L'imprimerie FL Web, de Saint-Germain-de-Grantham, a investi 11 millions de dollars dans l'acquisition d'une presse rotative à haute performance Goss Sunday 3000/48 pages. Dans un contexte économique perturbé, l'appareil, acheté d'occasion, lui permettra d'élargir son marché en Ontario et aux États-Unis.

La débrouillardise du président de l'entreprise, François Chicoine, lui permet d'économiser plus de 20 millions - un équipement neuf similaire aurait coûté jusqu'à 35 millions, estime-t-il.

La presse date de 2006 et a été acquise en Australie. Elle a été livrée dans 27 conteneurs de 40 pi et 5 conteneurs de 60 pi, puis assemblée dans l'usine de la région de Drummondville, agrandie pour l'occasion. 

Le bâtiment est passé de 3700 à 7400 m2, notamment pour entreposer le papier qui va nourrir la bête. À plein régime, le mastodonte peut avaler l'équivalent de 10 semi-remorques de papier par jour. L'imposant appareil, haut de deux étages, s'allonge sur 56 m. Il peut imprimer quotidiennement jusqu'à 4,3 millions de pages, triplant ainsi la capacité de production de FL Web.

AVANTAGE CONCURRENTIEL

C'est l'énorme plieuse, haute de 12 m, à la sortie de l'appareil, qui lui procure son principal avantage concurrentiel. Avec cette configuration unique, FL Web est le premier et seul imprimeur canadien en mesure d'imprimer, plier et coller 48 pages format magazine.

« Je peux tout faire ce que font mes compétiteurs, et je peux faire un paquet de formats qu'ils ne peuvent pas faire. » - François Chicoine

Le président de l'entreprise de plus de 60 employés entend s'attaquer au marché américain, où le papier journal canadien est grevé de droits antidumping de 22 % imposés par le gouvernement Trump. « Si on imprime le papier ici, il n'y a pas de taxe ! », fait-il valoir.

Il prévoit créer une quarantaine d'emplois et doubler son chiffre d'affaires d'ici deux ans. « Ça va mieux que je le pensais, indique-t-il déjà. Mon premier gros client vient de l'Ontario, et il y en a un autre qu'on travaille aux États-Unis. »

DOUÉ POUR LA MÉCANIQUE

Le président bichonne lui-même la nouvelle machine. « C'est moi qui ai décidé où je la mettais, comment je l'installais. J'ai changé le plieur de côté, et c'est moi qui ai fait l'ingénierie des marchepieds, des rampes, des escaliers. »

Doué pour la mécanique, l'homme était agriculteur quand il a acheté sa première presse d'occasion, en 1985. Écrasé par les taux d'intérêt stratosphériques de l'époque, il cherchait alors à arrondir ses revenus et il avait offert à ses fournisseurs de semences et d'engrais d'imprimer leurs étiquettes et factures. « J'ai commencé dans une chambre de ma maison avec une petite presse. »

Deux ans et demi plus tard, il installait l'imprimerie FL Chicoine à Saint-Germain-de-Grantham.

« J'avais acheté un ancien entrepôt de fruits et légumes. J'ai fait un appartement à un bout - parce que j'ai cinq enfants - et de l'autre côté, j'avais l'imprimerie. » - François Chicoine

Peu à peu, il a agrandi son parc de presses, achetées le plus souvent d'occasion. En 2001, il a acheté une première presse rotative pour fonder sa division FL Web.

Ses cinq enfants travaillent avec lui. « Il y a aussi deux neveux, un beau-frère, deux brus, un gendre, plus ma femme  [Line Chamberland] et moi », énumère-t-il.

C'est grâce à cet esprit de famille « que j'ai parti une imprimerie sans avoir de clients en 2001, et qu'aujourd'hui je grossis », indique-t-il. « Le produit qu'on livre, il y a tout le temps quelqu'un de la famille qui le voit passer. »

Photo fournie par FL Web

La nouvelle presse rotative à haute performance Goss Sunday 3000/48 pages de l'imprimerie FL Web, à Saint-Germain-de-Grantham