(New York) « Nous ne sommes pas les Adam Neumann de ce monde » clament 150 employés de l’entreprise de « co-working » WeWork, en plein sauvetage par son actionnaire japonais SoftBank Group, dans une lettre adressée à leurs dirigeants mardi et obtenue par l’AFP vendredi.

Le syndicat nouvellement créé — la WeWorkers Coalition — fait référence à l’extravagant patron déchu de WeWork, Adam Neumann, connu pour ses dépenses luxueuses et diverses frasques qui ont fini par lasser les milieux d’affaires et de nombreux employés.

WeWork, qui devait entrer en Bourse cet automne, s’est en fait retrouvée au bord de la faillite et a prévu de supprimer des milliers d’emplois.

La lettre demande des conditions « justes et raisonnables » pour les personnes remerciées, et que ceux qui restent puissent « avoir leur mot à dire dans les décisions futures ». « Nous avons vu ce qui se passe quand les dirigeants prennent des décisions tandis que les employés n’ont pas de voix », écrivent les employés.

« Nous sommes une main-d’œuvre diverse, avec des loyers à payer, des familles à soutenir et des enfants à élever », se définissent les signataires.

Ils réclament plus de transparence, des dirigeants qui prennent leurs responsabilités, et la fin des « procédures d’arbitrage qui retirent aux employés leurs droits à mener des actions en justice contre l’entreprise ».

Ils évoquent aussi des accusations de harcèlement sexuel au sein de la société, qui « doivent être prises au sérieux ».

WeWork gère plus de 500 sites répartis dans une trentaine de pays, et emploie 12 500 salariés.

M. « Neumann est parti avec des indemnités d’1,7 milliard de dollars y compris 46 millions de “frais de consultation” (plus que les rémunérations totales de tous les dirigeants d’entreprises cotées, sauf neuf, au États-Unis en 2018) », rappelle la lettre, publiée vendredi par le quotidien américain New York Times.

Le plan de SoftBank implique le départ définitif des instances dirigeantes de l’ancien PDG, qui ne conservera plus qu’une petite participation au capital et un titre symbolique d’observateur.

« Nous ne voulons pas être définis par les scandales, la corruption et la cupidité qui sont apparus au plus haut niveau de l’entreprise », ajoutent les signataires.

« Nous avons reçu une réponse des gestionnaires jeudi soir, mais qui ne manifestait pas une volonté de nous rencontrer », précise le syndicat à l’AFP.

La société avait pour 2,5 milliards de dollars de trésorerie au 30 juin mais les coûts de construction et d’autres dépenses ont aspiré cet argent, selon des sources bancaires.

Les interrogations se sont en outre multipliées sur sa capacité à gagner de l’argent et à faire face au ralentissement économique mondial, l’immobilier étant souvent l’un des premiers secteurs touchés.