Même si Reitmans a déjà fermé près de 40 % de ses magasins depuis une décennie et abandonné quelques enseignes, le rétrécissement va se poursuivre. De « 25 à 40 » points de vente disparaîtront dans la prochaine année, a confié le président du détaillant à La Presse, tout en levant le voile sur ses autres priorités.

Reitmans est de toute évidence en train de s'adapter aux nouvelles réalités du marché de la consommation au Canada, et cela se voit notamment par la réduction de son nombre de magasins.

Déjà bien entamé, l'exercice n'est pas fini, a confié Jeremy Reitmans, au cours d'un entretien. Quel est le nombre optimal de magasins qu'il devrait exploiter au pays ? 

« Il n'y a pas de réponse à cela, juge-t-il. Quand les magasins ne sont pas profitables, nous les fermons et quand ils sont profitables, nous les gardons. Ça dépend aussi de ce qui se passe dans les quartiers, s'il y a de nouveaux magasins. »

Évidemment, les baux sont aussi au coeur de toutes les décisions, note le dirigeant. Certains viennent à échéance, d'autres, trop chers, doivent être renégociés. Mais ils sont rarement rompus. « Quand on signe un bail, on l'assume. »

Depuis 10 ans, Reitmans a fermé 373 points de vente. Il s'agit d'une baisse de près de 40 %.

Le détaillant montréalais possède aujourd'hui 600 magasins, très précisément. Il en exploitait encore 878 il y a cinq ans à peine.

Le nombre d'enseignes détenues par le groupe a également été réduit à cinq, les noms Cassis, Smart Set et Hyba ne faisant plus partie du paysage.

« Il y a un mouvement général de délaissement des magasins au profit du commerce électronique et on essaie de maximiser les deux canaux », fait valoir Jeremy Reitmans.

Un carré ne rentre pas dans un cercle

La plus récente enseigne abandonnée par Reitmans est Hyba, spécialisée dans les vêtements de sport pour femmes. Les 14 dernières succursales ont toutes été fermées au cours du dernier trimestre clos au début de février.

Cette chaîne créée en 2015 avait pris les locaux de la défunte marque Smart Set, rappelle Jeremy Reitmans. « Le produit était bon. Mais pas les emplacements. Honnêtement, la taille des magasins n'était pas bonne. Des fois, c'était trop petit, des fois, c'était trop grand. »

« On a appris qu'un carré, ça ne rentre pas dans un cercle. Le design non plus n'était pas correct. Ça aurait été beaucoup de travail de tout changer. On a décidé d'en finir. »

Priorités de la prochaine année

En ces temps difficiles pour la vente au détail, qu'est-ce que Jeremy Reitmans souhaite améliorer en priorité dans son entreprise ? « À part le prix de l'action ? », a-t-il lancé, pince-sans-rire.

« On veut faire augmenter les ventes pour réaliser de bonnes marges de profit. C'est la chose la plus importante. » Mais pour cela, note le dirigeant, il faut que la valeur du dollar canadien se maintienne ou même s'apprécie par rapport au billet vert. Car la très grande majorité des achats sont payés en dollars américains. Il espère aussi que la confiance des consommateurs s'améliorera, car ils ont été « réticents à dépenser » dans la dernière année.

Plus concrètement, Reitmans continuera d'investir pour que ses boutiques deviennent de petits entrepôts d'où partiront les commandes faites en ligne. « Ça permet de réduire de deux jours le temps de livraison. [...] C'est bon pour les clients », note le grand patron qui ne pouvait pas dire si cette façon de faire était plus ou moins coûteuse pour l'entreprise. Cette méthode, testée chez RW&CO. l'an dernier, sera déployée dans les prochaines semaines dans les quatre autres enseignes du groupe.

Le détaillant montréalais s'affaire aussi à personnaliser davantage son marketing. « Au lieu d'envoyer un courriel unique à des milliers de personnes, nous voulons envoyer des offres en fonction de ce qu'elles aiment. Nous travaillons là-dessus. J'espère que nous serons prêts cette année. »

Retour en terrain positif

Malgré une fin d'année difficile marquée par une baisse des ventes et une perte nette, Reitmans a terminé son exercice 2019 (le 3 février) en terrain positif. Jeremy Reitmans s'est dit « assez heureux » des résultats du quatrième trimestre et de l'exercice. « Nous avons des ventes de plus de 900 millions. C'est bien dans le détail aujourd'hui. »

Les ventes en ligne ont connu une « vigoureuse croissance », a précisé le détaillant, mais aucun chiffre n'a été fourni.

Hier, le titre a terminé la séance à 3,19 $, en baisse de 1,85 %.

Résultats du 4e trimestre

Ventes :  227 millions (- 14 %)

Ventes comparables :  - 5,3 %

Perte nette :  8,9 millions (comparativement à une perte de 2 millions)

Perte nette par action sur une base diluée :  0,14 $ (perte de 0,03 $)

* Par rapport au même trimestre un an plus tôt

Résultats de l'exercice 2019

Ventes :  923 millions (- 4,3 %)

Ventes comparables :  - 0,6 %

Bénéfice net :  6,8 millions (comparativement à une perte de 16 millions)

Bénéfice par action sur une base diluée :  0,11 $ (perte de 0,25 $)

* Par rapport à l'exercice précédent