Le président de Transat A. T. a écarté jeudi la possibilité de vendre la ligne aérienne qu'il avait cofondée il y a 33 ans, le voyagiste faisant face à des coûts plus élevés et à une concurrence croissante de la part de ses rivales canadiennes.

« Je sais que ce n'est pas pour moi », a affirmé Jean-Marc Eustache lors d'une conférence téléphonique, en réponse à la question d'un analyste. « Vous avez besoin de la ligne aérienne pour amener les clients à l'hôtellerie, en particulier au début. »

Le transporteur aérien de la société, Air Transat, se dispute les voyageurs intéressés par les destinations soleil avec Air Canada, WestJet Airlines et, depuis juin, la filiale à très bas prix de WestJet, qui offre des vols vers les destinations chaudes du Mexique et de Montego Bay, en Jamaïque.

L'analyste Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, a estimé que Transat était confrontée à de « faibles perspectives » pour le deuxième trimestre.

La société a augmenté sa capacité en sièges de 2 % par rapport à il y a un an, mais l'industrie de la destination soleil a vu sa capacité augmenter de 10 % dans l'ensemble, a souligné M. Poirier.

L'action de Transat a perdu jeudi 50 cents, soit 9,4 %, pour clôturer à 4,85 $ à la Bourse de Toronto. Elle a reculé, plus tôt dans la séance, jusqu'à 4,52 $, ce qui était son plus bas niveau des 52 dernières semaines.

Transat a enregistré une perte de 49,6 millions au plus récent trimestre, comparativement à celle de 3,2 millions réalisée pour la même période un an plus tôt.

La société a indiqué avoir été pénalisée par la hausse des coûts d'exploitation due à la baisse du dollar canadien par rapport au dollar américain, à la hausse des prix du carburant et aux coûts supplémentaires liés à la transition et à l'optimisation de sa flotte.

Transat se concentre davantage, ces derniers temps, sur la création d'un réseau d'hôtels sur les plages des destinations soleil, dans l'espoir que cela permette de mieux la positionner face à la concurrence accrue de ses rivales canadiennes.

Transat a pour objectif de détenir ou de gérer 5000 chambres au Mexique et dans les Caraïbes d'ici 2024, dans le but de tenir tête à Air Canada Rouge, Vacances WestJet et Sunwing Airlines.

En octobre 2017, la société montréalaise a vendu sa participation de 35 % dans sa coentreprise Ocean Hotels pour 186 millions. Puis, l'année dernière, elle a finalisé l'acquisition d'un terrain dans le village de Puerto Morelos, à moins de 40 kilomètres de Cancún, dans la péninsule du Yucatan, au Mexique, où elle envisage de construire une station balnéaire.

L'hôtel, qui comptera entre 600 et 900 chambres, devrait être opérationnel d'ici novembre 2020. Sa construction débutera en juin, a précisé M. Eustache lors de la conférence téléphonique avec les analystes.

La perte par action du trimestre clos le 31 janvier s'est élevée à 1,32 $, comparativement à une perte de 9 cents par action un an plus tôt, alors que ses résultats profitaient de la vente de sa filiale Jonview.

Le chiffre d'affaires du premier trimestre de la société s'est élevé à 647,6 millions, en baisse par rapport à celui de 648,4 millions de l'an dernier.

Sur une base ajustée, Transat a perdu 36 millions, ou 96 cents par action, au plus récent trimestre, en regard d'une perte ajustée de 32,2 millions, ou 87 cents par action, un an plus tôt.

Les analystes tablaient en moyenne sur une perte de 78 cents par action et un chiffre d'affaires de 760,7 millions, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters Eikon.