Le titre de l'exploitant de la mine de diamant du Nord-du-Québec Stornoway a perdu près de 40 % de sa valeur depuis le dévoilement des résultats financiers du quatrième trimestre, jeudi. Les investisseurs ont réagi à l'admission par la société qu'elle pourrait manquer de liquidités d'ici la fin du prochain exercice financier.

Qui plus est, un vice-président et trois administrateurs d'expérience ont récemment quitté la société dans laquelle le gouvernement du Québec et la Caisse de dépôt avaient déjà dû remettre de l'argent pas plus tard que l'automne dernier. En octobre, Investissement Québec détenait 25,8 % de l'entreprise, tandis que la Caisse possédait 11 % des actions.

« La société reconnaît qu'une pression à la baisse soutenue sur les prix du diamant brut pourrait nuire à sa capacité de générer des flux de trésorerie disponibles positifs en 2019 et elle prend en considération toutes les occasions qui se présentent à elle en vue de préserver ses liquidités », a écrit la société dans son communiqué annonçant ses résultats.

Les investisseurs ont sévèrement puni l'entreprise. Le titre se vendait à 0,18 $ à l'ouverture de la séance jeudi. Il a terminé la séance d'hier à 0,10 $, une baisse de 39 % en deux jours.

Pour l'analyste Scott Macdonald de Scotiabank, la cause est entendue. Stornoway va manquer d'argent au troisième trimestre 2019, à moins d'une remontée des prix des diamants plus forte que prévu. Il prévoit que la société devra contracter une nouvelle dette de 100 millions. La situation aura probablement un effet dilutif sur les actionnaires actuels, selon lui. Il réduit son prix cible à 0,10 $ et abaisse sa recommandation à « titre sous-performant ». L'analyste souligne tout de même que la performance opérationnelle de la mine paraît s'améliorer.

Du côté de TD, on n'a pas aimé les résultats au quatrième trimestre. À 74,90 $, les charges d'exploitation décaissées par carat récupéré ont été plus élevées que ne le prévoyait l'analyste Steven Green (65 $ par carat). Lui non plus n'exclut pas que la minière soit obligée d'aller chercher de l'argent sur les marchés en 2019. Il propose de conserver le titre, qu'il qualifie de spéculatif.

Ed Sterck, de BMO, paraît moins ébranlé et garde espoir que l'entreprise ne manquera pas d'argent d'ici 2020.

Stornoway exploite la mine de diamant Renard, à 250 km au nord de Chibougamau. Elle emploie 306 personnes. Elle a perdu 329 millions en 2018.

Changements chez les dirigeants

Par ailleurs, Stornoway a annoncé la démission de Ian Holl à titre de vice-président, Traitement de minerai. En téléconférence, la direction a précisé que le poste de M. Holl ne serait pas pourvu pour le moment.

Trois administrateurs de longue date ne se représenteront pas pour un nouveau mandat à l'assemblée des actionnaires du 14 mai. Il s'agit de Peter B. Nixon, Eberhart Scherkus, ancien président d'Agnico Eagle, et de John LeBoutillier, ancien patron de l'Iron Ore. MM. LeBoutillier et Scherkus siégeaient au C.A. de Stornoway depuis 2011. M. Nixon y était depuis 2003. Ils seront remplacés par Michele S. Darling, Hubert T. Lacroix et Angelina Mehta.

Le président et chef de la direction Matt Manson a quitté son poste chez Stornoway le 1er janvier dernier et a été remplacé par Patrick Godin.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

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