Une demande d’autorisation d’exercer une action collective contre Groupon a été déposée hier par un salon d’esthétique à qui la plateforme d’achats groupés devrait près de 11 500 $. Sa propriétaire affirme avoir honoré 102 coupons ces derniers mois, mais ne jamais avoir été payée par Groupon, qui a cessé ses activités au Québec sans la prévenir.

La demande a été déposée en fin d’après-midi au palais de justice par le cabinet d’avocats montréalais Calex Légal.

Quelques heures plus tôt, La Presse avait raconté l’histoire d’entreprises incapables de récupérer leur dû auprès de Groupon depuis des mois. Et qui n’arrivent même pas à joindre quelqu’un par téléphone ou par courriel, pour régler le problème ou faire retirer leur offre encore affichée en ligne.

La propriétaire de l’institut de beauté Davélo, Éloïse Lafrenière, précise dans sa demande que son offre a été vendue 154 fois depuis février sur le site de Groupon et que 102 coupons ont été utilisés par des clients. Son contrat prévoit qu’elle doit être payée « dans les 3 à 10 jours » suivants.

« Or, les défenderesses ont, abusivement et illégalement, conservé toutes les sommes qu’elles ont perçues auprès des clients, et ce, en contravention directe des ententes conclues avec la demanderesse. » — Extrait du document judiciaire

Ses nombreux courriels pour recouvrer son dû n’ont rien donné, ajoute-t-on.

La femme d’affaires a décidé de ne plus honorer les coupons, ce qui « équivaudrait à prodiguer ces services essentiellement gratuitement ». Mais voilà que les clients « placent le blâme sur la demanderesse » et disent « s’être fait avoir ».

Jusqu’ici, l’Office de la protection du consommateur dit avoir reçu une seule plainte « qui semble avoir un lien avec cette nouvelle », indique son porte-parole Charles Tanguay. Le consommateur se serait fait refuser un service acheté par l’intermédiaire de Groupon, le commerçant invoquant la fin des activités du site.

La réponse de Groupon

L’américaine Groupon a fermé ses bureaux du Québec en mars, selon l’avis de licenciement collectif transmis au ministère du Travail. Celui-ci précise que 13 personnes travaillant au 80, rue Queen, dans le Vieux-Montréal, ont perdu leur emploi le 21 mars. Le motif du licenciement est une « fermeture d’entreprise ».

Il n’a pas été possible de savoir si l’existence de la version québécoise du site était menacée et si les consommateurs couraient un risque en achetant des coupons.

Mais dans un courriel qui nous a été transmis en début de soirée hier, le vice-président aux communications, Bill Roberts, affirme que « Groupon Canada n’a pas été dissoute », que les consommateurs peuvent encore faire des achats sur groupon.ca et que « les paiements aux marchands n’ont pas été touchés par la fermeture [du bureau montréalais] ». Il ajoute que l’entreprise est encore joignable par courriel.

Divers cas de figure

La Presse a joint depuis mercredi une dizaine d’entreprises de la région de Montréal qui affichent actuellement une offre sur le site de Groupon. Assez curieusement, il n’y a pas d’unanimité.

Certaines ont affirmé avoir reçu un message de Groupon en avril leur annonçant la « fin de l’expansion [des] opérations au Québec » alors que d’autres ne l’avaient pas eu. Et tandis que des PME attendent impatiemment des milliers de dollars, d’autres affirment que tout va bien.

« Je sais qu’on ne peut plus parler à personne, mais si je leur envoie un message, ils me répondent en une heure. » — Robert Sabounjian de Québecair-Plus

Du côté d’Élévation Trampoline, on jure avoir été payé pas plus tard que le 3 juin.

De son côté, Yanik Guillemette dit entendre toutes sortes de choses au sujet de Groupon depuis quatre mois. « Nos clients sont touchés. […] Je trouve que ça manque énormément de classe. […] C’est indigne d’une entreprise publique comme Groupon. Normalement, tu émets un communiqué de presse pour mettre les pendules à l’heure », dit celui qui a fondé la boutique en ligne Outgo.

Devant cette situation « déplorable » qui touche des dizaines de petites entreprises locales qu’il dessert lui aussi, il a décidé de publier un communiqué pour qu’il soit enfin clair pour tout le monde que Groupon est fermée au Québec, explique l’homme d’affaires.