Airbus, visé par des enquêtes dans des affaires de corruption, redoute l'«impact substantiel» que pourrait avoir sur ses résultats une condamnation à payer des amendes, a indiqué le groupe mardi malgré de bonnes performances au troisième trimestre.

Le constructeur européen Airbus est sous le coup d'investigations pour des irrégularités sur des transactions, des faits qu'il a lui-même dénoncés en 2016 auprès des autorités judiciaires britanniques et françaises pour mettre le groupe à l'abri d'éventuelles poursuites, notamment américaines, grâce aux dispositions contenues dans les lois britannique (UK Bribery Act) et française (loi Sapin II).

Le groupe est visé par deux autres enquêtes en Autriche et en Allemagne autour de la vente d'avions de combat de type Eurofighter à Vienne.

«La condamnation potentielle au paiement d'amendes (et des sommes correspondantes) ou de toute autre sanction découlant des enquêtes du SFO (Serious Fraud Office, en Grande-Bretagne, NDLR) et du PNF (Parquet national financier, en France, NDLR) dépendra des conclusions factuelles et juridiques finales, et pourrait avoir un impact substantiel sur les résultats financiers, commerciaux et opérationnels d'Airbus», a précisé le groupe lors de la publication de ses résultats trimestriels.

L'avionneur a précisé ne pas être en mesure d'estimer «la probabilité et l'étendue» des conséquences de ces affaires.

Le constructeur européen a par ailleurs indiqué avoir découvert «certaines inexactitudes dans les déclarations faites au Département d'État américain au titre de la Partie 130 de la réglementation américaine sur la commercialisation d'armes (ITAR)».

Ces constatations ont été «transmises aux autorités américaines compétentes, avec lesquelles Airbus coopère pleinement», a-t-il précisé, ajoutant qu'il était prématuré d'en mesurer les conséquences financières ou autres.

Sur le plan des résultats, le groupe a annoncé un bénéfice net trimestriel multiplié par sept par rapport à l'été 2016 grâce à un effet de change favorable, mais le bénéfice net n'a progressé que de 2% sur neuf mois à 1,85 milliard d'euros.

La branche avion commerciale du groupe reste pénalisée par les retards de livraison des moteurs PW1000G de Pratt and Whitney destinés à l'A320neo, la version remotorisée et moins gourmande en carburant de son moyen-courrier vedette.

«Des progrès significatifs ont été réalisés sur des solutions aux problèmes techniques», a expliqué Harald Wilhelm, directeur financier du groupe, au cours d'une conférence de presse téléphonique ajoutant que les moteurs modifiés seront montés sur les avions au premier trimestre 2018, après avoir été testés.

En raison de cette situation, le nombre de livraisons d'A320neo devrait «désormais être légèrement en deçà» de l'objectif de 200 que le groupe s'était fixé pour 2017.

L'A320neo est aussi proposé avec une motorisation Leap-1A de CFM International - la coentreprise du français Safran et de l'Américain General Electric (GE).

Le nombre total de livraisons d'avions devrait être «légèrement en dessous de 720», un chiffre en ligne avec les prévisions de plus de 700 appareils, a-t-il précisé.

«Défis complexes» pour l'A400M

Concernant l'avion de transport militaire européen A400M dont le programme a connu d'importants surcoûts et retards, ainsi que des problèmes techniques, il reste soumis à d'importants défis, selon l'avionneur.

«La réalisation des capacités techniques contractuelles et les coûts associés demeurent des défis extrêmement complexes. Il en est de même pour la sécurisation de commandes suffisantes à l'export, la réduction des coûts, l'efficience industrielle et le risque commercial», a-t-il précisé dans son communiqué de résultats.

Douze A400M ont été livrés au cours des neuf premiers mois de l'année, contre onze durant la même période en 2016.

«Les niveaux de production ont été ajustés pour absorber les stocks», a précisé le groupe, ajoutant que l'ensemble de ces «défis pourraient avoir un impact significatif sur le programme».

Le constructeur précise que des discussions sont en cours avec les pays clients (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Luxembourg, Royaume-Uni et Turquie) et l'OCCAR, une organisation européenne intergouvernementale qui gère des programmes d'équipements militaires, «pour lever les risques sur le programme A400M».