production de pétrole au Canada cette année, en présumant que les producteurs suivront l’exemple de Cenovus Energy en réduisant leurs budgets de dépenses en immobilisations en raison du plongeon des prix du pétrole.

Après avoir vu ses actions perdre plus de la moitié de leur valeur lundi, Cenovus, de Calgary, a annoncé mardi qu’elle réduirait de 32 % son programme d’investissement de 2020.

La société projette désormais de dépenser entre 900 millions et 1 milliard en dépenses en capitaux cette année, alors que son programme visait précédemment des dépenses d’entre 1,3 milliard et 1,5 milliard.

Les observateurs financiers n’ont pas hésité à comparer l’effondrement des prix du pétrole de lundi, lié à un différend entre la Russie et l’Arabie saoudite sur les plans de réduction de la production de pétrole, à une situation similaire en 2014, qui impliquait également les Saoudiens et leurs efforts pour contrôler les marchés mondiaux du pétrole.

« En 2014, lorsque les Saoudiens ont décidé pour la dernière fois de livrer une bataille pour des parts de marché, le prix du (West Texas Intermediate) est passé de 80 $ US le baril à la Thanksgiving américaine à un creux de 28 $ US le baril en 2016 », a souligné l’analyste Robert Catellier, de la Banque CIBC, dans un rapport.

« Cela a entraîné l’annulation de neuf projets de sables bitumineux. »

Lundi, le contrat à terme sur le baril de brut pour livraison en avril a chuté de 10,15 $ US pour s’établir à 31,13 $ US. Il a repris mardi 3,23 $ US pour clôturer à 34,36 $ US.

Les analystes de Tudor Pickering Holt & Co. ont souligné dans une note que la production de pétrole hors sables bitumineux dans l’Ouest canadien avait diminué d’environ 140 000 barils par jour entre la fin de 2015 et l’été 2016, les entreprises ayant cessé de dépenser pour de nouveaux puits.

« Compte tenu de la rhétorique dominante voulant que les barils canadiens ont tendance à se situer dans la partie supérieure de la fourchette des coûts décaissés, en particulier ceux des sables bitumineux, l’intérêt des investisseurs s’est concentré sur le potentiel du Canada à être parmi les premiers à fermer ou à décliner en raison de la baisse rapide des prix du brut », ont-ils affirmé.

La lutte entre les grands producteurs de pétrole est aggravée par les craintes d’une baisse de la demande mondiale attribuable au ralentissement de la croissance économique découlant de l’épidémie du nouveau coronavirus.

La situation du COVID-19 se dissipera probablement au fil du temps, a estimé M. Catellier, mais son existence, combinée à la volatilité de la politique pétrolière saoudienne, ajoute une « incertitude considérable » au marché.

Cenovus a également annoncé mardi une suspension temporaire son programme de livraison de brut par rail et le report de décisions finales sur des investissements pour d’importants projets.

Dans le cadre d’un programme de l’Alberta visant à soulager les réductions de production de pétrole imposées aux entreprises qui ajoutent de la capacité de transport par rail de pétrole brut, Cenovus avait augmenté sa production ces derniers mois.

Cependant, sa production pour l’année en cours devrait maintenant atteindre l’équivalent d’entre 432 000 et 486 000 barils de pétrole par jour, un volume en baisse par rapport à la prévision précédente du producteur, qui visait plutôt l’équivalent d’entre 472 000 et 496 000 barils de pétrole par jour.

Les prévisions de baisses de prix du pétrole avaient déjà entraîné une baisse des dépenses dans le secteur pétrolier avant lundi.

La semaine dernière, Canadian Natural Resources a réduit de 100 millions son budget de dépenses en immobilisations pour 2020, tout en prévenant qu’elle pourrait encore le réduire de 300 millions à 400 millions si les turbulences du marché se poursuivent.