Air Canada se dit prête à affronter de nouveaux transporteurs à rabais au pays mais s'oppose à l'empressement d'Ottawa à changer les règles en place afin d'accélérer l'arrivée de deux rivaux potentiels.

Son président et chef de la direction, Calin Rovinescu, s'est dit prêt lundi à « prendre les moyens nécessaires » pour s'assurer que le transporteur aérien établi à Montréal demeure concurrentiel tout en y allant d'une critique à l'endroit du gouvernement Trudeau.

« Nous n'apprécions pas vraiment que les règles ne soient pas les mêmes pour tous en ce qui a trait aux exemptions », a-t-il dit au cours d'une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du troisième trimestre, où Air Canada a largement dépassé les attentes en affichant une croissance marquée de ses profits et revenus.

« S'il y a des changements réglementaires, nous nous attendons à ce que tous puissent en profiter de la même façon », a ajouté M. Rovinescu.

Celui-ci faisait référence à l'annonce effectuée la semaine dernière par le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, qui prévoit que les sociétés internationales pourront bientôt posséder 49 % des intérêts d'une compagnie aérienne au Canada, alors que ce plafond est fixé actuellement à 25 %.

En attendant l'adoption d'une nouvelle loi au Parlement, les compagnies Canada Jetlines et Enerjet pourront immédiatement se prévaloir de ces nouveaux critères en matière de propriété étrangère.

Le président et chef de la direction de Canada Jetlines, Jim Scott, a déjà estimé que ces changements permettront à la compagnie de Vancouver de lancer son service l'été prochain. L'entreprise prévoit investir ce marché avec, d'abord, deux appareils loués, pour bâtir par la suite, en huit ans, une flotte de 40 avions - le transporteur envisagera alors l'acquisition d'appareils de la CSeries de Bombardier.

Dans plusieurs marchés, Air Canada rivalise déjà avec des transporteurs à rabais, alors qu'au Canada, ses principaux concurrents sont WestJet, Transat AT ainsi que Sunwing, notamment.

M. Rovinescu n'a pas fermé la porte à la possibilité d'élargir l'étendue du service du transporteur à rabais Air Canada Rouge, notamment au Canada, ce qui pourrait permettre à la société de réduire ses coûts.

La direction d'Air Canada dit étudier les changements proposés la semaine dernière par le gouvernement Trudeau, mais tout comme WestJet, elle désire voir les autorités fédérales donner un coup de pouce à l'industrie aérienne en réduisant entre autres les frais aéroportuaires.

M. Rovinescu n'est pas contre la privatisation des aéroports canadiens, à condition que les transporteurs aériens puissent réaliser des économies dans le but de les refiler aux consommateurs.

« Nous sommes beaucoup plus concurrentiels que dans le passé, a-t-il dit. Advenant des changements aux règles, nous croyons pouvoir le demeurer. »

Au troisième trimestre terminé le 30 septembre, Air Canada a engrangé un bénéfice net de 768 millions de dollars, ou 2,74 $ par action, comparativement à 437 millions, ou 1,48 $ par action, à la même période en 2015.

Cette performance s'est reflétée sur l'action de l'entreprise, qui, à la Bourse de Toronto, a terminé la journée à 12,83 $, en hausse de 89 cents, ou 7,45 %.

En excluant les éléments non récurrents, le transporteur aérien a affiché un bénéfice de 821 millions, ou 2,93 $ par action, en hausse de 11,8 %, alors que ses revenus ont grimpé de 10,7 % pour s'établir à 4,45 milliards de dollars.

« Nous avons été en mesure d'afficher ces résultats en dépit d'une économie mondiale morose », a souligné M. Rovinescu.

Les analystes sondés par Thomson Reuters tablaient sur un profit ajusté par action de 2,55 $ ainsi qu'un chiffre d'affaires de 4,29 milliards.

Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux, a souligné, dans une note, que la croissance des revenus était essentiellement attribuable à l'expansion du réseau d'Air Canada à l'international.

« L'élément à retenir est l'augmentation significative de 20,9 % de la capacité, même si cela n'était pas inattendu », écrit l'analyste.