Uni-Sélect a procédé à une série de changements en écartant son président et chef de la direction, Henry Buckley, en plus d'abaisser ses prévisions et de former un comité pour étudier ses options stratégiques - ce qui ouvre la porte à une vente de la compagnie.

André Courville, qui présidait le conseil d'administration, quittera cette fonction afin de prendre les commandes, de façon intérimaire, du distributeur de pièces automobiles fondé en 1968 par 12 hommes d'affaires québécois.

«Nous remercions M. Buckley pour ses années de service et sa loyauté envers Uni-Sélect et lui souhaitons bonne chance dans ses projets futurs», s'est limité à dire le dirigeant intérimaire, mardi, par voie de communiqué.

Michelle Cormier, qui était administratrice, deviendra présidente du conseil.

En vertu de son contrat avec Uni-Sélect, M. Buckley a droit à une prime de départ équivalant à 18 mois de sa rémunération globale. En date du 31 décembre dernier, cette somme était estimée à 3,9 millions $.

Malgré ce départ inattendu du grand patron, qui était en poste depuis août 2015, et les autres changements annoncés, l'action de la société établie à Boucherville n'a retraité que de 29 cents, ou 1,37 %, pour clôturer à 20,81 $ à la Bourse de Toronto.

Uni-Sélect a également fait le ménage au sein de FinishMaster, sa division de distribution de peinture aux États-Unis, en nommant Chris Adams aux commandes en remplacement de Steven Arndt, qui comptait 25 ans de service.

«La gestion a été erratique et (la performance) a été inférieure aux attentes au cours de la dernière année et rien ne semble indiquer que cela va changer à court terme», a estimé Steve Arthur, de RBC marchés des capitaux, dans une note envoyée par courriel.

Un démantèlement?

Toutefois, l'analyste a noté que l'étude d'options stratégiques, qui se fera notamment avec le soutien de la banque américaine J.P. Morgan et du cabinet d'avocat Fasken, pourrait générer de la valeur pour les actionnaires.

Aucun échéancier n'a été fourni par Uni-Sélect, mais M. Arthur croit que l'entreprise pourrait par exemple envisager une vente de la totalité de la compagnie, de certaines parties, comme FinishMaster, ou une importante restructuration.

«Il pourrait être intéressant de déployer le produit de la vente de FinishMaster (qui pourrait potentiellement être vendue pour environ 1,1 milliard $ selon nos estimations) vers les deux autres segments de l'entreprise», a estimé Elizabeth Johnston, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

Pour sa part, Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux, croit qu'une révision stratégique pourrait débloquer la «véritable valeur intrinsèque d'Uni-Sélect». L'analyste, dont le cours cible est à 32 $, a rappelé dans sa note que l'action de l'entreprise s'échangeait à un multiple de 8,2 fois le bénéfice d'exploitation pendant la dernière année, ce qui est inférieur à la moyenne de ses rivaux américains.

Cibles révisées

Pour l'exercice 2018, Uni-Sélect prévoit une croissance interne des ventes qui devrait osciller entre 0,08 % et 2,6 %, alors que la fourchette précédente - fournie il y a environ un mois - était de 2,25 % à 4 %. La compagnie a abaissé ses attentes dans tous ses secteurs d'activités.

Sa marge bénéficiaire devrait varier de 6,75 % à 7,25 %, comparativement à la prévision précédente de 7,2 % à 8,2 %.

Au deuxième trimestre clos le 30 juin, Uni-Sélect avait affiché un bénéfice net de 17,9 millions $ US, ou 42 cents US par action, en hausse de 30 % sur un an, alors que ses ventes avaient été de 461,6 millions $ US, en progression de 35,6 %.

Toutefois, la quasi-totalité de la hausse du chiffre d'affaires était attribuable aux acquisitions, dont celle de Parts Alliance, au Royaume-Uni, qui a été conclue à l'été 2017.

Selon les données de Thomson Reuters, Jarislowsky Fraser est le plus important actionnaire d'Uni-Sélect, avec une participation d'environ 7,2 %. De son côté, la Caisse de dépôt et placement du Québec détient environ 760 000 actions, soit environ 1,8 % des titres en circulation.