SNC-Lavalin a fait son mea culpa auprès de ses actionnaires au terme d'une année décevante en 2018, alors que les hauts dirigeants de la firme d'ingénierie ont vu leur rémunération globale fléchir de 17,6 %.

Les cinq principaux patrons ont vu leurs émoluments s'établir à 14,7 millions l'an dernier, par rapport à 17,8 millions en 2017, constate-t-on dans la circulaire de sollicitation envoyée aux actionnaires en vue de l'assemblée annuelle, prévue le 2 mai à Montréal.

La rémunération totale combine de nombreux éléments, comme le salaire de base, les primes et les contributions aux régimes de retraite.

En outre, le président et chef de la direction, Neil Bruce, le vice-président directeur et chef des affaires financières, Sylvain Girard, et le dirigeant du secteur pétrolier et gazier, Christian Brown, qui a cédé sa place à Craig Muir, n'ont pas touché de prime annuelle l'an dernier en raison des piètres résultats financiers.

L'exercice 2018 a été tumultueux pour SNC-Lavalin, qui, en plus de ses problèmes opérationnels, qui se sont soldés par une perte nette de 1,3 milliard, n'a pu conclure une entente avec les procureurs fédéraux afin d'éviter une poursuite au criminel.

« Les résultats [...] sont nettement inférieurs aux indications et bien en deçà de ce que nous pouvons accomplir en tant qu'entreprise », écrit le président du conseil d'administration, Kevin Lynch, dans son message.

En plus de perspectives plus sombres en Arabie saoudite - l'un de ses principaux marchés - découlant de la détérioration des relations diplomatiques entre Ottawa et Riyad, SNC-Lavalin a été confrontée à des problèmes d'exécution au Chili, ce qui s'est soldé par la perte d'un important contrat avec la société d'État Codelco.

D'autres problèmes

Depuis février, la firme est également au coeur d'une tempête politique à Ottawa, qui ébranle le gouvernement Trudeau, dans la foulée d'allégations voulant que des pressions indues aient été effectuées sur l'ex-procureure générale Jody Wilson-Raybould, de la part du gouvernement, afin de conclure un accord de réparation.

« Il va sans dire [...] que nous sommes extrêmement déçus de la décision de la directrice du Service des poursuites pénales du Canada de ne pas inviter SNC-Lavalin à négocier un accord de réparation en vertu des nouvelles dispositions législatives adoptées par le Parlement en 2018 », fait valoir M. Lynch, qui a également réitéré sa « confiance absolue » à l'endroit de l'équipe de direction.

Celui-ci rappelle au passage qu'un comité, qui poursuit toujours son travail, a été mis sur pied en décembre dernier afin d'évaluer toutes les « avenues possibles » pour « protéger l'avenir » de la compagnie et des « parties prenantes ».

Selon des documents obtenus par La Presse canadienne, SNC-Lavalin aurait averti les procureurs fédéraux, l'automne dernier, qu'elle pourrait se scinder en deux, déménager ses bureaux aux États-Unis et démanteler ses activités canadiennes - qui fournissent du travail à 9000 employés - si elle n'obtenait pas une entente lui permettant de mettre de côté les accusations de fraude et de corruption qui pèsent à son endroit.

L'enquête préliminaire dans ce dossier s'est terminée lundi, au palais de justice de Montréal.

En recul

En 2018, le président et chef de la direction, Neil Bruce, a vu ses émoluments fléchir de 11,5 %, à 5,4 millions. Son salaire de base a été de 1,6 million, en hausse de 2,7 %, alors que ses attributions fondées sur des actions ont totalisé 4 millions.

« Dans l'ensemble, je crois que la rémunération est adéquate », a expliqué le directeur général de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques (IGOPP), Michel Nadeau, au cours d'un entretien téléphonique.

Celui-ci a rappelé que M. Bruce avait une « grosse commande » en ayant à gérer les contrecoups de la crise politique à Ottawa en plus de superviser les activités de la multinationale.

À la Bourse de Toronto, l'action de SNC-Lavalin, qui a perdu près de 30 % de sa valeur depuis la fin du mois de janvier, a clôturé lundi à 34,66 $, en hausse de 20 cents, ou 0,58 %.