Walmart Canada a choisi d'utiliser la sémantique pour se défendre d'avoir « congédié » les employés souffrant d'un handicap intellectuel ou d'un trouble du spectre de l'autisme, même si le géant du commerce de détail leur a bel et bien montré la porte.

Dans un courriel envoyé vendredi à La Presse canadienne, la porte-parole de Walmart Canada, Anika Malik affirme qu'« il est important de comprendre que Walmart ne congédie pas d'employés. »

« Ces personnes, poursuit-elle, ont participé à un programme volontaire coordonné par des agences locales qui se sont associées à nos magasins pour offrir un environnement dans lequel ils pourraient s'impliquer. »

Mme Malik ajoute que son entreprise a, après analyse, « dû prendre la difficile décision de mettre fin à [son] partenariat au programme de formation professionnelle ».

Le courriel précise que Walmart prévoit « mettre fin graduellement à ce programme au cours des prochaines semaines » afin de permettre aux personnes touchées « de planifier la transition et de trouver des mesures alternatives », tout en souhaitant « la meilleure des chances aux participants » et en les remerciant « pour leur temps avec nous ».

L'entreprise dit avoir révisé son programme de formation professionnelle en tenant compte « des changements à la législation », des « propres politiques » de Walmart afin de s'« assurer de travailler de façon efficace et pertinente ».

La porte-parole ajoute que le détaillant est « heureux [...] d'avoir permis aux participants du programme d'acquérir de nouvelles connaissances en plus de leur donner l'occasion de se développer ».

Walmart n'a pas voulu confirmer le nombre de succursales où ce programme était en vigueur et n'a pas non plus précisé le nombre total de ces travailleurs qu'elle n'a « pas congédiés », mais qui n'ont plus d'emploi pour autant.

Certaines de ces personnes travaillaient chez Walmart depuis près d'une vingtaine d'années.

Vague d'indignation

La nouvelle, qui a d'abord fait la manchette en Mauricie lorsque le Centre intégré universitaire de santé et des services sociaux Mauricie-Centre-du-Québec (CIUSSS-MCQ) a alerté les médias des pertes d'emploi, a soulevé une vague d'indignation de la part des travailleurs eux-mêmes, ainsi que de nombreux organismes impliqués dans la réinsertion sociale de personnes handicapées.

En fin de journée, vendredi, le gouvernement québécois a déploré la décision du détaillant.

Pas moins de trois ministres, Gaétan Barrette (Santé et Services sociaux), Lucie Charlebois (Réadaptation, à la Protection de la jeunesse, à la Santé publique et aux Saines habitudes de vie) et François Blais (Emploi et de la Solidarité sociale), sont montés aux barricades pour dénoncer Walmart.

Selon eux, cette décision « est à l'opposé des actions [du] gouvernement ». Ils ont rappelé qu'il s'agit « d'une responsabilité collective que de faire le plus grand nombre d'actions afin de faciliter l'intégration au travail des personnes handicapées au Québec ».

Des vedettes du petit écran ont également manifesté leur colère sur les réseaux sociaux.

Certaines répliques, toutefois, ont plutôt salué le fait que Walmart ait participé à ce programme durant de nombreuses années et ont plutôt pointé du doigt les entreprises qui n'ont jamais daigné fournir leur part en matière de réinsertion.